En lisant, NewScientist, je suis tombé sur quelques phrases qui m’ont fait plaisir. Tout d’abord dans l’édito du 9 août :

Scientists are beginning to see that toughest problems –how to control complex traffic flows, for example– are better solved through the random evolution or self-organisation of artificial systems than by human reasoning. Such thinking appears to be moving towards the mainstream, as societies increasingly face complex problem that overwhelm the human mind. Engineers are finding that their task is not so much to find solutions as to design systems that can discover their own.

J’ai défendu cette idée tout au long du Peuple des connecteurs. Mark Buchanan revient sur l’auto-organisation des feux de signalisation en évoquant les travaux de Dirk Helbing.

What Helbing and others are finding is that our penchant for regularity and control is seriously misguided. In many situations they are discovering that it is better to give up some of our control and let systems find their own solutions. Often the answers turn out to be unlike anything our minds would imagine, yet the outcomes are far more efficient.

Buchanan donne l’exemple d’une usine General Motor qui devint plus efficace lorsqu’on laissa les robots fixer eux-mêmes leur planning. Plus personne n’y comprenait rien mais ça marchait mieux que quand on tentait de tout légiférer.

We can’t trust our intuition when it comes to the super-complex systems we depend on.

Je dis sans cesse la même chose au sujet de nos régimes politiques. Ils sont intuitivement efficaces, puisque nous les employons, mais en fait totalement inaptes à gérer notre monde contemporain. Là encore, nous devons apprendre à lâcher prise.

Politiques, renoncez au contrôle.

Regardez les simulations de Helding.

D’un côté, on maîtrise le comportement des feux, on les ajuste avec intelligence, de l’autre on les laisse se débrouiller en fixant simplement quelques règles d’interaction… et cette seconde approche donne de meilleurs résultats.

Nous sommes bien plus intelligents que les feux. Nous ferons mieux qu’eux. Ne nous dites surtout pas que ça marche parce que les feux sont stupides. Défendre l’idée que l’intelligence peut nous nuire, qu’elle nous fera commettre des bêtises, c’est un pas de plus vers la dictature.

Aujourd’hui, c’est votre intelligence qui nous trahit car vous ne voulez pas admettre ses limites.

L’intelligence, c’est cette capacité que nous avons de nous adapter à l’environnement. Dans un monde complexe, nous devons adopter une nouvelle forme de rationalité où renoncer au contrôle s’impose souvent.

Il y a quelques mois, un autre article de NewScientist avait traité de cette difficulté des politiques avec le contrôle. En médecine, on ne lance pas un nouveau traitement avant de le tester, suivant la méthode du double-aveugle. Pourquoi les politiques ne prennent-ils pas les mêmes précautions ?

Parce que si l’expérience montre que leurs idées ne marchent pas, leur autorité en serait en amoindrie. Alors ils se lancent comme des irresponsables… et d’ailleurs la réalité les rattrape toujours, mais plus tard. Et il est alors temps pour vous de trouver des excuses.

Il est d’ailleurs souvent question de temps. Il faut agir vite. Nous n’avons pas le temps de tergiverser. Oui mais c’est avec nos vies que vous jouez. Au final, vous nous faites perdre à tous beaucoup de temps.