En théorie, je suis pour l’énergie nucléaire. Je pense qu’elle est un moindre mal, en tout cas moins pire que le pétrole ou le charbon. Pour réduire les dégagements CO2, c’est une très bonne solution.

Problème : je ne veux pas d’une centrale près de chez moi. Du coup, je suis obligé, pour cette seule raison, d’être contre le nucléaire. Car, si je ne veux pas de centrale près de chez moi, je ne peux pas demander à d’autres citoyens de se sacrifier pour moi.

Ma position n’est pas écologique puisque écologiquement le nucléaire est peut-être la moins pire des solutions : il vaut mieux laisser aux générations à venir des déchets radioactifs dans des zones localisées plutôt qu’une atmosphère globalement détériorée (c’est la position que défend Lovelock dans son dernier livre).

Pourtant, si je suis théoriquement pour le nucléaire, je suis affectivement contre. Et je le suis doublement depuis que j’ai vu Leçon de recrutement, le film #15 d’Antoine.

En cas d’incident nucléaire, seriez-vous prêt à passer quelques minutes à colmater les brèches de la centrale ? Seriez-vous prêt à devenir un « liquidateur » ? À Tchernobyl, selon Antoine, 800 000 liquidateurs se firent irradier pour sceller le réacteur endommagé !

Non, je ne suis pas prêt et je suis donc contre le nucléaire (après m’être moqué pendant des années des écologistes qui étaient aussi contre). Que tout ceux qui se disent pour deviennent liquidateur et signent pour avoir une centrale près de chez eux.

À cause de ma poltronnerie et mon goût du confort, ma préférence va aux énergies renouvelables. Je me moque qu’elles ne soient pas rentables, je les choisis par principe (c’est pour ça que je prépare l’installation du solaire chez moi pour un prix prohibitif).

Il faut arrêter de mettre en avant le principe de rentabilité. Quand il en va de sa survie, on se moque de la rentabilité. Il doit en aller de même quand il s’agit de la survie de la biosphère.

Certains disent que, même en se moquant de la rentabilité, les sources alternatives seront incapables de produire suffisamment d’énergie. Je ne le crois pas. Nous vivons une phase de progrès exponentiel. Il faut une vingtaine d’années pour construire une centrale atomique. En vingt ans, le rendement des piles photovoltaïques aura au minimum doublé, l’électricité solaire sera alors abondante et économique. Sans parler des autres pistes comme la production d’hydrogène par photosynthèse, la géothermie ou les piles bactériennes.

Refusons les sources d’énergie que nous ne voulons pas près de chez nous.