Beaucoup de gens me disent « la théorie, c’est bien beau, mais que faisons-nous maintenant ? »
À mon sens, la théorie fonctionne parce que nous sommes déjà nombreux à l’appliquer et nous nous trouvons plus heureux qu’avant. Je pense que plus les gens nous imiteront, plus nous serons nombreux à être heureux, par une sorte de contagion toute la population deviendra heureuse.
La connexion facilite la propagation des bonnes idées. Quand nous voyons quelque chose qui marche pour quelqu’un, nous nous disons que ça peut aussi marcher pour nous. Nous n’avons qu’à essayer. Et si ça marche pour nous, cette chose gagnera en popularité, elle se généralisera et le monde changera.
Cette approche est loin d’être absurde. Elle a été appliquée avec succès à New York pour réduire la criminalité. Tout a commencé avec la théorie des criminologistes James Wilson et George Kelling. Pour eux, si dans certains quartiers il y a des vitres cassées, les jeunes se disent qu’il est normal de casser les vitres et il y a de plus en plus de vitres cassées, de plus en plus de petite délinquance.
La mairie de New York essaya donc d’appliquer cette théorie en faisant la chasse aux graffitis : nettoyage de ceux existants et pénalisation des contrevenants. Et ça marcha. Moins il y avait de graffitis, moins de nouveaux graffitis apparaissaient. En ce concentrant sur des délits mineurs, la police interpela par ailleurs de vrais bandits. La criminalité dans la ville fut divisée par deux en cinq ans !
En s’inspirant de cet exemple présenté par Malcolm Gladwell dans The tipping Point, ma femme a pris une résolution que j’ai du mal à l’appliquer moi-même. Quand elle se promène autour de chez nous et trouve un papier qui traîne, elle le ramasse. Elle espère ainsi rendre les rues plus propres et inciter les gens à la propreté. Elle espère aussi que certaines des personnes qui la verront faire l’imiteront. Une action locale peut ainsi se propager et devenir naturelle pour tout le monde. Nous autres connecteurs avons ainsi appris à nous débrouiller seuls, à agir par nous-mêmes, à communiquer ce que nous faisons localement pour qu’une tendance globale émerge.
On me dit « Mais tout le monde n’est pas un winner, tout le monde n’est pas prêt à se retrousser les manches. » Déjà, en général, ceux qui me disent ça ne se placent jamais dans le camp des loosers. Ils parlent pour les autres, je me demande de quel droit. Ils se prennent peut-être pour des politiques, ils se placent au-dessus des masses. Peu importe. Que pouvons-nous faire pour aider les exclus du monde des connecteurs ?
À mon sens, il faut rétablir la connexion. Il faut donner accès au réseau, donner le moyen d’accéder d’égal à égal aux autres hommes pour que la contagion puisse s’effectuer, pour que les bonnes idées leur arrivent. Il faut donner envie d’apprendre, il faut réveiller la curiosité. Les connecteurs doivent prendre leur bâton de pèlerin et devenir des apôtres de la pensée réseau. Ils doivent descendre dans la rue, aller à la rencontre des gens qui n’ont pas leur chance. Et ça, nous ne le faisons presque pas. Voilà pourquoi je trouve l’initiative de Nekkaz courageuse. C’est un connecteur qui s’est dit qu’il fallait agir. C’est peut-être le début de quelque chose.
Pour agir, nous pouvons aussi être tentés par un parti traditionnel. En nous plaçant près de Sarko ou de Ségolène, nous avons beaucoup plus de chance de nous approcher du pouvoir. Mais pour quoi faire ? Quelle liberté aurons-nous ? Aucune ! Ces partis n’ont plus d’idée, plus de sang, ils sont pourris. Ils ont signé trop d’accords, ils doivent répondre à trop d’intérêts particuliers, ils ont trop de dettes. Et puis ils ne peuvent pas accepter nos idées qui remettent en cause l’existence même des partis.
Nous sommes des hommes libres, ils sont les esclaves de leurs programmes. Pour eux, tout part du haut de la société et diffuse vers le bas. Nous pensons le contraire : tout part de nous, remonte, se consolide. Nous avons construit internet de cette façon, nous reconstruirons la société de même.
Nous jouons win-win, ils jouent perdant-gagnant, espérant être les gagnants. Mais, au final, c’est nous tous qui perdons à cause de leur philosophie guerrière. Ils veulent être en haut de la pyramide parce qu’ils croient qu’ils la contrôleront mieux. Au contraire, ils ne font que tomber de plus haut. Une erreur individuelle, quand on agit localement est sans conséquence. Quand on impose une action globale par la force ou par une loi, les conséquences peuvent être désastreuses, comme nous le prouvent presque toutes les décisions politiques de ces dernières années.
À New York, la mairie aurait pu pénaliser davantage les graffitistes, non, elle ne promulga aucune nouvelle loi, elle décida simplement de privilégier l’action locale. Conséquence : la criminalité baissa globalement.
PS : Un de mes lecteurs évoque les chômeurs incapables de relever la tête. Je lui demande s’il est un de ces chômeurs ? (1) Non. Alors pourquoi cherchez-vous à vous mettre à leur place ? Aidez-les quand vous le pouvez mais surtout cessez de vous plaindre pour eux car personne d’autre que vous, que nous, surtout pas l’État impuissant, ne pourra les aider. Nous inventons une nouveau monde, nous devons initier le plus de gens possible à notre façon de faire et de voir les choses, elle conduit à plus de bonheur. C’est ce que nous essayons de faire avec nos blogs. (2) Oui. Comme vous êtes connecté, vous n’êtes pas dans une situation désespérée. Vous voyez les milliers d’initiatives qui naissent en ce moment sur le web. Il faiu tenter de se lancer. Vous avez du temps puisque vous ne travaillez pas. Et se lancer sur le web ne coûte que du temps. Les compétences : elles s’acquièrent. Toutes les infos sont disponibles. Il n’y a pas de secrets.