Comme il arrive souvent j’ai l’impression d’écrire comme un pied et que vous ne comprenez rien à ce que j’écris. Encore une fois vous me faites dire ce que je n’ai pas dit, vous me faites dire le contraire, vous me faites dire ce que vous voulez m’entendre dire pour mieux me contredire. Je vais tout reprendre.
Si vous attendez d’être sur internet pour changer de vie, vous ne changerez pas de vie et encore moins le monde. Les gens qui s’expatrient pour changer de vie ne changent rien. Le voyage ne suffit pas à faire un homme. Il est peut-être, tout au plus, une condition nécessaire. C’est en gros ce que je dis.
Je suis pour l’expérimentation mais je ne vois pas pourquoi la limiter à des circonstances rares, à des moments particuliers. Au web par exemple. Voilà en fait le sujet de mes livres. Je dis « Regardez nous inventons sur le net d’autres façons de faire qui pourraient se généraliser ailleurs. »
Dans un monde complexe, il n’y a pas de frontière étanche. Plus internet se développe, plus ce que nous y faisons influence ce qui se passe en dehors d’internet et réciproquement.
Tout ce que vient de dire sur la consistance de l’être est en accord avec mes déclarations d’interdépendance et d’interdépendance.
Vous devez prendre en compte ces textes quand vous me lisez et ceux qui les ont amenés. Je ne suis pas un journaliste qui doit mettre toute sa pensée dans un seul article. Je n’ai pas cette contrainte. On conseille sur le net d’écrire court, j’écris long… et chacune de ces longueurs se fait suite.
J’en reviens à la consistance. Je ne crois pas qu’on puisse se séparer en parties distinctes, je ne crois pas que ce soit possible, je crois même que c’est dommageable, pour nous-mêmes comme pour la biosphère dans son ensemble. En tout cas j’ai souffert de cette dualité et je l’ai résolue, en partie seulement il est vrai, en essayant de tendre vers une forme de monisme. Mais ce monisme c’est celui de la complexité. Pas des facettes multiples mais des boucles de rétroaction.
Je me moque de l’identité civile de mes interlocuteurs mais je ne me moque pas de leur unité, de leur humanité, de leur identité profonde. Cette identité à mon sens se doit de dépasser le web ou tout autre cadre, elle est celle de la vie, de l’être… C’est sur cette dernière que j’attends de la transparence, de la vérité, pas sur l’adresse postale et encore moins sur l’apparence physique. Et quand il m’arrive de douter de cette identité, quand je vois que cette identité vacillante se cache derrière un pseudo laconique, utilise un e-mail d’identification auquel on ne peut même pas écrire, je me sens trahis.
Je suis peut-être incapable de prendre ce que les gens de passage ont à donner. C’est sans doute un défaut. Mais je me sens trahis seulement quand des gens s’installent, que je m’habitue à eux et que je découvre qu’ils ne sont que des masques. C’est terriblement décevant. Ce blog après tout est le mien, ce n’est pas tout à fait chez moi, mais ce n’est pas n’importe où sur le web.
Alors vouloir me faire dire que nous n’aurions pas le droit de changer de point de vue en référence à la consistance que je viens d’évoquer n’est pas loyal. Vous allez dire que personne n’a aucune raison d’être loyal avec personne… mais c’est une sorte d’éthique minimale que je respecte malgré moi.
Je recommence encore une fois…
Nous avons le devoir d’évoluer, de changer de point de vue, mais pas seulement sur le web.
Nous avons le droit de mener plusieurs vies, mais pas seulement sur le web. D’ailleurs c’est quoi avoir plusieurs vies ? C’est simplement vivre intensément. Ces vies n’ont aucune raison d’être étrangères à elles-mêmes. Elles n’en forment qu’une. Elles ne peuvent qu’en former qu’une à cause de l’interdépendance.
Être consistant ne veut pas dire être spécialisé.
Ératosthène était un généraliste consistant.
Je suis un peu blogueur, un peu développeur, un peu écrivain, un peu père, un peu mari… je suis tout cela en même temps. Quand je blogue, je ne mets pas tout le reste de côté. En même temps que je vous écris, j’entends mes enfants jouer à l’étage en dessous. Et sans doute que leurs cris se mêlent à ces mots d’une façon où d’une autre.
Je ne suis pas allé sur une autre planète mystérieuse pour vous écrire.
Le web aide à dépasser de vieilles limites et de vieilles barrières mais c’est toujours nous qui les franchissons. Nous emportons avec nous notre bagage. S’il ne nous plait pas, nous devons le changer peu à peu mais ce n’est pas le lieu où nous nous trouverons qui le fera pour nous.
Il le cachera peut-être aux yeux des autres mais pas aux vôtres. Tant que ce bagage vous déplaira vous n’aurez franchi aucune frontière.