Je me pose cette question parce que j’ai été invité ce soir à 19h15 sur RFI à débattre avec Philippe Breton, l’auteur du Le culte de l’Internet. J’avoue que je ne connais pas le bonhomme et que je me suis précipité sur google pour voir de qui il s’agissait.

Les résultats m’ont tout de suite fait comprendre que mon contradicteur, prof à la Sorbonne, n’était pas un usager averti des nouvelles technos : pas de site personnel, pas de blog et une des premières pages trouvées à son sujet est même un article d’uZine où il se fait malmener.

J’ai donc commencé par lire cet article (et les commentaires associés). J’ai compris tout de suite que RFI avait tapé dans le mile. Il allait être facile de nous opposer. Quand je parle d’internet, je me trouve en général face à plusieurs types d’interlocuteurs (parfaitement décrits par Axel dans sa critique de mon livre) :

  • Utopistes. Ils affirment par des grands discours qu’internet est l’avenir de l’homme et prépare l’avènement d’une conscience globale. Je m’entends en général avec eux même si je les trouve souvent trop illuminés.
  • Sceptiques. Pour eux, internet loin de nous donner une chance de nous en sortir serait une nouvelle incarnation du malin. J’ai l’impression, c’est une impression trop rapide à coup sûr, que Philippe Breton appartient à cette catégorie. Il aime sans doute rappeler les échecs et les travers d’internet, oubliant toutes les expériences positives.
  • Pragmatiques. Internet est un outil qui démultiplie nos moyens d’action. Il serait stupide de s’en priver. Aujourd’hui beaucoup de politiciens appartiennent à cette catégorie.
  • Expérimentateurs. Ils croient qu’internet peut aider à changer la société mais ils ne se contentent pas de rêver tout haut. Ils se sont mis au travail. J’avoue me ranger dans ce camp car je ne vois pas comment régler les problèmes climatiques, écologiques et sociaux sans adopter des méthodes radicalement nouvelles (Open Source, collaboration…) qu’internet permet de mettre en œuvre.

Entre un sceptique et un expérimentateur qui met les mains dans le cambouis, l’incompréhension sera sans doute au rendez-vous. J’essaie de ne pas en savoir plus sur Philippe Breton, je n’ai d’ailleurs pas le temps.

Je ne peux m’empêcher toutefois de penser qu’il est absurde de prétendre qu’il existe un culte d’internet. Qui en a écrit le rituel ? Qui en règle la liturgie ? Je ne vois vraiment pas.

Interner n’est contrôlé par personne, il émane des citoyens qui décident d’en devenir les entrepreneurs, aujourd’hui plus que jamais d’ailleurs. Il y a autant de discours au sujet d’internet que d’utilisateurs. Internet est un outil d’une malléabilité sans précédent. On peut s’en servir pour faire fortune, pour blanchir l’argent, pour réinventer la politique… Le meilleur se mêle au pire. À mon sens, internet propose à chacun des citoyens un levier pour démultiplier sa puissance d’action et surtout sa puissance à collaborer… ce qui permet l’émergence, entre autre, du cinquième pouvoir.