Hier, après avoir écrit mon billet révolutionnaire, j’ai songé que La Nouvelle Origine appartenait à la catégorie des livres de connexion.

En tant que lecteur, j’éprouve diverses expériences. Certains livres me prennent au corps, j’y plonge, ils me font changer de monde. Ils appartiennent à la famille des Trois Mousquetaires, comme presque tous les livres de SF que j’ai lus adolescent, comme la plupart des polards. En ce moment, je suis d’ailleurs très Charles Williams.

D’autres livres m’informent. J’ai bien souvent du mal à les lire jusqu’au bout je l’avoue même s’ils m’apprennent beaucoup. Peut-être parce que je suis un lecteur très lent…

Enfin, certains livres m’électrisent, ils me mettent en mouvement et déclenchent des flots de pensées. Ils me donnent envie d’écrire à mon tour. Il me suffit souvent de lire une page pour avoir le cerveau en ébullition. La recherche du temps perdu me fait ça tout le temps, voilà pourquoi c’est un chef-d’œuvre.

Ces livres du troisième type réussissent ce tour de force en connectant des faits qui jusqu’alors étaient pour nous déconnectés. Ils forment en nous du réseau mental et ce réseau constitue notre richesse la plus précieuse.

J’avoue que, avec tous mes livres publiés ou non, j’ai poursuivi cet effet. Je ne cherche pas à divertir, je cherche à créer du réseau… ou peut-être à étendre le mien. Avec sa Nouvelle Origine, Philippe Lemoine nous incite à tracer des connexions nouvelles, à être plus intelligent d’une certaine façon, plus perceptif…

Les livres du troisième type dopent notre cerveau. Ce n’est pas une métaphore. Je crois que, comme certaines droguent, ils affectent la topologie cérébrale. Une fois lus, nous pouvons les oublier, ils nous ont modifiés pour toujours.

Je pense au journal de Gombrowicz, à celui de Tarkovski, aux écrits sur le beau de Rodin, à Siddhartha de Hermann Hesse, aux Confessions de Rousseau, à la correspondance de Flaubert…

Je viens de citer des monuments de notre littérature mais certains livres de connexions peuvent n’avoir aucun autre intérêt que de nous servir à un moment donné. Nous tombons sur eux quand il le faut et c’est tout. Il en va ainsi de nombreux livres de vulgarisation.

Les chefs-d’œuvre seraient alors les livres de connexions capables de traverser le temps.