J’ai déjà tout dit à ce sujet l’année dernière, mais certaines choses mérites d’être rabâchées, surtout quand la situation s’envenime.

Auteur, arrêtez de pleurnicher, réagissez en donnant un grand coup de pied au cul de la fourmilière. Écrivez, créez, diffusez… plutôt qu’envisager des poursuites judiciaires qui vous éloignent de votre champ de compétence.

On veut vous voler vos livres, volez vos livres à vos voleurs. Et qu’alors ils viennent vous démontrer que vous n’êtes pas dans votre droit. On rira vraiment. Vous utilisez les outils d’hier pour défendre le monde d’aujourd’hui. Plutôt que de profiter de cette affaire ridicule pour fourbir vos armes, vous vous éloignez de notre modernité, tout cela ne profitera pas à vos travaux futurs, sinon en faisant de vous des énervés réactionnaires.

Nous avons deux choix dans cette affaire ReLire.

  1. Nous les laissons numériser nos livres et dès qu’ils paraissent nous les piratons pour les diffuser nous-mêmes.
  2. Nous les numérisons tout de suite et les diffusons tout de suite. Si tout le monde se donne la main, c’est un travail de quelques jours et l’affaire et bouclée. Terminé. On n’en parle plus. Circulez.

Je viens d’effectuer ce travail avec Gouverneurs de la Rosée de Jacques Roumain. Nous sommes quelques-uns en France à maîtriser le processus. On peut se former les uns les autres. Je suis volontaire. D’autres le seront.

Merde. Entrez dans le monde numérique en devenant votre propre éditeur. Alors vous ferez peur à tout le monde, car vous deviendrez maître de votre destin, pour chacun de vos textes passés et à venir.

On nous a pris pour des cons. On a estimé que nous ne réagirions pas. Ne leur donnons pas raison. Que notre réaction soit démesurée. Qu’elle mette en cause tout un écosystème et qu’elle prouve à tout jamais que les auteurs ne sont pas les pièces rapportées d’une union illégitime.

Nous disposons d’un arsenal de destruction massive et vous utilisez de vieux canifs rouillés pour vous défendre. Vous êtes même prêts à mettre la main à la poche pour engager des frais de justice. Halte-là. Révoltez-vous de la manière la plus inattendue. Faites péter le vieux modèle. Bien sûr cette histoire et scandaleuse. Répondons par un pilonnage éditorial incessant. On nous en offre l’occasion. Nous n’avons même pas commencé la guerre.

Mais le voulez-vous vraiment ? Car, parfois, j’en doute. C’est bien confortable d’être chouchouté, qu’on s’occupe de nous, qu’on nous laisse écrire en paix, qu’on nous décharge de tout l’accessoire. Nous sommes des artistes, pas vrai… et cette modernité numérique force l’auteur à mettre en forme, à se promouvoir sur les réseaux sociaux, parfois même à bloguer… beurk, c’est crade.

Je ne vois pas d’autre explication à votre attitude. Je devine une forme de dédain. Presque du snobisme. Pourquoi sinon dépenser autant d’énergie sur un terrain qui n’a rien d’artistique, alors que la voix de l’édition de demain s’ouvre à nous tous ? Pourquoi rechignez-vous ? De quoi avez-vous peur ? Que vos livres gentiment numérisés ne trouvent pas de lecteurs. Ne redouteriez-vous pas qu’une fois accessibles personne n’y accède ? Alors le bruit autour de ReLire vous séduit. Il donne une existence à des dizaines de milliers de textes qui n’existeront plus jamais, quoi qu’il advienne. Peut-être que vous avez la pétoche, en fait. Un grand tremblement s’empare de vous et cette affaire et l’occasion rêver d’exister encore une fois, une dernière fois, pendant que le vieux monde sombre dans la mer numérique.

Ne croyez-vous pas que nous pourrions unir nos forces pour subvertir ce système décadent ? Vous voulez passer par la voix du droit… mais vous êtes dans votre droit si vous publiez vous-même vos textes, ou ceux de vos amis. Rien ne peut nous arrêter si nous choisissons l’action dans le champ qui est le nôtre, la création d’œuvres et leur diffusion. Laissons les contrats, les alinéas, les annexes et construisons.

C’est se lancer vers l’inconnu, ça fait bien plus peur que s’amuser à se crêper le chignon avec des avocats, mais c’est notre destin, que nous le voulions ou pas. Tout le reste sera oublié, sauf notre attitude face à la plus grande révolution qu’ait connue notre « profession ».