Casabaldi m’a conseillé de visionner cette vidéo pour réviser mon jugement au sujet de Bové. Bravo pour le discours sur les médias et sur la nécessité de la diversité des mondes. Sans diversité, nous ne ferons pas face à la crise écologique. Mais le début de la vidéo m’a fait bondir.

Bové parle de la nécessité pour tous les pays de garder la souveraineté alimentaire, gage d’indépendance. Mais pourquoi se limiter à l’agriculture ? Et la souveraineté intellectuelle, technologique, énergétique… La souveraineté n’est plus possible dans notre monde. Personne ne peut avoir les clés de toutes choses ou même d’une seule chose. Nous sommes entrés définitivement dans une époque d’interdépendance.

Si on pousse le résonnement souverainiste au bout, on en revient à la vieille logique des États-nations, chacun faisant la loi chez lui et on oublie qu’il existe des problèmes globaux. L’indépendance est aujourd’hui dangereuse, la souveraineté est dangereuse comme je le dénonce à la fin du cinquième pouvoir.

Oui, il est important que chacun de nous puisse choisir ce qu’il mange sans subir les dictats de quelques géants de l’agroalimentaire. Oui, il est important que nous soyons libres de notre alimentation. Oui, il est important que les paysans puissent choisir leurs semences. Oui, il est important que les groupes alimentaires qui polluent soient surtaxés pour que leurs produits soient vendus à leur juste prix, ce qui n’est bien sûr pas le cas aujourd’hui, ce qui interdit une véritable alternative.

Au fond, je veux bien admettre que c’est ce que pense Bové. Mais il ne le dit pas comme ça. Quand il parle de souveraineté, j’ai l’impression que c’est Le Pen qui parle. Ce n’est pas en imposant la souveraineté de quoi que ce soit que nous changerons la situation. Un pays peut être autonome alimentairement mais la nourriture venant de l’extérieur peut toujours être moins chère pour les habitants du pays. À moins que le pays ne ferme ses frontières… et on revient au vieux modèle souverainiste.

La seule solution pour sortir de cette spirale est de prendre en compte les externalités négatives comme le souhaitent les alters et tous les gens lucides aujourd’hui. Mais ce n’est pas en élevant des murailles aux frontières comme le sous-entend Bové.

Il parle d’idées telles que redistribution des terres ou la fixation des prix… comme si c’était si facile, comme si le problème alimentaire était indépendant du reste de la société. Non, il ne faut pas fixer les prix, il faut imposer la prise en compte de tous les coûts. Il faut poursuivre ceux qui pillent la nature. Ce sont des bandits.

Si Bové pense ça, bravo, mais je ne l’entends pas dire ça. Il propose des solutions dirigistes, fixation des prix par exemple, qui ne règleront aucun problème.