On parle souvent dans les fils de commentaire de sectarisme et je suis victime d’une forme de sectarisme, très gentille je l’avoue.

Juste pour être compréhensible. Dans une maison d’édition, il y deux personnes qu’on appelle chacune éditeur. Le patron de la maison et les éditeurs, ou copy editors comme disent les anglo-saxons.

Depuis longtemps, je travaille L’homme qui inventa la Terre avec mon copy editor (titre qui n’est pas de moi et réducteur par rapport à mon sujet). Et voilà que mon éditeur vient de finir par lire le livre et de décider qu’il ne publierai pas.

Ce livre est un ovni. Ni roman, ni essai, ni biographie, ni récit, ni document… je n’en vendrai pas dix exemplaires.

Voici où frappe le sectarisme. Vous devez en tant qu’écrivain vous ranger dans une case. Mon éditeur voyait ce livre comme un roman, ce qu’il n’est pas. Du coup, il dit que je ne suis pas un romancier. J’ai compris cela depuis pas mal de temps et j’écris ce que j’ai envie d’écrire sans me préoccuper de la case où on rangera ce que j’écris. En prime, ce livre a pour sujet en partie la transgression des barrières.

Je suis simplement un écrivain et j’ai pas besoin qu’on m’affuble d’un qualificatif supplémentaire. Mon livre a pour sujet les transitions historiques et je vais chercher dans la vie d’Ératosthène des clés pour nous aujourd’hui.

Ératosthène n’est pas pour moi un personnage romanesque. Je me sers juste de situations romanesques pour essayer de retracer le parcours de sa vie et comprendre son évolution intellectuelle. Je me moque de le rendre vivant aux yeux du lecteur.

J’ai essayé d’écrire un livre simple mais il n’est simple que si on ne commence pas à le lire avec l’a priori que c’est un roman. Si on part avec l’idée que c’est un roman, rien ne marche. Rien ne tourne sur des bases romanesques classiques. Donc, il faut lire ce livre presque comme on lit ce blog.

C’est maintenant que j’ai besoin de vos conseils. Je vois quatre possibilités.

  1. Je m’assoie sur mon texte, je le garde au chaud pour y revenir… Mais ça fait neuf ans que cette histoire a commencé et cette option ne me plait guère. Franchement, j’ai envie d’abandonner dans la nature cet enfant, même si aux yeux de mon éditeur il est débile.
  2. Je le propose à d’autres éditeurs. Mais je sais par avance qu’ils auront la même attitude que le mien. Ce livre n’entre pas dans leurs cases. Comme ils lisent avec l’idée d’une catégorie, ils ne seront jamais satisfaits car ce livre traverse les catégories.
  3. J’auto-publie sur lulu ou en livre électronique, gratuitement, mais je ne vois pas l’intérêt. C’est mimer l’édition traditionnelle sans ses avantages, le travail sur la copie par exemple et le marketing.
  4. Je diffuse le livre chapitre par chapitre sur ce blog ou un blog dédié, un peu comme pour le twiller. Je recueille vos réactions, j’ajuste et au moins j’ai un véritable comité de lecture.

Je ne vous cacherai pas que cette dernière forme me plait, qu’elle est gratifiante et qu’elle est sans doute la forme la plus adaptée au sujet même qui est le mien.

Si les éditeurs veulent rester enfermés dans les catégories du passé, c’est bien ici que nous pouvons tenter de les faire sauter.