Geneviève Morand, CEO de Rezonance, m’a demandé de définir la complexité. C’est le genre de concept qu’on utilise sans avoir nécessairement besoin de le définir, c’est un peu comme la conscience, nous savons à peu près de quoi il s’agit, il ne peut pas y avoir d’ailleurs de définition exacte.
J’ai tout de même une idée intuitive de ce qu’est la complexité : quelque chose que mon esprit n’est pas capable de saisir... Et comme mon esprit est loin d’être supérieur, j’ai tendance à généraliser en disant que la complexité est quelque chose que même Dieu n’arrive pas à saisir en un temps fini. Mais, comme je suis athée, cette seconde définition n’apporte peut-être pas grand-chose.
Autant alors prendre des exemples. Mon préféré est celui du tas de sable où on laisse tomber un nouveau grain. Le tas est complexe car il est impossible de prévoir ce qui va se passer quand le grain tombera. La seule façon de le savoir, c’est d’attendre. Toutes les situations où il n’y a pas moyen d’anticiper l’avenir sont complexes. Quand, pour connaître l’avenir, nous devons attendre que cet avenir survienne, nous sommes dans une situation complexe. La complexité, c’est quand nous n’avons pas de raccourcis vers l’avenir, c’est quand nous démontrons qu’il ne peut y en avoir.
Après, il y a d’autres approches, plus scientifiques, comme dire que la complexité apparaît au point de transition de phase entre l’ordre et le désordre, au point où les auto-organisations se produisent spontanément. Mais c’est sans doute une définition restrictive. Je préfère en rester à l’absence de raccourcis.
C’est parce que les politiques n’ont pas de raccourcis vers l’avenir qu’ils sont incapables de gouverner une société complexe.
PS : J’aurais pu définir la complexité en disant qu’elle existe quand les parties ne sont pas plus simples que le tout.