Non, je n’ai pas arrêté de bloguer

Je passe juste mon temps à écrire mon prochain livre, Ératosthène, et, tous les jours, je me dis que je vais écrire en plus un billet, celui-ci par exemple, et tous les jours le temps passe et je n’écris pas mon billet. Hier, Pacco m’a envoyé un dessin qui me force la main.

J’ai toujours mené de front deux modes d’écriture, celui fulgurant propre au carnet, donc au blog, et celui plus continu et plus réflexif du livre. Souvent, ils n’ont pas été exclusifs chez moi mais maintenant avec les enfants, coZop et mes autres sites je manque de temps pour tout concilier. C’est donc le blog qui trinque. Franchement, je trouve que c’est une bonne chose.

Depuis le début 2006, j’écris des billets qui prolongent Le peuple des connecteurs, même Le cinquième pouvoir est une excroissance d’un travail de synthèse effectué essentiellement en 2005. J’ai l’impression maintenant d’achever un cycle qui d’ailleurs pour moi a commencé avec les versions préliminaires d’Ératosthène. Je ne vais pas éternellement appliquer ma grille de lecture aux évènements qui surviennent dans le monde.

Je pourrais me moquer de presque toutes les mesures du gouvernement Sarkozy et après ? Si Ségolène Royal avait été élue, elle aurait fait preuve du même manque d’imagination. Je n’ai pas envie, plus envie, de tourner en rond.

Lorsque j’aurai achevé mon roman, je me remettrai à bloguer plus assidument car j’écris tous les jours quoi qu’il arrive. J’espère que ma pensée prendra une direction ou une forme imprévue. Je discuterai peut-être de l’idée centrale qui soutient mon Ératosthène, le généralisme. Je m’attaquerai à la brèves histoire de l’informatique, qui sera une tentative de vulgarisation de la société en réseau. Ce travail sera dans la continuité de la matière actuelle mais avec une vocation de vulgarisation, donc je devrai travailler la forme, notamment parce que le projet doit commencer par une série de conférences.

J’ai lu beaucoup de journaux intimes. La plupart, en tout cas ceux que j’ai appréciés, ont été écris en parallèle d’œuvres plus réfléchies. Je crois que c’est inévitable. D’un côté, on s’immerge dans une matière que l’ont porte parfois durant des années, d’un autre, on se laisse aller à ses intuitions et ses impulsions sans souvent prendre le temps de se relire. Le travail d’arrache-pied nourrit notre pensée mais souvent nous avons besoin de prendre un peu d’air.

Le blog est ainsi pour moi un atelier où je déverse ce que je n’ai pas casé ailleurs ou ce que, antérieurement, je n’ai pas développé. J’y propulse aussi des esquisses qui pour la plupart resteront dans cet état. Cette activité n’existe qu’en complément du travail assidu sur un livre. Je ne place pas une forme au-dessus de l’autre, elles vont côte-à-côte, elles s’alimentent l’une l’autre.

Le blog me procure un plaisir instantané. Une brusque libération. Le livre me fait partir ailleurs. C’est souvent un voyage douloureux mais, en chemin, je découvre parfois des trésors que je ne cherchais pas. J’ai besoin de cette aventure. Elle m’anime.

Notes

  1. Je conçois que pour certains auteurs le blog puisse être l’unique forme d’expression. Un art en soi. Mais je demande à voir. Pacco fait un gros un truc en ce moment mais tout cela s’inscrit dans une histoire. Les carnets de Delacroix sont sublimes mais ils n’auraient pas existé sans les toiles.
  2. Mon généralisme, que j’élève comme Ératosthène en art de vivre, m’interdit de m’enfermer dans une forme et même une matière unique. Voilà pourquoi j’attache de l’importance à la programmation. Elle fait travailler mon esprit dans une autre direction. J’ai longtemps aussi dessiné pour la même raison. Même la vie de famille a cette vertu d’ouvrir des directions imprévues.