- Pas besoin de déclarer son identité avant de tourner les pages (contrairement à tous les réseaux sociaux, même les plus libres).
- Le lecteur est anonyme et son intimité assurée (pas de tracking ou d’espionnage).
- Désormais, un livre garantit la liberté de ses lecteurs bien plus sûrement qu’un site Web.
- Un livre se donne et circule sans un fil à la patte qui l’enchaîne à son créateur (c’est le contraire sur le Web).
- Parce qu’il est disponible en de multiples exemplaires, un livre est plus robuste qu’un site (il est décentralisé alors qu’un site est toujours plus ou moins centralisé).
- Le livre appartient au lecteur, il en fait ce qu’il en veut. Un site n’est qu’un endroit où on va, où on passe, une sorte de café par opposition à un chez-soi.
- Le livre ne comptabilise pas son audience en lui-même. Il ne se like pas. Il est toujours nu au regard du lecteur (surtout si ce dernier ne tient pas compte du bruit médiatique).
- Le livre a un modèle économique et il ne fait pas de ses lecteurs des esclaves qui s’ignorent (sur le Web des GAFAM, chaque clic est transformé en information à votre sujet, et chaque information est en suite monnayée sans votre accord).
- Le livre est silencieux contrairement au Web toujours bruyant.
- Le livre se savoure dans un temps long et paisible contrairement au Web qui vit entrecoupé par les interactions, les agressions, le tumulte débordant des aberrations extérieures, bien difficiles à endiguer, quels que soient nos efforts.
- Le livre se publie avec lenteur, ce qui laisse le temps à l’auteur de tourner toujours trois fois sa langue avant de dire n’importe quoi (mais ça reste encore souvent trop rapide).
- Le livre est une technique de médiatisation robuste. Durant la seconde moitié du XXe siècle, on a opposé ceux qui regardaient la télé à ceux qui lisaient. Au début du XXIe siècle, beaucoup de gros lecteurs se sont déplacés sur le Web, un Web où on peut toujours lire des choses formidables, mais de plus en plus ensevelies sous des montagnes d’ordures. Une nouvelle opposition réapparaît entre ceux qui lisent des livres et ceux qui vont sur le Web, entre ceux qui prennent le temps et ceux qui cherchent à perdre leur temps.
PS : Ces points valent pour les livres papier et électronique (pour peu que la liseuse ne soit pas connectée au Net et serve de mouchard). Je ne dénonce pas le Net, mais la forme prise en ce moment même par le Web. Je ne fais que m’y chercher une nouvelle place.