En juillet 1998, la France était heureuse parce que son équipe de foot avait gagné la coupe du monde. Nous avons besoin de victoire pour être heureux, des victoires sur les autres aussi bien que sur nous même comme je le disais au sujet des blogs.
Quand on veut que le monde change parce qu’il ne nous plait pas, on a plusieurs possibilités.
- On le fuit et vit dans sa bulle (j’ai souvent fait ça).
- On tente de faire la révolution en se plaçant hors du système (c’est ce que j’ai fait avec mes livres, notamment avec Le peuple des connecteurs).
- On tente de le changer de l’intérieur en faisant de la politique et en briguant des postes d’élu.
Mais le pouvoir séculaire existe et il lui reste encore la capacité de nous importuner par ses maladresses. Si nous pouvons nous désintéresser du pouvoir suprême, trop loin de nous, nous n’avons souvent pas la possibilité d’éviter le pouvoir local, incarné par un maire ou des conseillers municipaux. À cette échelle, le pouvoir est encore fort et, parfois, on ne peut fermer les yeux sur ses ratés ou son manque d’imagination.
Christophe Grébert, un des tout premiers blogueurs citoyens, a ainsi décidé de se présenter à la mairie de Puteaux et je le soutiens dans sa démarche. C’est au niveau local que nous devons nous engager, à cette échelle où de petits gestes peuvent faire de grandes différences, déjà en facilitant la vie de nos concitoyens, mais aussi en rencontrant d’autres actions locales qui, de place en place, se renforceront et se globaliseront. Au-delà de nos problèmes de voisinage, nous trouveront ainsi des solutions robustes aux dérèglements climatiques comme à nombre de défis globaux qui frappent aujourd’hui le monde.
Christophe a milité pendant six ans au parti socialiste. Il le quitte maintenant pour devenir un citoyen engagé. Il veut montrer que les clivages sont derrière-nous et que les défis d’aujourd’hui ne peuvent se résumer à une bipartition vieille de plus de deux siècles. Il croit que nous pouvons être responsables et prendre des décisions en fonctions des circonstances et non pas d’une ligne de pensée dogmatique. Pour lui, la participation de toutes les bonnes volontés à la vie de la cité n’est pas une utopie. Sur internet, nous réussissons à collaborer, c’est la preuve, s’il en fallait, que c’est possible même à très vaste échelle.
Christophe en se présentant court le risque de la défaite mais aussi de la victoire. Il passe de la contestation, qui ne nous engage pas, à l’action, de la théorie à la pratique. Il ne s’agit plus de dire que nous changeront le monde mais d’essayer de le changer dans une ville de France. J’espère que son exemple sera suivi.
Christophe a dans l’idée de joindre le e-parti proposé par Jean Michel Billaut, qui n’est pas sans rappeler le réseau libre : e parce qu’il serait né sur internet et qu’il profiterait de tous les outils numériques, parti parce qu’il rassemblerait tous ceux qui ne veulent pas s’engager dans le vieux clivage. Ce serait le parti de ceux qui n’en ont pas aussi bien que de ceux qui ne se contentent pas d’une seule étiquette. Il reposerait sur une charte minimaliste, mettant en avant les valeurs démocratiques, sociales et de liberté.
J’espère que Christophe l’emportera contre les vieux appareils nés après la révolution française et peu rénovés depuis.
Notes
- Dans e-parti, je n’aime pas le mot parti qui nous renvoie au passé. C’est un mot que tout le monde comprend, un mot fort pour communiquer mais qui évoque les structures centralisées de jadis.
- On peut utiliser parti en pensant sans cesse que c’est un non-parti comme le cinquième pouvoir et un non-pouvoir.
- Le mot le plus approprié serait réseau mais j’admets que cette appellation précise n’est pas vendeuse, c’est pourtant de cela qu’il s’agit.
- Le e-parti doit être transversal et non pas vertical. Il ne doit pas être pyramidal mais décentré. Il ne doit pas être exclusif : les membres des autres partis peuvent le rejoindre.
- Le e-parti doit mettre en avant toutes les idées liées à la pensée réseau, à commencer par la notion d’interdépendance. Qui dit interdépendance, implique de ne jamais considérer les problèmes selon une perspective nationale mais toujours mondiale. Les membres du e-parti sont pro-européens, pro-mondial.