Ce billet a été écrit comme réponse à un commentaire de Krysztoff suite à mon billet de ce matin.

  1. Un monde ou nous voterons continument ne sera pas une démocratie d’opinion mais de décision. Le vote dynamique n’aura jamais, à mon sens, de vocations globales mais uniquement locales (plutôt métalocales). Les gens voteront en dernier recours quand ils seront incapables de s’entendre. Je crois même que nous pourrons nous affranchir du vote lorsque nous aurons développé des plateformes collaboratives performantes. Le global jaillira de la juxtaposition des décisions locales (c’est ainsi qu’internet jaillit de l’interconnexion d’une myriade de réseaux).
  2. La question de la peine de mort ressort souvent quand on parle de démocratie directe. Si la majorité des citoyens sont pour la peine de mort, faut-il la rétablir ? Je n’en sais rien bien que je sois totalement contre. À mon sens, c’est à ceux qui sont contre de faire changer d’avis ceux qui sont pour. Internet peut beaucoup aider dans cette tâche. Sinon, si une minorité impose sa décision, c’est une dictature (qu’elle soit éclairée ou non ça ne change rien).
  3. Si malgré tout les partisans de la peine de mort restent majoritaires que faut-il faire ? La rétablir ou non ? Personnellement, je mets en doute le principe majoritaire. Certaines décisions pourraient être prises avec 20 % des suffrages, d’autres avec 90 %. Pourquoi toujours mettre arbitrairement le curseur à 50%.
  4. La nécessité même de devoir utiliser un curseur est dangereuse car il faut quelqu’un pour fixer le curseur et quelqu’un pour désigner celui qui fixe le curseur et ainsi de suite. La régression à l’infini nous conduit tout droit à la dictature d’une élite. Dans une vraie démocratie, il faudrait s’affranchir des curseurs. Le mode collaboratif me paraît la meilleure méthode même si nous tâtonnons encore beaucoup.
  5. Ce n’est pas les États-Unis mais la Corée su Sud qui a le plus fort taux de pénétration d’internet, c’est d’ailleurs un détail. Tous les pays vont tendre vers des taux de 90% assez vite. Une fois internet installé, les gens vont devoir apprendre à s’en servir. Je n’ai jamais prétendu qu’il y avait une équivalence entre taux de pénétration et éveil de la conscience collective. Je milite pour cet éveil, je sais que ce n’est pas gagné. Nous devons tirer l’humanité en avant pas l’encadrer par des barrières de barbelés arbitraires.
  6. L’idée que les élus seraient des remparts contre la médiocrité des citoyens me hérisse le poil. Les élus sont des citoyens comme les autres, avec les mêmes faiblesses, avec même plus de faiblesses car ils subissent des pressions terribles. Tolstoï l’explique magistralement dans La Guerre et la Paix. Si, sous prétexte qu’ils ont été élus, les élus nous imposent leurs vues, même l’abolition de la peine de mort, c’est de la dictature. Pour moi, ils doivent faire des propositions qui doivent toutes êtres soumises aux citoyens, car aucun élu n’est un expert (et surtout pas avec son entourage de dit experts dont la neutralité est douteuse). Un élu doit être un guide, il doit aider les citoyens à vivre ensemble. Il peut vendre l’idée de l’abolition de la peine de mort mais ce n’est pas à lui de l’imposer. Il doit convaincre. Il doit éduquer. Il doit aider les mentalités à évoluer sinon il ne construira rien de solide.
  7. Militer pour le cinquième pouvoir, c’est militer pour que les citoyens aient le pouvoir et non pas les califes qu’ils nomment de temps à autre. C’est à mon sens un engagement de liberté car je ne dis pas aux citoyens ce qu’ils doivent penser mais je leur demande de penser. Alors oui, je me revendique un soldat du cinquième pouvoir, un soldat de la liberté pour tous. Je veux que cette vision triomphe contre la dictature des élites. Mais il ne s’agit pas de faire changer le vieux monde, non, il y a mieux à faire. En construire un neuf, à côté, au-dessus plutôt, et le rejoindront ceux qui en auront envie. D’autres mondes sont possibles.