Parfois je me sens plus Américain que Français. Foucault ne me parle pas. Lors de son entretien avec Chomsky en 1971, il dit qu’il faut comprendre et critiquer avant d’agir. Il nie ainsi l’évolution. A-t-elle compris avant d’agir ? Non et nous ne fonctionnons pas différemment d’elle. Elle nous a engendrés d’ailleurs, plaçant en nous ce qui était en elle, faisant de nous des machines évolutives plus performantes.
Chomsky, lui, propose une solution. Elle n’est pas unique comme le dit Foucault, elle est une des solutions possibles… l’hyper-décentralisation associée à la responsabilisation.
Chomsky dit quelque chose de fondamental : nous ne pouvons pas concevoir une société dans les détails, nous ne pouvons qu’envisager quelques mécanismes généraux.
Il évoque en d’autres mots, parce qu’il ne les possédait pas à l’époque, l’auto-organisation. La société se construit d’elle-même à partir des règles élémentaires qu’acceptent ses membres. Ils ne peuvent prévoir ce que sera cette société. Ils peuvent simplement espérer qu’elle sera plus juste. Cette façon de voir les choses s’opposent à celle du communisme par exemple, qui avait essayé de tout penser, en vain.
Nous vivons dans un monde incertain, dit Chomsky. Cessez à tout prix de vouloir y glisser de la certitude en préalable à toute action.
Oui, Foucault est très Français. Chomsky, très Anglo-saxon. D’un côté, on a « je suis donc je pense » de l’autre « I do therefore I am ».
PS : En parlant de lutte des classes, Foucault donne l’impression d’être daté. Chomsky, à mon sens, traversera mieux le temps.