Lundi 1er, Maillardou

Nous prenons la route pour le Lot-et-Garonne. Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un steak house. Quand je coupe mon gâteau, je coupe en même temps l’assiette. Émile en rassemble les morceaux pour faire croire qu’elle est intacte. Je préviens tout de même la serveuse. Elle me dit que je ne suis pas le premier client avec ce problème. Je n’ai donc pas une force hors du commun.


Après la route, un petit tour de vélo, sur les chemins humides aux couleurs automnales. Jambes lourdes qui ne se détendent que quand je rentre à la maison.

Lot-et-Garonne
Lot-et-Garonne

Mardi 2, Maillardou

De la pluie, de la pluie, je ne sors que pour faire les courses, sinon je dors, lis, écris, fais des maths et de la physique avec Tim. Il me consulte de moins en moins. Il sèche sur un passage de son cours d’optique, je m’y casse les dents, avant de comprendre que la démonstration utilise des approximations sans le dire.

Mercredi 3, Maillardou

Je vois mon livre, une couverture sans titre, de l’herbe verte, le livre vert. Il se composera de trois parties, chacune racontera une semaine d’un voyage à vélo du nord au sud. Depuis trois ans, mes textes sur le vélo amènent à cette synthèse.

Jeudi 4, Maillardou

Lot-et-Garonne
Lot-et-Garonne

Vendredi 5, Maillardou

Fumel
Fumel

Samedi 6, Balaruc

Rilke compare les tableaux du trecento et du quattrocento, sur les premiers les visages se détachent sur le fond doré alors que sur les seconds les paysages les réunissent à la totalité. Il creuse cette idée, faisant de nous des habitants d’îles isolées. Dans mon roman, mon personnage quitte la ville pour la campagne où il sera réuni au monde et à ses semblables.

L’étang
L’étang

Dimanche 7, Balaruc

Nous partons faire du vélo en bord de mer, mistral tempétueux dans le dos. Nous nous arrêtons boire un verre en terrasse du café de l’abbaye de Maguelone et, là, calme plat. Les cyprès ne bronchent pas. Nous roulons sur la plage jusqu’à Palavas. Il fait 17°, temps printanier, mais quand nous rentrons, nous retrouvons le mistral où nous l’avons quitté, encore plus fort qu’avant. À deux reprises, nous avons traversé une ligne de rupture atmosphérique.


Trop pris par l’écriture, mais je pense à de nouvelles œuvres à vendre en NFT, des accumulations, envie de compiler mes photos publiées sur le blog année après année, dans l’idée qu’une image ne vaut que dans la continuité des autres.

Canal du Rhône à Sète
Canal du Rhône à Sète

Mardi 9, Balaruc

Sur les réseaux sociaux, on parle de ses maladies, de ses morts, de ses ruptures, de ses naissances, de ses licenciements, de ses embauches. Cet exhibitionnisme n’a pour but que de récolter des likes. Ceux qui publient de tels messages refuseraient de l’admettre, mais je ne vois aucun autre intérêt à s’exposer de la sorte.

Dans mes carnets, je dis, mais jamais trop. Je reste sur le fil de l’art. Voilà donc ce qui manque sur les réseaux sociaux, que nous nous y exprimions comme des artistes, que nous prenions conscience d’être en train de taguer le plafond de la chapelle Sixtine.

Jeudi 11, Balaruc

L’étang
L’étang

Vendredi 12, Balaruc

L’étang
L’étang

Samedi 13, Balaruc

L’étang
L’étang

Dimanche 14, Balaruc

Chapelle Saint Nicolas
Chapelle Saint Nicolas

Lundi 15, Balaruc

Un copain m’appelle. Tu nous écris un roman pour 2023 ? Pourquoi pas.

L’étang
L’étang

Mercredi 17, Balaruc

Parfois j’ai des scrupules à écrire trop vite, mais que faire quand le texte jaillit ? Je suis obligé de me forcer à m’arrêter pour aller prendre l’air.

Je me sens bien quand j’écris comme quand je voyage à vélo, alors quand j’écris un roman sur le voyage à vélo, je suis aux anges. Les difficultés ne surviendront que plus tard, quand je me relirai avec distance et que d’autres mettront leur nez dans le texte. Peut-être que je l’écarterai, le rangerai à côté de beaucoup d’autres dans mes tiroirs, mais peu importe, l’enthousiasme créatif me porte pour l’instant.

Le temps passé sur un texte ne présume en rien de sa qualité, puisque le temps de l’écriture bénéficie de l’expérience accumulée jusque là et aussi d’un mystérieux concours de circonstances. Des livres inoubliables ont été écrits vite : Sur la route (3 semaines), Orange mécanique (3 semaines), Le joueur (26 jours), Tandis que j’agonise (6 semaines)…

Lune
Lune

Jeudi 18, Balaruc

Cournon
Cournon

Samedi 20, Balaruc

De retour d’une balade dans les Alpilles, par une journée d’automne d’un calme miraculeux.

Lundi 22, Balaruc

Je ne vais plus sur Facebook qu’une fois le matin, une fois le soir, pas plus de cinq minutes par jour. Je réponds éventuellement aux commentaires de quelques amis et je vois quelques posts en haut de la page d’accueil. Aujourd’hui, je découvre que Pierre Michon quitte le réseau, sa présence y était déjà si incongrue, comme si deux mondes incompatibles tentaient de s’unir. Toute personne attachée à vivre ne peut que se distancier de ces univers qui accaparent notre présence pour la convertir en revenus. Il faut une énergie gigantesque pour résister à cette marchandisation. Peut-être que Michon a envie d’un nouveau livre, et qu’il sent qu’une présence sur Facebook est incompatible avec le temps long nécessaire à sa forme de littérature.


Des scientifiques alertent sur le risque d’une contamination virale extraterrestre. Mes semblables ne savent plus quoi inventer pour attirer l’attention. Nous n’avons toujours pas détecté le moindre signe de vie extraterrestre, ni dans le système solaire ni dans d’autres systèmes, mais nous aimons nous faire peur et jouer de la peur.


Notre univers est finement réglé pour que la vie soit possible. Première hypothèse : il existe une infinité d’univers et nous vivons dans un des rares où la vie est possible et où des êtres peuvent se poser des questions au sujet de leur existence. Deuxième hypothèse : la vie est possible dans une multitude d’univers et nous manquons d’imagination. Troisième hypothèse, qui pourrait être un beau thème de SF, la vie façonne l’univers pour qu’il lui convienne de mieux en mieux. Au commencement, il y aurait la vie, et tout le reste surgirait après.


Je termine mon premier jet, bouclé en 26 jours, mais le roman n’est pas achevé pour autant. Je l’ai écrit si vite qu’une multitude d’ajustements s’imposent.


Par chez moi dans le Midi, les vignerons mettent le feu aux bordures pour les désherber. La pratique est interdite, mais jamais punie. Alors quand nous passons devant un départ de feu, à la frontière entre fruitiers, vignes et garrigues, nous comprenons qu’un imbécile a été débordé par les flammes et s’est fait la belle. Je recherche le numéro des pompiers sur mon portable. Je trouve la caserne de Sète et j’appelle. Presque le gars me raccroche au nez en me disant que ce n’est pas leur secteur. J’ai le plus grand mal à lui expliquer que je suis sur mon vélo et qu’il est mieux armé que moi pour gérer la situation. J’ai dû le tirer de sa sieste.

Villeveyrac
Villeveyrac

Jeudi 25, Balaruc

Les Salins
Les Salins

Samedi 27, Balaruc

Pyrénées
Pyrénées

Lundi 29, Balaruc

Encore une journée de boulot et j’aurai terminé les révisions de mon premier jet. Je commence seulement à penser titre : L’irrésistible force du mouvement, Le mouvement de la vie, La renaissance de Martin


Après avoir vu le stimulant Coherence, une idée me vient. Un artiste s’apprête à dévoiler sa dernière œuvre quand un autre artiste diffuse l’œuvre juste avant lui. Difficile de croire au hasard. Surtout quand l’affaire se répète lors de l’œuvre suivante.


J’ai décidé de mettre en vente un roman en NFT, un inédit, qui sera diffusé à un seul exemplaire. L’acheteur pourra le lire, le revendre, mais aura interdiction de le publier.

Mardi 30, Balaruc

Je reçois mon nouveau Mac, un gros bébé avec un clavier sensuel. Je me plais à le tapoter que pour le plaisir. J’espère vivre de belles aventures avec lui.