La participation est à la mode, merci à Ségolène Royal notamment. J’ai tendance souvent à parler de démocratie participative moi aussi car je crois qu’elle serait un progrès, mais je préfère encore parler de démocratie collaborative. La collaboration, le peering comme disent parfois les anglo-saxons, est le mécanisme central du cinquième pouvoir.
Ces derniers jours, j’ai pris conscience qu’il pouvait y avoir participation sans collaboration, que la participation seule était encore un moyen d’endormir les citoyens (nouvel opium du peuple). Quand j’étais à l’école, jamais je ne levais le doigt pour répondre aux questions (surtout quand je connaissais les réponses). Je ne participais donc pas. D’autres le faisaient. Mais ils ne collaboraient pas les uns avec les autres. En tout cas, les questions posées par l’institutrice qui les poussaient à participer ne les incitaient pas à collaborer.
Ségolène Royal me fait penser à une instit. Elle pose des questions, elle reçoit des réponses éparses, puis elle en fait sa salade… c’est très vieux jeu comme méthode politique. Moins archaïque que de ne pas poser de question mais c’est loin de l’esprit collaboratif qui anime le cinquième pouvoir, en tout cas son avant-garde qui construit le web depuis quelques années.
Si vous voulez écrire une définition sur wikipedia, vous ne pouvez pas vous contenter de participer, c’est-à-dire pondre votre texte et vous en désintéresser. Vous devez dialoguer avec tous ceux qui viendront le modifier, le critiquer, le compléter… Collaborer c’est travailler ensemble, c’est profiter de l’intelligence de tous.
Pour moi, le cinquième pouvoir ne peut advenir que grâce aux nouveaux outils de collaboration massive. Nous ne sommes qu’au début de cette aventure.
Certains critiques affirment que les hommes n’ont pas changé, donc qu’ils ne changeront jamais. L’homme n’a peut-être pas changé, mais les outils à sa disposition oui. Ça fait toute la différence. Génétiquement l’homo sapiens-sapiens n’a pas beaucoup évolué depuis 150 000 ans et pourtant il ne vit plus comme avant. Il y a 2500 ans en Grèce, il inventa la démocratie. Aujourd’hui, il dispose des outils pour inventer la démocratie 2.0. Ça change tout.