En rentrant de vacances, j’avais dans ma boîte aux lettres, celle en ferraille près du portail de ma maison, une BD de Jean-Philippe Boudart, Les aventuriers du dimanche, édité par manolosantis.com. Cette BD sur les rôlistes était faite pour moi.

J’ai commencé par la feuilleter, comme j’aurais pu le faire dans un magasin, j’ai trouvé le dessin cohérent, sombre, et plutôt virtuose dans le mélange des genres. Alors j’ai lu, j’ai retrouvé l’ambiance donjon plutôt bien décrite, mais je me suis vite ennuyé. Boudart a saisi ce qu’il il y a de plus minable dans le jeu de rôle, ce qui m’a poussé à arrêter de jouer. L’album a fini par me tomber des mains tant il était rempli de vide.

Je ne suis sans doute plus dans la cible, mais je suis sûr que, il y a 25 ans, quand je jouais toutes les nuits, je n’aurais pas plus goûté cet album. Comme souvent, si le dessin tient la route, le fond ne tient pas (c’est un peu comme ces écrivains innombrables qui écrivent bien et n’ont rien à dire). J’ai voulu parler de ma déception avec Arnaud Bauer, le boss de cette jeune maison d’édition qui recrute ses auteurs en lignes et qui s’appuie sur leur communauté pour les aider à perfectionner leurs œuvres. Nous avons discuté librement pendant une trentaine de minutes, évoquant le modèle coopératif, l’édition en général, le numérique plus particulièrement.

Prenons garde de ne pas mettre le coopératif à toutes les sauces. Ségolène Royal nous a démontré ce que cela pouvait donner. Nous pouvons utiliser la technique pour nous surpasser, aussi pour niveler vers le bas. La meilleure chose que je peux faire, car la critique est facile, c’est de proposer à Arnaud de participer à un scénario, d’essayer d’appliquer avec un dessinateur La stratégie du cyborg. Nous sommes tous à défricher des territoires inconnus. Nous avons le droit de nous planter. Si nous ne le faisions pas, nous ne serions pas en train d’apprendre.