Je débute mon prochain livre sur internet et la politique en essayant de comprendre comment internet a influencé le référendum européen 2005, le fameux TCE.

Pour beaucoup d’analystes, c’est Étienne Chouard qui aurait fait pencher la balance en faveur du non. J’ai combiné tous les sondages pour obtenir une courbe d’évolution des intentions de vote. En l’analysant, le rôle d’Étienne est moins évident.

Étienne poste son article critique le 25 mars 2005, au moment où le non est au plus haut dans les sondages. Il n’est donc pas responsable de cette situation.

En revanche, en remontant un peu dans le temps, on voit que c’est l’affaire Bolkestein qui est décisive. Il se trouve qu’elle a circulé sur le web pendant un an avant d’attirer l’attention des médias officiels. C’est Raoul Marc Jennar qui l’a fait sortir, puis qui a récidivé avec un mail début février 2005. Donc Jennar a eu un rôle décisif.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Alors que le non est au plus haut, Chirac puis Jospin font le forcing pour renverser la tendance. Et ils y parviennent. C’est alors que l’effet Chouard agit, c’est alors que son papier fait beaucoup parler sur le web, puis ailleurs. Je crois qu’Étienne a annulé le travail de Chirac et de Jospin. Son action citoyenne a sans doute pesé autant que celles de nos vedettes politiques, ce n’est pas rien, c’est même historique, et peu importe le fond des idées d’Étienne, mon intention n’est pas ici de les discuter, mais de démontrer que des hommes ordinaires peuvent faire des choses extraordinaires.

Voici mon analyse, je la détaillerai dans le livre en donnant la parole aux principaux protagonistes, notamment à Versac qui était sur le web un des défenseurs du oui. Je voudrais savoir comment ils ont vécu cette montée en puissance du web citoyen. Si vous avez aussi vécu cet évènement, si vous avez des choses à dire, n’hésitez pas à me contacter. Je serai aussi heureux de donner la parole à ceux qui interprètent différemment la courbe des sondages.

PS1 : Personne ne saura jamais ce qui a vraiment fait gagner le non. Ce qui est intéressant c’est que le net a sans doute eu de l’importance. Étienne aussi. Pas plus que beaucoup d’autres. Pas plus que des centaines de gens que nous ne connaissons pas. Mais, tous ensemble, ils ont débattu d’une façon nouvelle. Pour moi, Étienne n’est pas un héros, c’est quelqu’un d’ordinaire. Beaucoup d’autres ont fait comme lui. C’est de ça que je veux parler.

PS2 : Je veux essayer de montrer que la politique d’en bas est en train de remplacer celle d’en haut. Je me moque des idées de ceux d’en haut. Mais d’en bas ou d’en haut, ça reste de la politique.