Je vois déjà les sociologues et les politologues français s’esclaffer. Dès que les sciences dures font une incursion dans leur univers, ils montent sur leur perchoir d’intellectuels. Les anglo-saxons, souvent adeptes de la sociobiologie de Wilson, sont moins sectaires. Pour preuve, NewsScientist vient de publier un article intitulé : Les penchants politiques sont-ils définis par les gênes ? (PDF). Point de départ de réflexion : les vrais jumeaux tendent à être plutôt du même bord politique que les faux jumeaux (donc impossible d’invoquer des causes sociologiques).
Pourquoi pas après tout ? Nous savons que la génétique ne définit qu’une partie de ce que nous sommes, mais une partie tout de même. Elle doit avoir tout autant que notre éducation ou notre milieu social une influence sur nos goûts politiques.
L’existentialiste qui sommeille en chacun de nous ne peut pas être d’accord mais nous devons parfois, même souvent, reconnaître que notre libre arbitre n’est pas tout puissant. Comme je le dis souvent, les gâteaux dans les vitrines des pâtisseries brisent ma volonté avec une facilité déconcertante et me démontrent sans cesse que je n’ai pas l’âme d’un Gandhi.
Nous sommes tous en partie conservateur, en partie progressiste. Ceux chez qui le côté progressiste serait le plus fort seraient plus à même de réagir dans des situations nouvelles. D’une certaine façon, leur cerveau serait plus apte à gérer le changement. Dans l’article de NewsScientist, les progressistes sont appelés libéraux, appellation mal comprise en France même si je la revendique.
Un libéral est quelqu’un qui avant tout se libère des habitudes et préfère le changement à la stagnation. Un libéral est anticonformiste. Un libéral veut que les gens qui l’entourent le surprennent et diffèrent de lui. Un libéral est pour le progrès, entendu au sens biologique d’évolution. Pour obtenir mieux que ce qu’il a déjà, Il accepte le risque d’avoir moins bien. Pour autant il n’est pas inconséquent, il peut très bien pratiquer un super principe de précaution, un tel principe étant libéral puisqu’il suppose que la prudence ultime revient à nous responsabiliser individuellement.
Si l’hypothèse génétique se confirme, il y aurait donc toujours deux grandes factions politiques. L’une à tendance conservatrice, l’autre à tendance libérale. Bug ! Qui sont les libéraux en France ? Qui représente les forces de progrès ? L’UMP qui nous voit tous en industriels plan-plan à la mode au XXe siècle ? Les socialistes qui eux agitent encore les idéologies du XIXe siècle ?
Je suis perdu. Plutôt, je crois que nos politiciens sont perdus. Ils continuent à nous faire des promesses intenables, les gens continuent à voter pour eux puis à les honnir. Et si après tout le camp de libéraux était celui de ceux qui ne votent pas. N’ont-ils pas compris que voter revenait systématiquement à choisir entre des conservateurs à tout crin ?