Beaucoup de gens parlent de croissance comme si la croissance était définie, comme s’il y avait une essence de la croissance. On compare le PIB de divers pays et on découvre alors que la France se traîne en Europe et dans le monde. Commençons déjà par changer d’indicateur et découvrons chez nous de la croissance où les économistes qui portent des œillères n’en voient pas.

Cette redéfinition de la croissance serait un moyen de donner du baume au cœur à ceux qui doutent de leur pays. Réveillez-vous les autres ne sont pas plus en croissance que nous. Ils nous le font croire par quelques manipulations comptables. La croissance est un dogme que nous devons avoir le courage de remettre en question. Celui qui le fera le premier dans l’économie mondiale aura un avantage décisif.

L’art de vivre ! La longévité ! Le taux de suicide ! Le nombre d’artistes ! Le nombre d’amoureux ! Ces données pourraient être quantifiées pour aboutir à un indice de croissance. Un pays ne se porte pas bien juste parce que son PIB est en croissance. On peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, le PIB est un de ces chiffres arbitraires inventés par des mathématiciens médiocres.

Mais je suis d’accord au moins sur une ambition : il faut qu’il y ait croissance, je préfère parler d’évolution d’ailleurs, il faut que les choses changent pour que nous soyons heureux, peu importe la façon de mesurer cette croissance. L’immobilisme ne nous sied pas. Que faut-il donc faire ?

  1. Pour commencer, ne nous lançons pas dans la même croissance que les autres. Inventons des solutions originales qui procureront des avantages. Pensons en entrepreneur prêt à explorer de nouveaux marchés, des marchés avec de nouvelles règles. Cessons de jouer avec les règles inventées par les autres parce qu’elles leur conviennent.
  2. On nous fait croire que la mondialisation s’accompagne d’une uniformisation des règles. Cette idée d’uniformisation nous est martelée par ceux la-même qui forgent les règles. Ne les écoutons pas sinon, à leur jeu, nous serons toujours à la traîne.
  3. La mondialisation correspond, en fait, à une interdépendance sans précédent de tous les hommes, de toutes leurs activités, de toutes leurs économies. Cette interdépendance ne sera féconde que dans la diversité, chacun de nous doit faire valoir la sienne, notre pays aussi. Sans diversité, les rencontres entre les individus, les entreprises et les pays ne créent aucune richesse.
  4. Il y a de la croissance quand on produit plus. Pour produire plus, sans dépenser plus, il faut prendre les ressources humaines là où aujourd’hui elles servent peu. Je vois une solution toute simple : réduire les hiérarchies au profit de la production. Il faut aplatir les pyramides et penser réseaux. Appliquée à l’éducation nationale, cette méthode donnerait : plus de profs, moins d’administratifs.
  5. Cet aplatissement met l’homme au cœur du système et non plus l’entité à laquelle il appartient. Lorsque l’homme occupe le centre, il devient responsable, donc il entreprend, il invente, il innove. Nous arrivons à la seconde face de la croissance : non pas produire plus mais produire ce qui n’existe pas encore ou produire autrement ce qui existe déjà (et qui polluait par exemple).
  6. Cet objectif, capital dans le monde technologique, n’est envisageable que si l’homme responsable est libre. Il faut donc libérer les contraintes (fiscales, juridiques, politiques…).
  7. La croissance ne peut se concevoir en vase clos, dans le cadre des frontières nationales. L’homme libre et responsable doit penser en citoyen du monde. Il doit sans cesse tenir compte de l’interdépendance et penser à adresser cette interdépendance. Tout reste à inventer dans ce domaine. Les Nord américains, tant décriés pour leur manque de civisme écologique, travaillent pourtant sur les technologies propres de demain. Nous serons en croissance si nous participons à une croissance durable.
  8. Une fois libres et responsables, une fois débarrassés des pesanteurs hiérarchiques, nous ne pouvons plus nous organiser comme une armée, avec ses petits chefs, mais nous devons nous auto-organiser. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour faciliter les communications transversales. Le développement d’internet et du très haut débit est un de ces moyens. Nous devons aussi rétablir le dialogue intergénérationnel, profiter de l’expérience de tous. Nous devons réapprendre à nous parler dans la rue et dans les cafés. Nous devons être des messagers les uns par rapport aux autres et cesser de nous asservir aux médias qui dispensent d’une information unidirectionnelle.

Pour libérer la croissance, il faut donc avant tout une révolution structurelle. La France est en retard. Nous vivons encore à l’époque du management paternaliste, incarné d’ailleurs par Sarkozy omniprésent/omnipotent.

Cassons justement cette façon de faire. Les mesures techniques n’auront aucun effet. Il faut produire un électrochoc sur les Français en leur remettant les clés du pays.

L’État doit commencer par faire sa révolution structurelle, montrer qu’elle est possible, inspirer les autres Français dans chaque entreprise, dans chaque famille. L’État ne peut pas nous demander de faire ce que lui-même est incapable de faire.

J’ai cherché où poster cette réflexion sur les blogs de liberationdelacroissance.fr. J’ai eu du mal à trouver où le faire tant le dogme de la croissance est présent dans la liste des sujets et les solutions déjà listées. C’est comme si on ouvrait la consultation mais connaissait déjà les réponses. Ça me rappelle la campagne présidentielle de Ségolène Royal. Par dépit, j’ai fini par poster dans la rubrique La croissance de quoi ? et dans Quelles simplifications pour libérer la croissance ?