Trois informations viennent de se caramboler dans ma tête. Paul Ariès prône l’économie du don et n’offre pas ses livres en version gratuite. À Ouessant, Ayerdhal nous a dit que la plupart des auteurs étaient des fonctionnaires, surtout des profs. J’ai enfin lu cet interview magnifique de Götz Werner au sujet du dividende universel. Je me suis alors mis à bouillonner.

Si l’on se dit de gauche, si l’on milite pour l’égalité, pour une meilleure répartition des richesses, on doit logiquement être favorable au dividende universel, ce revenu qui nous permettrait à tous d’assumer nos besoins élémentaires et de ne plus travailler que pour faire ce que nous aimons.

Si, par un heureux hasard, nous disposons d’un tel revenu, n’est-ce pas l’occasion, plutôt que de chercher à gagner plus, de cultiver notre jardin secret. Ainsi de nombreux fonctionnaires, surtout les profs qui ont pas mal de temps libre, écrivent. Alors je me suis dit que comme ils n’avaient pas absolument besoin des revenus de ces livres pour survivre, ils seraient logique que, tout en continuant à les vendre, ils les offrent aussi gratuitement en téléchargement. Ils permettraient à ceux qui gagnent peu de ne pas avoir à travailler plus pour se payer un peu de culture.

Combien de profs écrivains, qui ont une totale sécurité financière, offrent-ils leurs textes gratuitement ? Si tous ceux qui parmi eux se disent de gauche agissaient de la sorte, ce serait une révolution dans le monde de l’édition en même temps qu’une révolution politique.