J’ai longuement discuté ce matin avec Étienne Chouard. Chaque fois que je parle avec lui, je me sens boosté tant il m’ouvre de pistes que je n’aurais jamais le temps de toutes explorer.
Je vous conseille de parcourir la présentation de ses grandes idées. C’est essentiel. Oui, il faut empêcher le pouvoir de définir les règles du pouvoir. Il faut empêcher le pouvoir de s’accaparer le pouvoir.
Étienne mène un combat central. J’ai juste tendance à me placer un cran plus loin.
Qui a le pouvoir aujourd’hui ? Qui décide ? Qui influence le monde ? Existe-t-il des hommes de pouvoir vraiment libres et capables de choisir ? Comme Tolstoï, je crois que non.
Plus l’homme est placé haut sur l’échelle sociale, plus le réseau de ses relations avec les autres hommes est étendu, plus il possède d’autorité sur les autres et plus il apparaît que chacun de ses actes est prédéterminé et inévitable. […] Le roi est l’esclave de l’histoire.
Le pouvoir est ailleurs, entre chacun de nous. Dans un monde complexe, le pouvoir tenu, le pouvoir réel, est un mythe inventé par les gens qui appellent pouvoir les forces historiques qu’ils ne comprennent pas, que personne ne peut comprendre.
Que des hommes cherchent le pouvoir, c’est un fait. Qu’ils nuisent à d’autres, c’est un fait. Qu’ils aient du pouvoir sur les vastes structures que sont nos sociétés, ou les multinationales, je ne le pense pas.
Personne n’a le pouvoir de changer le monde. Tous ensembles, nous avons tous les pouvoirs.
Étienne cherche à soigner notre système, à réduire le pouvoir de nuisance des élus, c’est fondamental mais ces élus n’ont pas tant de pouvoir que ça. En tous cas, c’est ce que j’ai essayé de montrer dans Le peuple des connecteurs. L’urgence est de leur prouver qu’ils n’ont pas de pouvoir. C’est ce que fait Étienne en cherchant des moyens de réduire leurs pouvoirs.
D’une certaine façon, Étienne travaille en amont par rapport à moi. Il pare au plus pressé. Je suis un idéaliste, lui un pragmatique.