En route vers le Médoc, j’ai écouté sur France Culture une émission au sujet de Théodore Sturgeon, un des grands écrivains de l’âge d’or de la Science Fiction américaine dont les romans m’ont enthousiasmé lorsque j’étais adolescent.

Par pacco
Par pacco

C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas s’empêcher de répondre à ses désirs, pour lui c’était la vie. Il ne s’aimait pas lorsqu’il était dans cet état mais il ne pouvait pas y changer grand-chose.

Je ressemble à Sturgeon. Mon vice est encore plus pénible et je préfèrerais être victime du sien. Je suis autoritaire. Je le sais et j’évite le plus possible les situations où je risquerais de me trouver en situation d’exercer un pouvoir.

Enfant, je jouais au dictateur avec mes amis, ne leur laissant aucun espace de liberté. Lorsque nous construisions des cabanes, j’étais le chef de chantier. Plus tard, lorsque je me suis retrouvé rédacteur en chef dans la presse, mon penchant prit une tournure dramatique car je découvris qu’il pouvait faire souffrir, les autres et moi-même.

J’ai depuis cherché à éviter toutes les positions qui demandent de l’autorité. Mais ce n’est jamais totalement possible alors j’expie mon penchant dans mes écrits tout comme le faisait Sturgeon.

Je combats avec acharnement l’autoritarisme, et la centralisation corolaire, parce que je sais, au fond de moi, qu’elles sont néfastes pour les hommes qui la subissent comme pour ceux qui l’exercent.

Si je suis génétiquement autoritariste, je suis intellectuellement libertariens. Chez moi, ces deux tendances seront à jamais inconciliables. Et j’imagine que les hommes de pouvoir me ressemblent mais, soit moins autoritaires, soit moins conscients, ils usent du pouvoir sans mesurer combien il réduit la liberté des autres, les empêchant de vivre pleinement, les empêchant d’utiliser au mieux leur intelligence. Au final, les hommes de pouvoir réduisent les possibilités offertes à l’humanité en voulant imposer celles qu’ils jugent les meilleures.