Dans mes dernières conférences, et je dirai sans doute la même chose mercredi soir à Ajaccio, je défends l’idée que nous ne vivons déjà plus dans un système en réseau. Je viens de lire dans Wired un article qui me conforte dans ma position.
À l’aide de badges, Benjamin Waber a mesuré la quantité d’information échangée par les employés de diverses entreprises. Il a constaté que les managers ne sont jamais les personnes les plus connectés. Il existe toujours un super-connecteur mais il ne doit pas cette fonction à une position hiérarchique ni à une décision de la hiérarchie. Il s’est retrouvé dans ce rôle presque malgré lui, parce qu’il est doué pour la connexion.
Bien sûr Waber n’a pas mesuré la qualité des informations échangées mais le fait que les managers soient sous-informés, du moral des subordonnés comme de tout le reste, explique pourquoi ils sont souvent incapables de prendre de bonnes décisions. Ils ont le pouvoir sur une structure dont ils ignorent tout.
Des études comparables ont été menées chez Microsoft en analysant les mails. Les résultats étaient semblables. Le super-connecteur, celui qui est l’âme d’une équipe, mais aussi tous les autres connecteurs qui font que les idées circulent et phosphorent, ne sont jamais officiellement reconnus. C’est un peu comme lors de la bataille de Borodino. On se souvient de Napoléon et de Koutouzov alors qu’ils ont eut qu’un rôle mineur par rapport à tous les hommes de terrain (cf Le Cinquième pouvoir).
Les organigrammes hiérarchiques des entreprises ne représentent donc pas grand-chose, sinon des niveaux de salaire et une chaîne de pouvoir sans grande importance par rapport au métabolisme réel qui lui se structure en réseau.