Hier soir, en lisant un roman je tombe sur cette phrase :

Bruno Kerim avait une poignée de main merveilleusement chaleureuse et sèche, celle d’un Occidental aux doigts actifs. Rien à voir avec la poignée de main en peau de banane des Orientaux, qui vous donne envie de vous essuyer la main au revers de votre veston.

Plus loin, je trouve cette remarque au sujet de la Turquie :

[…] dans ce pays de petits hommes fuyants et chétifs.

Qui est l’auteur de ces phrases assassines ? Est-ce Houellebecq ? Il est capable de telles tirades provocantes. C’est son fond de commerce, c’est comme ça qu’il scandalise, qu’il attire le public, après il peut distiller ses vraies réflexions.

Mais non, ce n’est pas Houellebecq, c’est Ian Fleming, dans un des plus fameux James Bond, Bons baisers de Russie. En 1957, Fleming se lâche sans même s’en rendre compte. Il est l’héritier de l’empire colonial britannique, comme Hergé est celui de l’empire Belge. Ils sont racistes par naïveté.

Aujourd’hui, j’ai le recul pour juger Fleming de raciste, je peux le condamner avec mépris. Dans cinquante ans, nous aurons le recul pour nous juger avec le même mépris. Quelles sont les horreurs que nous lâchons par naïveté ? Nous disons par exemple que la démocratie représentative est le meilleur des systèmes. De tels propos paraîtront sans doute alors monstrueux.