Avant-hier soir, j’ai rencontré une seconde fois Rachid Nekkaz et son porte-parole. Nous avons parlé de tout et de rien comme trois nouveaux amis qui ne se connaissent pas encore. Bien sûr, nous avons aussi refait le monde et parlé du projet politique de Nekkaz pour les présidentielles 2007. Ce programme est en phase avec l’esprit des connecteurs. Il repose sur deux grandes lignes.

  1. Solidarité, entraide, conscience globale (valeurs habituellement défendues par les socialistes et les écologistes).
  2. Liberté d’entreprendre, responsabilisation, allégement de l’État (valeurs habituellement défendues par la droite libérale).

Nous avons convenu que puisque la société était dans une phase de complexification exponentielle, la politique devait elle aussi suivre ce changement. Il faut oublier les vieux partis, les vieux généraux, il faut des hommes nouveaux qui vivent dans le nouveau monde.

Nous ne comprenons pas pourquoi des gens naissent à droite, d’autres à gauche, tout cela n’a plus de sens. La politique doit se faire par des hommes libres, non par des partis, structures lourdes et peu réactives où prévalent les magouilles et les luttes de pouvoir. Les hommes libres doivent se regrouper autour de projets et faire changer les choses, chaque projet rassemblant des hommes libres différents. Les élections 2007 peuvent être vues comme un projet.

J’ai alors exprimé mes craintes habituelles. La complexité ne se gouverne pas. Que faire une fois au pouvoir ? Nekkaz a une réponse évidente. Il faut remettre le pouvoir à chacun de nous. Il faut que la politique soit l’œuvre de chacun d’entre nous, que les décisions locales remontent vers le haut et non pas le contraire. J’ai défendu toutes ces idées dans Le peuple des connecteurs. Elles ne peuvent que me séduire. La politique du futur doit redonner les moyens à chacun de nous d’être un acteur de la vie publique. Elle doit lever toutes les barrières qui nous empêchent d’entreprendre.

Mais n’est-ce pas pure folie d’espérer atteindre le pouvoir pour effectuer cette révolution ? Non, Gorbatchev l’a fait en URSS. Nekazz pense même qu’il faut atteindre le pouvoir vite pour ne pas se pourrir pendant des années en intrigues et finir par devenir un politicien professionnel qui ressemble aux autres politiciens.

Je suis jeune, dit-il, peu de gens me connaissent, je défends un projet dont beaucoup de gens ressentent la nécessité au fond d’eux, j’ai ma chance, c’est maintenant où jamais, dit rachid.

Quand on regarde l’histoire, il arrive parfois, même souvent, que des jeunes gens accèdent au pouvoir et chamboulent la face du monde. Nous avons parlé d’Alexandre le Grand et de Napoléon entre autres.

Nos républiques, soit disant démocratiques, ont rendu l’accession au pouvoir immensément compliquée. C’est un paradoxe de plus. Alors que la vie politique devrait être l’œuvre de tous, elle est devenue, peu à peu, l’œuvre de certains spécialistes, souvent issus des mêmes écoles. Cette complication, pour le coup inutile et artificielle, ne mène au pouvoir que des vieux, ou des membres du polit bureau. C’est assez étrange comme situation. Il y a de jeunes mathématiciens de génie, de jeunes musiciens de génie, de jeunes architectes de génie… mais il n’y a plus de jeune politique de génie. Je vois là une des anomalies de notre époque, une preuve que tous les membres de la société ne sont pas égaux en droit.

Les gens qui aiment le sport aiment par-dessus-tout l’apparition de vedettes surprises. Je suis fan du tour de France et j’attends chaque année la survenue d’un outsider auquel personne ne pense, comme Laurent Fignon en 1983. Il était jeune, il a surclassé les vieux briscards. Alors pourquoi Nekkaz ne serait pas une sorte de Laurent Fignon dans la politique française de ce début de siècle ? Il n’y a pas d’impossibilité historique en tout cas. Le mécontentement est si généralisé que, cette fois, il se passera peut-être enfin quelque chose.