Pourquoi tous les chiffres produits par les fonctionnaires ne sont-ils pas publics ? Pourquoi les données brutes, avant analyse, ne sont-elles pas accessibles ? Pourquoi certains petits fonctionnaires en chef se donnent-ils du pouvoir en faisant régner la censure ? En conséquence de quoi les rumeurs ne cessent de circuler. Beaucoup de gens perdent un temps fou à commenter des fausses informations ou faire des plans sur la comète. En parallèle, nos politiciens s’entre-déchirent sur du vent.
Si nous disposions de tous les chiffres, nombre de débats n’auraient pas lieu et nombre de problèmes seraient plus simples à résoudre. La transparence qui devient une arme économique devrait aussi devenir une règle de gouvernance.
Un ami qui travaille à l’ANPE m’a expliqué que les chiffres du chômage, entre autres, étaient assez difficiles à obtenir même pour les gens du sérail. Les bases de données sont cloisonnées à l’intérieur des services de l’État, chacun des fonctionnaires cherchant à défendre son territoire.
Après avoir lu des articles sur actuchomage.org, mon ami a voulu connaître la réalité. Il a finit par obtenir les chiffre pour son département, l’Hérault :
45 300 demandeurs d’emploi dénombrés par les statistiques officielles, soit un taux de chômage de 12,3%.
Si nous avions accès à toutes les données, nous pourrions vite découvrir que ce chiffre est totalement arbitraire. Il ne recouvre en fait que les chômeurs de catégorie 1. Et, dans l’Hérault comme ailleurs, il y a beaucoup d’autres catégories passées sous silence par les statistiques du gouvernement.
- 16 000 chômeurs dans les catégories 2 (à la recherche de temps partiel) et 3 (à la recherche de travail saisonnier).
- 20 000 chômeurs dans les catégories 4, 5, 6, 7, 8 (en formation, malade, en fin de contrat…).
- 7 000 chômeurs dispensés de la recherche d’un emploi (+ de 55 ans non indemnisés, + de 57,5 ans indemnisés par l’Assedic…).
- 25 000 allocataires du RMI sur les 36 000 que comporte le département et qui ne sont pas inscrits à l’ANPE.
Bilan : 45 300 + 16 000 + 20 000 + 7 300 + 25 000 = 113 600 personnes, donc assez loin des 45 300 officiels... Et le taux de chômage s’envole à 31%.
Le même calcul peut être repris pour la France. Nous découvrons alors qu’au moins plus du quart des citoyens sont en situation précaire. Mais tout irait bien, même de mieux en mieux, selon le discours officiel ! Cherchez l’erreur.
Si toutes les données étaient disponibles, nous pourrions tous clairement comparer leur évolution. Mesurer par nous-même si le chômage baisse effectivement comme l’affirme le gouvernement.
Nous pourrions évaluer la porosité des catégories. Voir si l’une baisse au détriment d’une autre. Le taux de chômage de la catégorie 1 peut en effet baisser alors même que celui des autres catégories augmentent. Pour affirmer qu’il y a un mieux, il faut regarder tous les chiffres, chiffres qui ne sont jamais discutés ouvertement.
Nous autres citoyens devrions exiger l’accès à toutes les données objectives produites par les services que nous finançons avec nos impôts.
Nous devrions exiger le droit de nous informer par nous-mêmes.
Internet nous offre les moyens techniques de mettre en application ce droit.
En attendant, nous vivons dans une société dominée par la propagande. Toutes les données sont manipulées pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Dans de telles circonstances, le doute et la suspicion règnent. En l’absence de sérénité, il est impossible de construire un monde plus harmonieux. Il devient alors facile de traiter les uns de dictateurs en puissance, les autres d’incompétence notoire.
Si nous ne voulons plus d’une France qui se critique sans cesse, donnons aux Français les moyens de mettre terme aux conversations stériles. Une fois les données en mains, nous connaîtrons nos vrais points faibles et pourrons enfin essayer de les résoudre.