Parfois, j’ai envie de vivre loin de France, dans un pays où je ne comprendrais pas la langue, à seule fin d’entendre moins de conneries. Hey ! On n’est plus au vingtième siècle !

Les gens qui publieraient les résultats des sondages du premier tour avant 20 heures dimanche seraient passibles de 75000 euros d’amende. La belle affaire pour le gouvernement car il va y avoir des centaines de publications, des milliers… cela en quelques fractions de secondes.

Les gens qui émettent de telles interdictions n’ont aucune idée des mécanismes du web. Publiez quelque part une information, les robots vont la dévorer, la référencer, la reproduire, la propager… sans aucune intervention humaine.

Dimanche faut-il arrêter internet ? Et pas seulement en France mais partout dans le monde ? Alors il va falloir attaquer Google, Yahoo, MSN et tous les autres robots, même mon bonVote.com qui aspire le web politique.

Ça nous fera une affaire juridique de plus, après l’attaque en diffamation que nous inflige le couple Royal-Hollande, tout ça parce que notre robot a copié pendant quelques heures un billet publié par PalaisRoyal.com, billet jugé diffamatoire.

Nous vivons dans un pays de crétins politiques.

Le couple à la tête du PS a-t-il aussi attaqué Google Actualité, Yahoo Actualité et tous les autres sites d’agrégation de contenus ? Veut-il qu’internet cesse de fonctionner ? Car sans robot, sans machine à créer du lien, à structurer le web, le web n’existe pas.

Quand j’entends dire que cette campagne présidentielle a été la plus web de l’histoire, je ris. Si elle a été web, c’est grâce aux citoyens, pas grâce aux politiques qui ni comprennent rien. J’applaudis Loïc quand je vois qu’il a cessé les billets politiques. Laissez-nous tranquilles, nous construisons un autre monde où vous n’aurez pas de place, que vous le vouliez ou non.

Nos journalistes prestigieux et nos politiciens informés, avant de lâcher leurs conneries contre la publication anticipée des sondages, n’ont-ils pas essayé de se remémorer les élections antérieures ? Depuis quelques années, tous les internautes savent que tous les sites des médias européens publient en avances les résultats. Il suffira de visiter le site du Temps ou Du soir comme l’a expliqué Aureliano Buendia.

En voulant attaquer ceux qui propagent l’information sur le web c’est comme si, à chaque crime, on attaquait les fabriquants d’armes, puis tous ceux qui ont été impliqués dans la chaîne de fabrication. Le problème n’est pas de savoir qui propage l’information mais qui la diffuse (c’est-à-dire qui appuie sur la gâchette).

Si vous ne voulez pas les résultats des sondages à l’avance, interdisez les instituts de diffuser leurs données, interdisez-leur même de procéder à des sondages. Mais vous ne le ferez pas, car vous avez besoin de ces chiffres, vous politiques, pour préparer vos réponses, vous journalistes, pour organiser votre grande foire du 20 heures.

Pour qui se prennent ces messieurs qui ne respectent pas les règles qu’ils imposent à tous les citoyens ? Pourquoi auraient-ils le droit de savoir avant les autres et pas nous ?

Nous nous retrouvons face à un nouveau point de clivage entre l’ancien et le nouveau monde, celui qui veut tout contrôler et diligenter, celui qui aime la transparence. Si des données existent, elles doivent être communiquées à tous.

Ça ne faussera rien du tout. Ça changera les règles, c’est tout. En Corée du Sud, en 2002, la publication des sondages en temps réel donna lieu à un tantastique sprint final. Et puis comme si les médias n’avaient pas cherché à tout fausser depuis le début en imposant la bipolarisation ?

Me voilà très remonté ce matin.

Et je continue…