Depuis son installation fin 2000, ma chaudière à gaz donnait des signes de faiblesse. En janvier, elle m’a lâché. J’ai installé un cumulus pour l’eau chaude, j’ai fait quelques feux dans la cheminée, ajouté des chauffages d’appoint et nous avons passé l’hiver.

Il est maintenant temps d’installer le solaire. J’étudie la question depuis un an et j’ai pas mal tourné en rond. Notre cahier des charges : nous couper le plus possible des énergies fossiles. Nous voulons renoncer au gaz mais nous n’avons rien contre l’électricité.

Même si ma position sur le nucléaire est ambigüe, je suis obligé de constater que, en France, l’électricité est une énergie propre, soit nucléaire, soit hydraulique. Par ailleurs, les panneaux photovoltaïques progressent beaucoup en ce moment, sans parler des micro-éoliennes. L’électricité propre devrait devenir de plus en plus abondante.

Partant de-là, je croyais qu’il existait une solution écologiquement compatible. Vous allez voir que ce n’est pas gagné. Pourtant ma maison ne pose pas de difficultés particulières :

  1. Elle est située dans le midi au bord de l’étang de Thau.
  2. Elle est orientée plein sud, super isolée, avec des grandes baies vitrée.
  3. Il y a sur le toit de la place pour 16 m2 de panneaux.
  4. La surface habitable de 200 m2 est pourvue d’un chauffage au sol.
  5. Nous sommes quatre (je ne suis pas encore habitué à ce chiffre).
  6. Nous payons 1200 euros/ans de gaz.

J’ai alors consulté trois professionnels, puis en désespoir de cause un parent qui travaille dans le domaine. Tous proposent la même solution.

Une centrale solaire fabrique de l’eau chaude grâce à des panneaux. Plus il y a de panneaux et plus le ballon de stockage de l’eau est grand, plus on s’autonomise.

Toutes les centrales peuvent produire l’eau chaude sanitaire. Certaines, appelées Combiné, peuvent servir d’appoint à un chauffage. Dans le midi, ont peut produire 80% de l’eau sanitaire et 40% du chauffage. Pour compléter, il faut une centrale traditionnelle.

Voici les solutions proposées.

  1. Combiné Viessmann (750 litres) avec 6 m2 de panneaux sous vide : 15 000 euro. Chaudière à granulés de bois en appoint (consommation estimée à 3 tonnes de granulés/ans) : 15 000 euro.
  2. Combiné Giordano (1400 litres) avec 12 m2 de panneaux : 18 000 euros. Pompe à chaleur air : 12 000 euros.
  3. Chauffe-eau solaire Frisquet (400 litres) avec 6 m2 de panneaux sous vide : 10 000 euros. Pompe à chaleur air : 12 000 euros

Et maintenant mes critiques…

  1. La première solution utilise une source d’énergie renouvelable, le bois, en complément. Malheureusement l’approvisionnement en granulés est cher (230 euros la tonne), il faut des camions, donc relâcher du CO2 sur les routes. Par ailleurs, la combustion du bois dégage aussi du CO2. Certes il pourra être refixé par la photosynthèse mais pas immédiatement. Comme les problèmes climatiques semblent nous pendre au nez, brûler du bois est juste moins pire que brûler des énergies fossiles. Ça paraît plus écolo mais c’est tout aussi nocif s’il nous reste peu de temps pour agir (ok… le bois en pourrissant dégage aussi du CO2).
  2. La seconde solution, avec son énorme ballon et ses grands panneaux (mais pas sous vides donc -20% d’efficacité), utilise le solaire à plein régime. Une pompe à chaleur électrique fournit le chauffage complémentaire. Deux problèmes. En été, les panneaux continuent de produire de l’eau chaude en grande quantité. À un moment donné, on ne sait plus trop quoi en faire. Pour refroidir l’installation, on peut chauffer une piscine mais, vivant au bord de l’eau, je n’ai pas de piscine. L’installateur me garantit qu’il n’a jamais eu de problème mais mon conseiller familial est sceptique. Tout comme une centrale à granulés bois, la pompe à chaleur est dans ce cas une énergie d’appoint de luxe.
  3. La troisième solution me paraît la plus rationnelle. Pourquoi combiner deux sources d’énergie alternative. Une pompe à chaleur peut très bien s’occuper de 100% du chauffage, enclenchant éventuellement ses résistances par grand froid (entre couvrir 60% et 100% du chauffage avec la pompe n’entraîne qu’un petit surcout). En revanche, il est logique de fabriquer l’eau chaude avec le solaire car le rendement est très bon.

Toutes ces considérations sont bien belles mais s’écroulent quand je regarde les chiffres. D’un point de vue économique, je n’ai aucun intérêt de passer au solaire. En tenant compte des détaxes, la solution 3 me coûte moins que le gaz au bout de 15 ans. À ce moment, l’installation sera-t-elle toujours opérationnelle. Oui en théorie seulement.

Bien sûr je pense que le gaz va augmenter durant les 15 prochaines années. Mais rien ne prouve que l’électricité ne suivra pas la même tendance.

Si j’étais rationnel, je réinstallerai le gaz. Mais non, je vais faire un effort, je vais opter pour la troisième solution, à moins que l’un de vous ne me montre que j’ai tout faux.

Je trouve par ailleurs cette histoire de détaxe très dangereuse. Dans nos calculs nous ne devrions pas les prendre en compte. En effet, si on installe le solaire comme moi pour des raisons écologiques, les coûts réels ont une implication écologique.

Si je dois travailler comme un fou pour payer ma centrale, je dépense de l’énergie, donc je pollue. Je suis loin d’être persuadé que le bilan écologique puisse être positif.

Par ailleurs, si les centrales solaires coûtent réellement aussi cher à fabriquer, c’est que leur fabrication consomme aussi beaucoup d’énergie. Ces énergies consommées de part et d’autres compensent-elles les gains très faibles obtenus après plus de vingt ans ?

J’ai tendance à dire que non à moins que les constructeurs ne se goinfrent sur notre dos, et sur celui de la planète. En fait, j’en arrive à cette conclusion. Quelques petits malins font des dérèglements climatiques leur business. Il faut se méfier de ceux qui, au premier abord, paraissent les plus propres sur eux.