J’ai signé parce Bobé représente une tendance qui doit s’exprimer, c’est la démocratie. Je crois que la politique a autant besoin de diversité que la biosphère, la diversité est une condition nécessaire à la survie et, surtout, à l’expérimentation évolutive. Comme nous vivons une époque de défis, nous avons besoin de maximiser les possibilités, donc nous ne devons négliger aucune approche. J’ai théorisé ce point de vue dans le chapitre sur la longue traîne dans Le cinquième pouvoir.

Par ailleurs, Bové n’appartient à aucun parti, c’est un homme de réseau, un politicien bien plus moderne que nos vedettes enkystées dans des structures désuètes. Le mouvement qui l’a poussé à se présenter s’est construit de lui-même, justement contre les appareils, ceux du PC par exemple. Tout s’est fait à partir de la base, dans l’esprit bottom-up qui anime tous les altermondialistes.

Mais quelle catastrophe que la déclaration faite par Bové pour annoncer sa candidature. L’altérité a vite été oubliée pour être rattrapée par le bon vieux clivage gauche-droite. Bové s’est simplement positionné à l’extrême gauche… exprimant des vues d’un traditionalisme consommé. Je ne vois pas où caser le mot alter… Bové s’est exprimé comme un gauchiste, c’est tout. Et il a manqué l’occasion de rassembler au de-là des vieux clivages.

Les contradictions entre le mouvement qui a porté Bové et son discours me font mal. Le bottom-up se retrouve écrabouillé par une volonté régulatrice et étatique top-down. Bové évoque le besoin « d’un plan d’urgence sociale », on croirait entendre Staline.

Si des plans marchaient, nous le saurions et l’Union Soviétique ne se serait pas effondrée. Bové, encore un, veut nous faire croire qu’il a la solution à tous nos problèmes. En prime, il veut les régler avec les méthodes à la source même des problèmes.

Comment peut-on oser se définir antilibéral ? Je sais que c’est une opposition au libéralisme économique dont il s’agit, mais dans le discours je découvre une opposition à la liberté tout court.

Tout est mélangé. Le salaire des patrons et le fait que le capital soit rémunéré plus que le travail. Mais ce n’est pas nécessairement lié, c’est là où on pouvait attendre un discours autre. Avouer qu’il n’y pas de mal à gagner de l’argent mais que se servir de cet argent pour assurer une forme de dictature économique pose un problème.

Mais Bové ne fait aucune nuance : l’argent est sale… il oublie que c’est en travaillant qu’on le gagne, même si on est un patron. Je suis pour l’insurrection contre le libéralisme économique mais il ne faut pas dire n’importe quoi.

Un autre monde est possible mais pas celui que Bové va essayer de nous vendre en l’emballant avec son idéologie néo-communiste.