J’ai hésité avant de publier le billet qui suit sur ce blog. Il peut paraître hors sujet, car spécifique à Balaruc les Bains, ma commune. Pourtant, en y réfléchissant, je me suis dit que ce texte n’était qu’une application pratique des idées que je développe ici. La durabilité devrait être défendue partout tout comme son corolaire le modèle participatif. Quant à l’action locale c’est aussi un de mes chevaux de batailles.

J’ai écrit ce texte et l’ai envoyé hier à quelques amis dans le cadre de la précampagne municipale. En février dernier, une journaliste de Midi Libre m’avait demandé mes projets au niveau local. J’avais évoqué un pacte à la Nicolas Hulot. Ce texte va dans ce sens.

Pour un Balaruc durable

Je suis né à Balaruc les Bains en 1963, peu avant la destruction du village bucolique où vécurent mes ancêtres. Cette destruction fut prononcée au nom du progrès mais le progrès est relatif.

Durant les années 1970 et 1980, il équivalait à une urbanisation débridée, une croissance aveugle et irrespectueuse de l’environnement comme du patrimoine. Les gestionnaires rivaient leurs yeux sur des indices quantitatifs (nombre d’habitants, de touristes, masse salariale, revenus commerciaux, déficit…). Tout ce qui n’était pas chiffrable, comme la qualité de vie, ne les intéressait pas.

Pacco
Pacco

Aujourd’hui, le Balaruc bucolique aurait une plus grande valeur que le Balaruc bétonné par les promoteurs. Depuis le début du XXIe siècle, de nouveaux mots comme « durable » ou « respectueux » apparaissent pour caractériser le progrès. Les lieux qui ont été à l’avant-garde de ce mouvement qualitatif voient aujourd’hui leur cote monter, aussi bien au regard de leurs habitants que des touristes. En France, il suffit de parcourir la Dordogne, la vallée du Lot, le Lot-et-Garonne par exemple…

Malheureusement, depuis la fin des années 1960, nous n’avons rien construit de durable sur la commune de Balaruc. Les thermes qui devraient être notre joyau menacent de s’effondrer. L’étang qui baigne nos plages agonise. Des rejets nauséabonds polluent notre air. Les hydrocarbures empoisonnent nos sols. Les promoteurs menacent les derniers espaces verts. Le vieux centre de Balaruc s’inonde à chaque orage. Notre économie dépend du bon vouloir de la sécurité sociale.

Si le XXIe siècle se caractérise par le durable, Balaruc et ses habitants ne tireront leur épingle du jeu qu’en étant à l’avant de ce mouvement d’envergure planétaire. Nous devons penser à notre avenir, à celui de nos enfants et de leurs enfants. Nous devons construire un Balaruc durable et renoncer au provisoire, à l’approximatif et au tape à l’œil. Nous devons bâtir en respectant l’environnement. Nous devons être exemplaires et faire de cette exemplarité notre carte de visite.

Cette exemplarité doit atteindre son paroxysme dans notre activité phare : le thermalisme. Notre ambition doit être de pratiquer la « médecine durable ». Dans un siècle où la durée de vie ne cessera de se prolonger, nous devons aider les patients à profiter au mieux de chaque instant. Non content de soulager leurs maux a posteriori, nous devons nous engager sur le chemin de la prévention en appliquant à la santé la même approche qu’à l’environnement.

Le thermalisme du XXIe siècle ne peut se pratiquer que dans un environnement durable. Nous devons atteindre une adéquation entre ce que nous voulons faire et le cadre où nous le faisons. Nous construirons ainsi une ville harmonieuse où les touristes comme les Balarucois seront heureux de vivre.

Ce projet n’est possible que si tous les habitants y collaborent : les anciens qui ont la mémoire du génie du lieu maltraité par les promoteurs, les jeunes pour qui nous construisons la ville de demain et leurs parents qui aspirent à la santé, à la sécurité et à l’harmonie. Nous avons aussi la chance unique d’attirer de nouveaux résidents de toute la France, porteurs d’une multitude d’expériences. Nous devons nous appuyer sur cette force.

Cette participation de tous est indispensable si nous voulons nous inscrire dans la durée. Nous devons construire aujourd’hui des choses qui demain seront encore debout. Nous devons décider en concertation et en songeant à l’intérêt de ceux qui viendront après-nous autant qu’à nos propres intérêts. Nous ne vivons plus dans un monde aux ressources illimitées. Nous devons apprendre la parcimonie et penser un développement intelligent. Il ne s’agit plus de mener une politique Kleenex ne servant que les intérêts personnels.

L’accord entre les habitants est la manière la plus directe de s’inscrire dans la durée. Lorsqu’une seule personne décide, elle est faible. Les hommes ensembles sont plus sages qu’un homme seul qui décide pour eux tous. Cette méthode participative est aussi la seule capable de dépasser la brièveté des échéances électorales. Les citoyens participants doivent devenir une force qui s’inscrit dans la durée.

Pour construire un Balaruc durable, nous devons donc nous y atteler tous ensemble, en faisant taire les querelles partisanes, en jouant le gagnant-gagnant plutôt qu’en jouant les uns contre les autres. Ensemble nous devons faire entrer Balaruc de plein pied dans le XXIe siècle. Nous devons avoir de l’ambition. Notre ville doit être vue comme un modèle. Ses thermes doivent devenir les premiers à s’engager dans la médecine durable. Nous devons partir gagnant. Ce Balaruc, il ne nous reste qu’à l’inventer.

Pour résumer, je souhaite un « Balaruc durable ». De cette vision, on peut maintenant déduire des propositions politiques. En voici quelques unes.

  1. Mise en place de la démocratie participative (développement des comités de quartier, incitation aux pétitions, invitation des citoyens volontaires aux réunions de travail…).
  2. Le management participatif doit être introduit dans tous les services municipaux et thermaux. Il faut réduire les hiérarchies et favoriser les prises de responsabilité individuelle.
  3. La participation de tous n’est possible qu’accompagnée d’une totale transparence des intentions, des négociations, des décisions. La municipalité ne doit pas mettre les citoyens devant le fait accompli.
  4. La participation des citoyens passe par un réseau de communication moderne. Nous devons installer du très haut débit sur la commune. Ouvrir des points d’accès gratuits à internet.
  5. Pour s’inscrire dans la durée, il faut commencer par raffermir nos fondations en traitant le passif de l’époque industrielle (dépollution des anciens terrains des Raffineries par exemple).
  6. La durée s’étend vers l’avenir mais elle prend racine dans le passé. Nous devons mettre en valeur notre patrimoine culturel, notamment les vestiges romains. Je pense à l’aqueduc.
  7. Tous les nouveaux bâtiments publics ou privés devraient être durables et écologiques. Nous devons privilégier les matériaux nobles comme le bois. Il faut arrêter de faire croire que les pavillons pseudo-provençaux appartiennent à notre patrimoine.
  8. Le lien intergénérationnel doit être renforcé pour favoriser le gagnant-gagnant de tous les Balarucois. En écoutant les anciens, les jeunes éviteront de réinventer la roue.
  9. Les thermes doivent cesser d’être les deuxièmes en nombre de curistes. Ils doivent être les premiers dans la médecine préventive et durable. Nous devons les positionner comme un produit révolutionnaire.
  10. Si nos ressources naturelles sont limitées (eau thermale, boue…), nous devons l’admettre et faire avec. Plutôt que nous développer en quantité, nous devons nous développer en qualité. Nous avons tous à y gagner, les Balarucois comme les curistes.
  11. Les derniers espaces verts doivent être préservés (le Pioch, les Arènes, le bois Saint-Gobain…). Nous avons besoin de poumon au cœur et en périphérie de la commune. Ces espaces doivent être entretenus mais laissés le plus possible à l’état nature (pas question de les peupler de fausses colonnades, de les grillager et de faire payer l’entrée).
  12. Ces espaces verts doivent être interconnectés par des pistes cyclables et piétonnes. S’inscrire dans la durée, c’est aussi militer pour la santé, donc nous efforcer de réduire autant que possible l’usage des véhicules motorisés. Aujourd’hui, il faut prendre la voiture pour aller se promener dans la Gardiole !
  13. Pour ne pas fermer nos portes à de nouveaux résidents, nous pouvons envisager de modifier le POS, autoriser des constructions plus élevées mais respectant les standard architecturaux des écopolis.
  14. Pour la survie de l’étang, toutes les communes du bassin versant doivent travailler ensemble et lancer un plan Marshall en s’inspirant de ce qui fut fait pour le lac d’Annecy.
  15. Il ne s’agit pas de se vouloir plus gros pour être plus puissant. Au XXIe siècle c’est celui qui s’engage dans le durable qui sera puissant, pas celui qui poursuit la croissance quantitative en créant des superagglos. L’idée des superagglos est un vestige du vieux rêve de la croissance tout azimut des années 1970. Les agglos n’ont de pertinence que si leur formation contribue à la durabilité. Elles doivent prendre en compte l’histoire et la géographie et non seulement l’économie. Pour le moment, elles ont été pensée pour multiplier le pouvoir de leur patron.
  16. La nouvelle image de Balaruc devrait séduire de nouveaux touristes sensibles aux problématiques du siècle. Les commerçants verront affluer de nouveaux clients.
  17. Pour durer, il faut éviter de n’avoir qu’une source de revenu. Nous devons diversifier notre clientèle touristique. À côté du thermalisme subventionné, nous devons développer un thermalisme préventif qui séduira une population nouvelle.

La vision d’un Balaruc durable permet de décliner des mesures cohérentes. Il me paraît indispensable d’avoir une vision claire pour ne pas faire tout et n’importe quoi. Même l’éthique politique, par exemple la transparence comme le refus du clientélisme, peut être et doit être déclinée à partir de la vision.

PS : pour des commentaires spécifiquement locaux rendez-vous sur Roquerols, le blog citoyen de ma femme ou sur balaruc.fr.