Thierry CROUZET

Next Modernity

Denis Failly m’a envoyé fin novembre un questionnaire auquel je viens juste de trouver le temps de répondre.

-- De quelle couleur fut 2006 dans votre domaine de compétences ?

-- Je ne sais pas trop quel est mon domaine ; peut-être la politique à l’âge d’internet. Je me suis dit que nous avions enfin les moyens de changer le monde parce que j’ai vu de plus en plus de gens se rejoindre et avancer dans la même direction. J’ai ressenti presque viscéralement qu’une lame de fond était en train de nous emporter. Nous vivons une époque de bouleversements sans précédents, c’est excitant, ça nous donne aussi de sacrés responsabilités.

-- Quelles sont vos espoirs et vos craintes pour l’année qui vient ?

-- J’espère que le cinquième pouvoir affirmera sa présence, que les politiciens arrêteront de jouer aux chefaillons et prendront en considération les citoyens. Depuis 2002, chaque année, internet pèse dans une élection quelque part dans le monde. En 2007, ce sera peut-être en France lors de la présidentielle. D’un autre côté, je crains que des graines de dictateurs ne cherchent à mettre le cinquième pouvoir sous l’éteignoir et nous attirent vers des régimes durs qui seraient néfastes alors que nous vivons une phase d’innovation tout azimut. Nous avons besoin de liberté, pas seulement de la liberté d’entreprendre, de la liberté avec un grand L.

-- Avez-vous des projets ou des perspectives particulières dans votre domaine dont vous souhaiteriez nous dire quelques mots ?

-- J’ai envie de me remettre à mon roman Croisade qui raconte la lutte entre les hommes libres et les conservateurs autoritaristes, entre le cinquième pouvoir et le pouvoir dur. J’espère ainsi réussir à vulgariser certaines idées, notamment l’auto-organisation, dont beaucoup de gens ont du mal à croire qu’elles peuvent être de vraies solutions politiques.

MOUTON NOIR @ 2007-01-04 20:41:49

"Nous avons besoin de liberté, pas seulement de la liberté d’entreprendre, de la liberté avec un grand L."

C’est tellement vrai et je veux pas être pessimiste, mais quand je vois ce que nous proposent les hommes politiques et comment les français réagissent, j ai l’impression que l’on aime de moins en moins la Liberté en France...

et pourquoi ? parce que Liberté est indissociable de la Responsabilité.

Et quand on voit l’Adoration des Français pour Ségolène, son "programme" Etatiste et anti-responsable, on comprend leur fascination pour l’assistanat et la passivité.

Elle va nous endormir

J’adhère à toute tes idées Thierry ! Mais il y a du boulot...Je pense qu’il faut y aller par parlier. Déjà retablir l’ordre republicain et le respect, sans quoi la Liberté devient Anarchie.

( Ce qui n’est pas mal mais pas franchement constructif...)

Qu’en pense tu ?

Reivilo @ 2007-01-04 21:10:14

Oui, oui, c’est avec le libéralisme que nous nous sauverons des maux produits par le libéralisme. Idéologie, quand tu nous tiens !

Thierry Crouzet @ 2007-01-04 21:42:50

Le libéralisme n’a jamais été mis en œuvre... j’explique pourquoi dans le cinquième pouvoir et comment ce mot a été détourné par les plus antilibéraux qui soient, les capitalistes extrémistes. Oui il y a du travail pour que la liberté redevienne une valeur républicaine.

pankkake @ 2007-01-04 21:53:01

Reivilo, tu ne te rends pas compte que les politiques ne proposent que de l’interventionnisme pour réparer les erreurs de l’interventionnisme passé ?

Garbun @ 2007-01-05 03:07:25

"j’ai l’impression que l’on aime de moins en moins la Liberté en France…"

C’est tellement vrai, la récente loi punissant la négation du génocide arménien n’a par exemple pas fait bondir grand monde... Pourtant, aussi bêtes et méchants que soient des propos, légiferer dessus c’est détruire la liberté d’expression.Et personne ou presque n’a réagit.

Ce n’est pas demain que la France sera plus libérale, le 5ème pouvoir peut changer les choses, mais je pense qu’il est bien trop jeune pour créer la surprise en 4 mois (j’espère me tromper).

En revanche, d’ici 4-5 ans, il est probable que tout aura énormément changé, et là...

Reivilo @ 2007-01-05 13:06:24

Libéralisme, jamais mis en oeuvre ? Vous confondez libéralisme et ultra-libéralisme. La France est le pays du libéralisme. Notre constitution est libérale, notre code civil, idem, la déclaration des droits de l’homme est l’essence du libéralisme, notre économie, de marché,...

Idéologie, quand tu nous tiens !

Garbun @ 2007-01-05 17:08:24

Le marché du travail français est tout sauf libéral, il y a un rejet général de l’économie de marché, tout est fait pour que la création d’entreprise soit un enfer : bureaucratie, charges sociales, règlementations à n’en plus finir, etc. Tout est bloqué et prédéfini, ce n’est pas ma définition du libéralisme... Résultat, les entreprises délocalisent et la France s’appauvri.

Vu dans le magazine l’Entreprise de ce mois-ci : une enquête reposant sur 500 dirigeants de très petites entreprises (TPE) française et 1000 dirigeants de TPE américaines a monté que, à la question "Que représente aujourd’hui votre entreprise à vos yeux?", les patrons américains répondent "c’est un gage de tranquilité et d’indépendance", tandis que pour les patrons français, ce sont "les responsabilités et les tracas"...

guillaumebadin @ 2007-01-05 17:59:57

em mème temps l’exemple des états unis comme pays ultra libérale ne nous incite pas a suivre le pas.

quand on voit quelle est la proportion de personnes mise de coté ça fait un peu peur.

on pourrait pas avoir un système social et libéral en même temps un comme en suède???

Reivilo @ 2007-01-05 18:05:59

Le libéralisme est d’abord une philosophie dont les dogmes sont la liberté et la responsabilité individuelle. Toutes les sociétés occidentales sont construites autour de cette philophie. Cela donne le système de démocratie libérale (libéralisme politique) et l’économie de marché (économique).

Encore une fois, vous réduisez le libéralisme à l’ultra-libéralisme.

Garbun @ 2007-01-05 18:38:11

Vous rentrez dans le jeu des politiciens qui rajoutent "ultra" devant pour décrédibiliser la notion même de libéralisme. On pourrait de la même façon parler d’ultra socialisme, ça serait même bien plus justifié. (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Ultralibéral).

"Le libéralisme est d’abord une philosophie dont les dogmes sont la liberté et la responsabilité individuelle."

Précisément, et en France, on vous prend entre 50 à 60% de votre argent en taxes et impots en tout genre sans que vous ayez votre mot à dire. Ou est la liberté là dedans? Et quand un couple touche plus de 1000 euros d’allocations parce qu’ils ont choisi d’avoir beaucoup d’enfants, 1000 euros qui viennent de la poche des contribuables, ou est la responsabilité ?

Le libéralisme, c’est laisser les gens échanger librement, point. Ça n’empêche pas qu’ils puissent choisir d’eux-mêmes certaines règles (comme on le voit sur Internet).

Pour ce qui est des Etats-Unis, s’ils n’ont pas un système parfait, il est largement préférable au notre, et ce ne sont pas les idées reçues qui manquent. Voir : http://www.ifrap.org/5-lesavezvous/InegalauxUS.htm

Voir aussi cet article aussi drôle que limpide : http://users.skynet.be/maitredumonde/2006-08-25.htm

Reivilo @ 2007-01-05 19:07:25

Les politiques menées, quelles qu’elles soient, sont le produit d’un processus institutionnel libéral. Nous sommes sensés y avoir participé en tant qu’individus libres et responsables.

Quant aux USA : pauvreté, violence, pas de système de retraite par répartition, pas de système de santé publique, pollution, etc..

Garbun @ 2007-01-05 19:53:30

Le fait que nos gouvernants aient été élus ne prouve pas la légitimité du système de gouvernement, lequel n’a jamais pu être discuté par le peuple.

En ce qui concerne les USA, pour la pauvreté, voir le lien de mon post précédent, pour la santé publique il faudra me prouver que notre "modèle social" qui fonce dans le mur est une bonne chose, et pour les retraites, lire cet article de l’Agefi du 20 juin 2003 :

"L’Etat a prétendu qu’il lui revenait de prendre en charge ou de définir les régimes de retraite. Mais ce qui devait se passer s’est effectivement passé : parce qu’il privilégie le court terme par rapport au long terme, l’Etat a mis en place des systèmes de retraite par répartition et non par capitalisation. Ce choix permet de donner des satisfactions immédiates aux électeurs en fournissant une retraite décente aux plus âgés, grâce aux cotisations prélevées de manière obligatoire sur les générations au travail, tout en promettant à ces dernières de faire de même avec les générations suivantes. Ceci était particulièrement facile à une époque où la pyramide des âges était telle que les générations au travail étaient importantes par rapport aux générations de retraités. Mais la pyramide s’est inversée partout en Europe, alors que, simultanément, les progrès médicaux allongaient la durée de la vie et que les jeunes, prolongeant leurs études, entraient plus tard sur le marché du travail. Pour toutes ces raisons, il est connu de tout le monde, depuis au moins vingt ans, que le système des retraites est condamné à la faillite à plus ou moins brève échéance. Mais l’Etat - pourtant généralement considéré comme seul capable de décider rationnellement en fonction du long terme - a préféré ignorer ce qui était évident : la réforme des retraites étant douloureuse, les gouvernants ont choisi de ne rien faire et de laisser le poids politique des décisions à prendre à leurs successeurs."

Ensuite, comme je l’ai dit, les USA ne sont pas parfaits, on trouvera toujours à redire partout, le tout est de voir objectivement ce qui marche le mieux.

Henri Alberti @ 2007-01-05 20:24:42

Pour Garbun

Pour l’objectivité du débat ( en imaginant que cela ait un sens pour Reivilo et vous ) je ne vois pas pourquoi les liens sur votre post précédent seraient crédible.

Garbun @ 2007-01-05 21:16:07

Henri, s’afficher libéral (ou social, ou quoi que ce soit) n’empêche pas de se concentrer sur les faits et d’être objectif.

Par exemple, le fait pour quelqu’un qui fait l’apologie de la science d’être lui même scientifique ne rend pas pour autant son argumentation subjective et dénuée de crédibilité.

Henri Alberti @ 2007-01-05 21:46:41

Garbun:

« Le marché du travail français est tout sauf libéral, il y a un rejet général de l’économie de marché, tout est fait pour que la création d’entreprise soit un enfer : bureaucratie, charges sociales, règlementations à n’en plus finir, etc. Tout est bloqué et prédéfini, ce n’est pas ma définition du libéralisme… Résultat, les entreprises délocalisent et la France s’appauvri. »

C’est une interprétation et non une démonstration.

« Vu dans le magazine l’Entreprise de ce mois-ci : une enquête reposant sur 500 dirigeants de très petites entreprises (TPE) française et 1000 dirigeants de TPE américaines a monté que, à la question “Que représente aujourd’hui votre entreprise à vos yeux?”, les patrons américains répondent “c’est un gage de tranquilité et d’indépendance”, tandis que pour les patrons français, ce sont “les responsabilités et les tracas”… »

Un sondage dans la revue l’Entrprise, qu’Est-ce que cela prouve ? Rien.

« Précisément, et en France, on vous prend entre 50 à 60% de votre argent en taxes et impots en tout genre sans que vous ayez votre mot à dire. Ou est la liberté là dedans? Et quand un couple touche plus de 1000 euros d’allocations parce qu’ils ont choisi d’avoir beaucoup d’enfants, 1000 euros qui viennent de la poche des contribuables, ou est la responsabilité ? »

Ces enfants paieront les retraites de tout le monde ( créateur de famille nombreuse ou pas ), mes propos sont un peu simpliste, autant que ce qu’ils commentent.

« En ce qui concerne les USA, pour la pauvreté, voir le lien de mon post précédent, pour la santé publique il faudra me prouver que notre “modèle social” qui fonce dans le mur est une bonne chose, et pour les retraites, lire cet article de l’Agefi du 20 juin 2003 : »

Je suis désolé ces informations ne sont pas fiables.

« Henri, s’afficher libéral (ou social, ou quoi que ce soit) n’empêche pas de se concentrer sur les faits et d’être objectif. »

S’afficher libéral ou social ou autre chose ne me pose pas de problèmes, et n’empêche pas d’essayer d’être objectif. Mon petit reproche concerne ce que vous appelez des faits et qui n’en sont pas.

Thierry Crouzet @ 2007-01-05 22:17:50

J’espère avoir éclairci une des principales confusions au sujet du libéralisme dans le dernier chapitre du cinquième pouvoir... Mon texte repose en parti sur ce billet.

Reivilo @ 2007-01-05 23:41:39

?!

Le libéralisme est l’idéologie du capitalisme ! Je ne vous comprends pas à un instant, je ne dirai pas grand-chose.

Vous devez savoir que dans l’histoire, toutes les sociétés se caractérisent par des rapports dominants / dominés. Vous n’avez qu’un dogme, la liberté. C’est un peu court.

Sur l’intervention étatique que l’on observe aujourd’hui dans toutes les économies libérales peu ou prou, il s’agit en fait de réguler une économie de marché qui ne s’auto-régule pas !

Garbun @ 2007-01-06 01:04:24

"Sur l’intervention étatique que l’on observe aujourd’hui dans toutes les économies libérales peu ou prou, il s’agit en fait de réguler une économie de marché qui ne s’auto-régule pas !"

Pour reprendre vos propos, c’est une interprétation et non une démonstration.

Garbun @ 2007-01-06 01:35:14

Erratum, c’étaient les propos d’Henri alberti, mais mon message tiens toujours.

Albert LI @ 2007-01-06 10:22:38

Pour tout savoir sur le libéralisme :

http://bastiat.net/fr/cercle/rencontres/savez-vous.html

Iza @ 2007-01-07 15:36:46

@Henri : hi hi, je vois que la nouvelle année ne vous entame pas le moins du monde, bravo pour votre intervention, je la trouve parfaite.

@Reivilo et Garbun : je me demande si votre discussion a lieu au bon endroit. Vous vous livrez à une bagarre purement idéologique, en utilisant du coup des arguments qui n’en sont pas vraiment. En d’autres mots vous vous jetez vos grands principes à la face, vos préjugés et vos représentations et "point". Or, il me semble (et j’ai beaucoup pratiqué sur ce site à ce sujet), que c’est là une attitude purement "ancien monde". L’avenir passe par une déconstruction de tout ça, et sur tous les sujets. Il nous faut devenir capables d’interroger nos représentations et d’en débattre. Par exemple, si je laisse parler mon instinct, les propos de Garbun me font grimper aux murs, et j’ai toujours pensé (sans le connaitre vraiment d’ailleurs), que Bastiat était un grand facho. Et puis alors ? si je me jette dans la bataille pour vous dire (comme je le fais parfois d’ailleurs) tout le mal que je pense des affreux grands méchants qui pensent comme vous... à quoi cela va t-il servir ?

En revanche, si nous apprenons à nous connaitre, si j’arrive à décoller le mot "libéralisme" de tous les clichés que j’ai pu y accoller depuis longtemps : alors il me devient possible d’exercer vraiment mon sens critique et je peux donc me demander ce que vaut réellement telle ou telle idée, indépendamment du sac d’où elle est tirée. ça nous oblige donc ensuite à en débattre avec précision, à en creuser le sens.

Et comme beaucoup sur ce site, je pense que nous n’y arriverons que comme ça. A cause de la complexité des problèmes et de l’intelligence des réponses à trouver.

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