Nous approchons des présidentielles 2007 et les petits candidats font déjà la chasse aux signatures. En fait, pas aux signatures mais aux promesses de signatures car les élus recevront 40 jours avant les élections un formulaire où ils indiqueront le nom du candidat qu’ils soutiennent.
Il y a en France 36 000 communes, donc autant de signatures potentielles de maires, plus celles de divers autres élus (députés, sénateurs…), soit en gros un volant de 40 000 signatures. Nous pouvons donc avoir jusqu’à 80 candidats aux élections !
Pour mettre à l’épreuve les hommes politiques installés et leur opposer de nouveaux adversaires porteurs de nouvelles idées, il faudrait lancer une Initiative signatures. Les citoyens qui connaissent leur maire devraient jouer les VRP pour les petits candidats. Si comme je l’ai estimé hier, il y a 60 000 blogueurs politiques indépendants, ils représentent une force commerciale considérable ; sans doute suffisante pour nous conduire vers un scrutin 2007 d’une couleur inédite.
Est-ce souhaitable ? Tout dépend du point de vue. Les partis installés doivent être mal à l’aise avec cette multiplication possible de l’opposition. Plus il y aura de candidats, plus le nombre de voix qu’ils récolteront diminuera, moins ils recevront de financement par la suite. Du point de vue du contribuable, c’est donc une bonne chose, car les opposants récolteront chacun très probablement moins de 5 %, donc la masse budgétaire consacrée au financement des partis diminuera et les partis deviendront moins puissants.
Si les candidatures se multiplient, les partis installés verront inévitablement leur part électorale baisser. Dans le même temps, le nombre de voix nécessaires pour atteindre le second tour baissera. Les luttes deviendront plus âpres, les marges de manœuvre plus réduites. Plus nous aurons de candidats, plus il sera difficile de prévoir qui sera au second tour.
Il n’est pas alors étonnant de voir les grands partis militer pour une augmentation du nombre de signatures requises. Ils cherchent à préserver leur terrain de chasse. Je les comprends mais tout démocrate doit se féliciter de la relative ouverture du scrutin. Plus de candidats pourront défendre leurs idées, plus vivante sera la démocratie.
Je souhaite pour ma part une multiplication des candidatures. C’est la meilleure chance pour que des idées novatrices cheminent vers le plus grand nombre. Et peu importe si au passage quelques idées rétrogrades essaient de se faufiler. Elles n’ont d’ailleurs pas besoin de nouveaux candidats pour déjà tirer leur épingle du jeu.
Pour résumer. Les hommes politiques officiels n’ont aucun intérêt à la multiplication des candidatures. Les citoyens ont tout intérêt. Nous verrons bien ce qui se passera. Une loi impromptue ne changera-t-elle pas la donne au dernier moment ? Les élus ne recevront-ils pas des pressions ? Il sera intéressant de suivre cette affaire de près afin de voir si nous vivons en démocratie.
Multiplier les candidatures mettra plus d’équité dans le scrutin. Presque tous les candidats partiront à arme égale car le nombre de voix requises pour accéder au second tour sera relativement faible. Moins de 5 millions avec une vingtaine de candidatures, peut-être moins de 2 millions avec une cinquantaine ! Le futur Président pourrait ne représenter qu’une minorité de Français. N’est-ce pas déjà le cas ?
Cette relative accessibilité du second tour laisse de la place aux extrémistes, aussi aux novateurs mais pas moins aux conservateurs. Qu’est-ce qui est préférable ? Figer le pays dans l’immobilisme en ne donnant accès aux hautes fonctions qu’aux conservateurs comme c’est le cas aujourd’hui ou courir le risque d’un véritable changement ?
PS : Jusqu’à 70 candidats se déclarèrent candidats, au final douze se présentèrent. L’ouverture sera pour d’autres temps.