Les écrivains sont des architectes. Suivant leur tempérament, leur don, leur objectif, ils excellent à des niveaux structurels variables. Des astronomes en puissance dominent les métastructures, d’autres plutôt chirurgiens travaillent avant tout à l’échelle micrométrique des mots. Véritables magiciens, ils nous amènent ailleurs en quelques syllabes, à bord de véhicules rapides. Marcel Schwob appartient à cette famille de sorciers.

Aussitôt j’eus le désir d’écrire des mimes et mes narines furent chatouillées par l’odeur du suint des laines nouvelles et la fumée grasse des cuisines d’Agrigente et le parfum âcre des étals de poisson à Syracuse.

Nous avons changé de lieu, d’époque, même de physique. Nous entrons dans un territoire où les « pâturages bleus d’ombre » dévalent jusqu’à l’horizon.

Mimes
Mimes

Les Mimes de Marcel Schwob, tout comme ses Vies imaginaires, se lisent debout sur le quai du métro, entre deux stations, dans une file d’attente ou pendant qu’un ordinateur poussif redémarre. Ils reprennent vie à l’âge numérique, par leur aptitude à se glisser dans nos poches et en jaillir à la moindre béance temporelle.

Pour oublier la grisaille contemporaine, sniffez une bouffée de Marcel Schwob. Je l’ai lu et relu alors que j’étais plongé avec Ératosthène dans le IIIe siècle avant JC.