C’est un peu vanné, au moment d’aller me coucher, que je tombe sur ce papier de Samuel Autheuil. Dans ces cas, la sagesse suggère de laisser passer au moins la nuit avant de répondre. Mais ma fatigue du soir répond à une fatigue beaucoup plus grande d’entendre à longueur de journée les mêmes approximations.

Nous vivons une époque où tout le monde juge de tout sans trop savoir de quoi il s’agit. C’est un air du temps que les blogs ne font qu’amplifier. Tout le monde peut parler, alors tout le monde parle. C’est bien, c’est par là que le cinquième pouvoir réussira à s’exercer le jour où il aura tracé ses autoroutes pour les idées. Pour le moment, en place d’autoroutes, nous avons partout des impasses.

Internet représente une force, un vecteur de changement profond, mais il n’est pas là où Thierry Crouzet et d’autres ont cru le voir. Les blogs resteront des médias de niche, car uniquement numériques et donc virtuel. Il ne peut y avoir de « second life » que s’il y a déjà une « first life », une vie réelle. Le vrai pouvoir, il est dans la vie réelle.

J’ai l’impression de prêcher dans le vide quand je lis des choses comme ça. Je suis le premier à ne faire que répéter que la révolution en cours pourrait se jouer sans internet. Maintenant que l’idée d’un véritable pouvoir citoyen est née, elle peut faire son chemin par devers toutes les technologies.

Par ailleurs, la vie virtuelle ça n’existe pas comme semble le croire Autheuil. Il y a de la vie, c’est tout. Peu importe avec quels médias les gens s’expriment.

Pour la niche, oui bien sûr. Sauf que 1 c’est faux. Aux États-Unis, plusieurs dizaines de blogs se sont déjà glissés dans le top 100 des médias. 2 les niches sont justement la chance du cinquième pouvoir… par l’intermédiaire des longues traînes.

C’est parce que nous nous dirigeons vers des marchés et des politiques de niches que les petits vont pouvoir de plus en plus facilement faire entendre leur voix.

Je l’ai dit et redit la présidentielle n’est pas une élection propice à l’émergence d’un cinquième pouvoir car cette élection se joue dans le domaine des best sellers. Il en ira tout autrement pour les municipales en 2008, en tous cas si des citoyens prennent en mains les nouveaux outils à leur disposition