Dee Hock écrit :

Au plus profond, le désir de commander et de contrôler est un travers destructif et mortel qui vise à dépouiller les autres de leur volonté et de leur joie de vivre.

Pour Dee Hock, le désir et de commander et de contrôler est un désir de mort. La vie est incertitudes et surprises. Elle est perpétuel renouvellement. Une société qui a une vision du monde mécaniste, c’est-à-dire qui croit à la possibilité de contrôler, est une société mortellement dangereuse pour l’environnement. Elle cherche à imposer une rigidité étrangère à la nature même des choses. Et nous vivons dans une telle société tyrannique. En tous cas, nous sommes ses enfants. Il est temps de changer les choses. De redonner à la liberté une place centrale.

Je crois que le clivage gauche-droite explose au profit d’une nouvelle dichotomie. D’un côté, nous avons les partisans du contrôle, qui croient, entre autre, à la possibilité de prévoir l’avenir avec une marge d’erreur faible (autoritaristes) ; de l’autre, nous avons les amoureux de la liberté, qui croient aux interactions innombrables, aux nuances, à la totale incertitude (libertariens).

J’appartiens à la seconde espèce, aux hommes qui se veulent libres, qui veulent les autres libres, qui veulent libérer les possibles. C’est ma définition de l’écologie. Nous devons tenir compte des mécanismes les plus profonds de la nature. Nous ne devons pas la contraindre ou la soumettre comme le stipule la Genese, I:28 :

Fructifiez et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la, ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout vivant qui remue sur terre.

Nous pouvons ajouter à la nature – Je suis partisan d’une course effrénée à la technologie – mais nous ne devons pas aller contre elle comme nous le faisons souvent. Et pour aller dans le bon sens, nous devons la comprendre, commencer par faire comme elle, parier sur la liberté, la souplesse, l’imprécision, la diversité…

Je suis pour laisser toute sa place à la complexité. Je crois qu’il ne faut la réduire en aucune manière. Paradoxalement, quand j’écris je simplifie, je schématise, je catégorise… Je crois que nous ne pouvons guère faire autrement. C’est notre nature humaine, en tout cas celle de notre mécanisme de pensée. Il est à l’origine de bien des problèmes.

Pour saisir la réalité complexe, nous la simplifions. Le danger survient quand nous commençons à croire que cette simplicité pratique est réelle. Je crois que l’Occident est tombé dans ce piège. Il a confondu son discours sur le monde et le monde lui-même.

Pour résoudre cette nouvelle dichotomie, entre simplicité du discours et complexité du monde, j’ai choisi de multiplier les perspectives. Je crois à la méthode des peintres cubistes. À leur façon, ils ont essayé de saisir la complexité. Nous ne devons pas oublier leur enseignement. Chaque point de notre discours peut être simple ce n’est pas pour autant que le discours global est simple. Au contraire, il peut ressembler à un réseau aux multiples connexions.

Le blog, grâce aux liens transversaux entre les articles, est une forme adaptée à cette nouvelle pensée complexe. Il est peut-être l’outil grâce auquel la pensée complexe se propagera, l’outil grâce auquel nous changeront le monde, et commenceront par le sauver.

Je parle de sauver le monde, d’autres hommes souhaitent précipiter sa fin pour accéder au jugement dernier salvateur. Encore une dichotomie trop simplificatrice mais qui appartient à un discours complexe.