Sur les forums, sur Agoravox notamment, je vois des gens évoquer la nécessité d’une gouvernance forte. J’ai envie de leur demander s’ils souhaitent avoir un policier chez eux ? C’est ça ? Voulez-vous qu’on vous impose des règles de vie strictes ? C’est ça ? J’ai l’impression désagréable que ceux qui exigent une gouvernance forte ne la souhaitent pas pour eux mais seulement pour une sous-espèce à laquelle ils n’appartiennent pas.
J’ai écris Le peuple des connecteurs pour montrer qu’une gouvernance forte n’avait aucun moyen de gérer une société complexe. Et notre société est complexe, de plus en plus complexe. Malheureusement, mes arguments, et ceux des spécialistes de la complexité, ne dépassent pas le cadre du monde scientifique. Les autoritaristes sont légions, ils se préparent à voter pour Le Pen et même pour Sarkozy ou Ségolène. Ils souhaitent une société simplifiée à l’extrême par la force. Ils oublient qu’ils devront vivre dans cette société à laquelle ils aspirent pour les autres.
C’est d’ailleurs un défaut de pensée propre à tous les politiciens. Ils parlent des citoyens comme si eux-mêmes étaient des extra-terrestres. Ils disent qu’il faut faire une chose et ils ne le font pas eux-même. Le simple exemple des limitations de vitesse qu’ils ne respectent pas suffit à démontrer leur hypocrisie.
La gouvernance forte ne ramènera pas la sécurité. Elle n’évitera pas les catastrophes écologiques. Elle ne redonnera pas l’envie et l’espoir aux hommes. La gouvernance forte ne convient que pour résoudre des problèmes simples. Mais ces problèmes n’existent qu’à l’échelle locale, pas à celle d’un pays. C’est pour cette raison que nous devons être libres. La liberté signifie que chacun de nous a le pouvoir d’exercer une gouvernance forte sur sa propre vie, à l’échelle locale, là où les problèmes sont encore gérables.
Toute dérive autoritariste préfigure des catastrophes : économiques, sociales, écologiques… L’autorité ne résoudra pas ces problèmes complexes qui exigent des solutions bottom-up. Le monde est complexe, nous ne pouvons pas le gérer simplement. Je regrette de vous le dire messieurs les politiciens démagogues. Dans une société à gouvernance forte, nous ne sommes jamais libres. Si nous ne sommes pas libres, le bottom-up ne fonctionne pas. Nous courrons alors le risque d’une surchauffe dangereuse.