Dans ses Carnets de nuit, José a parlé de l’Interdependence day du 1er juillet. Une conversation animée a suivi où s’opposent le modèle centralisateur et libéral, pour résumer.
Je crois qu’on peut sortir de ce clivage. Il faut tout d’abord accepter une chose : libéral ne veut pas dire ennemi du social. C’est le libéralisme économique qui peut l’être mais pas le libéralisme qui pense que toutes les initiatives doivent partir des citoyens. Je me sens libéral à ce dernier titre.
Dans ma déclaration d’interdépendance, j’ai essayé rapidement de montrer que les problèmes complexes ne peuvent être réglés que par une approche bottom-up, donc en s’appuyant sur les initiatives locales. Il n’y a pas de choix.
Les gouvernements, mondiaux par nécessité, doivent totalement changer de nature. Ils ne doivent plus nous dire ce que nous devons faire mais donner des directions. Ils doivent nous motiver, nous inspirer, c’est à nous de trouver des solutions.
J’imagine un gouvernement planétaire qui ressemblerait aux W3C. Une sorte de cénacle de sages, pas nécessairement élu, pas nécessairement renouvelé tous les cinq ans, mais plus durable, plus visionnaire. Rien n’empêcherait la coexistence de plusieurs gouvernements de ce type.
J’ai un jour parlé du système éducatif finlandais. Il nous montre comment l’État en se désengageant facilite les choses. L’éducation est un problème complexe qui ne se règlera pas avec des mesures suivies bêtement par les profs et les élèves. Il faut introduire de la souplesse organique.
Pour résumer : on ne peut pas accepter l’idée d’interdépendance et, en même temps, souhaiter un État fort. C’est contradictoire. Il faut lever cette contradiction. Un état fort décide, il agit globalement. Mais l’action globale s’avère presque toujours désastreuse dans un monde dominé par l’interdépendance. Et il n’y a aucun moyen de savoir si on ne provoquera pas des désastres globaux. La sagesse est donc d’agir localement, de laisser les initiatives se renforcer. L’État doit nous pousser dans ce sens, c’est le dernier rôle qui lui reste, il est fondamental.