Je voudrais répondre aux réactions suscitées par mon billet de hier, notamment à celle de José.

Quand je demande « qui réussit dans la blogosphère » c’est en regard du vedettariat. Sans locomotive, il ne se crée pas de vocations. Il faut des livres merdiques qui se vendent beaucoup pour qu’à côté des auteurs travaillent à des chefs-d’œuvre qui seront souvent peu lus.

Je crois que si certains blogueurs ne réussissent pas à crever l’écran, il n’y aura pas de nouvelles vocations. Les gens iront ailleurs, attirés vers d’autres lumières. Bloguer demande de l’énergie, il faut alimenter cette énergie par un espoir.

José a proposé une définition de l’art du blog :

Mais tenir un blog, je crois que ce n’est pas cela. C’est même l’inverse de cela. C’est d’abord une démarche d’expression personnelle, responsable et « hors circuit » : hors-circuit des mondes de l’édition, de l’économie ou de l’argent, de celui des médias de masse et des réseaux de mondanités qui leur sont consubstantiels. Tenir un blog, c’est privilégier une liberté de parole et une liberté tout court que pas grand-chose, à part soi-même, ne limite.

Pacco
Pacco

Je consacre plusieurs heures chaque jour à ce blog. L’exercice demande du temps. Dans notre société, le temps est de l’argent. J’ai de la chance d’en gagner par ailleurs mais je suppose que d’autres auteurs ont moins de chance et moins l’occasion d’exprimer leur talent. L’argent entrera que nous le voulions ou non dans les blogs. Il y est déjà entré d’ailleurs.

Pour moi, mon blog a un enjeu, au moins littéraire, éventuellement politique. Il s’inscrit dans la suite de mes carnets de route, il fait partie d’un travail entrepris il y a longtemps. C’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai édité une version papier.

Mon blog n’est pas un passe-temps. J’espère qu’il peut avoir de l’influence… ne serait-ce qu’en faisant passer quelques idées à quelques lecteurs qui eux-mêmes à leur tour les propageront.

Notes

  1. Le blog n’est qu’une forme possible d’expression personnelle. Même si le blog mourait, l’expression personnelle existerait encore. Blog n’égale pas expression personnelle. Ce n’est pas qu’une thérapie.
  2. Pour que certains blogs apparaissent a posteriori comme intéressants, il faut que plus tard cette forme reste d’actualité. Si on repêche des livres oubliés a posteriori, c’est parce que le monde des livres est toujours vivant.
  3. Je me préoccupe de l’avenir d’une forme que je pratique aujourd’hui. Je crois que c’est naturel. Je n’ai jamais dit que cette forme était morte (sinon dans le titre et pour me contredire) mais que ce n’était qu’une forme possible et qu’il fallait l’irriguer pour qu’elle ne meure pas.
  4. J’ai vu le jeu de rôle mourir (il était aussi de l’expression personnelle), je ne veux pas que l’art du blog meure de la même manière.
  5. Je n’éprouve aucune rancœur, en tout cas je ne crois pas. Bien sûr je voudrais être plus écouté, plus lu, plus influent… pour que les choses changent plus vite mais j’apprends la patience. Ce n’est pas facile mais je n’ai pas d’autres choix.
  6. Je suis persuadé qu’il faut des vedettes dans la blogosphère, des vedettes hors du microcosme sinon le monde ne sera pas influencé par ce qui s’y passe.
  7. Endosser le titre de vedette ne me gêne pas. J’ai pris mon bâton de pèlerin en écrivant Le peuple des connecteurs et j’essaierai de ne pas l’abandonner.
  8. Mais je ne suis pas le mieux placé pour être une vedette au sens où je l’entends car ma forme n’est sans doute pas assez grand public.
  9. Qu’un blog BD attire des millions de lecteurs, c’est bon pour tous les blogs. Ça ouvre des possibilités. Il y a des potentialités comme quand on se promène dans une grande ville et risque à tout moment de tomber sur un lieu inattendu.
  10. Si demain tous les blogueurs deviennent anonymes avec une poignée de lecteurs, je ne donne pas cher des blogs.
  11. Nous avons aujourd’hui des lecteurs parce que ces lecteurs ont compris que sur les blogs il se passait quelque chose (de politique, de ludique, d’esthétique…). De ce fait, si des choses se passent, il n’y a aucune raison pour que de temps en temps une de ces choses n’attire pas les foules. C’est imprévisible, il n’y a pas de martingale, mais il faut que de temps à autres de tels phénomènes se produisent. À côté, il y a de place pour tout le reste.