On ne peut pas séparer le fond de la forme. Le système engendre une culture et des comportements psychologiques qui, à leur tour, engendrent le système. Il y a renforcement par feedback.

Changer de système, implique changer la culture et les comportements associés. Tout comme changer la culture, implique changer le système. Un ne va pas sans l’autre.

Aujourd’hui, des gens commencent à changer de mode de vie, de pratique culturelle, de rêve… et comme ils deviennent de plus en plus nombreux, le système doit changer en réaction. Les crises peuvent être vues comme les conséquences de ces changements. Et on voit des tentatives de reprise en main pour maintenir le système tel qu’il est.

Dans Le peuple des connecteurs, je me suis intéressé à l’aspect culturel et psychologique. Les connecteurs changeaient dans leur coin et le monde changeait en réaction, de façon imperceptible. Pas besoin de faire la révolution.

Dans Le cinquième pouvoir, je me suis intéressé au changement du système en lui-même. Ici sur le blog j’oscille entre les deux approches, souvent en réaction à ce que je lis ou à ce que vous dîtes. Elles ne sont pas exclusives, même si je préfère et je pratique la culturelle.

Dans L’homme qui inventa à la Terre, je resserre encore plus sur l’individu, sur le changement personnel, sur le changement central qui peut nous aider à traverser notre époque. Je crois à la puissance des individus libres. Même s’ils ne constituent pas la majorité, ils ont un pouvoir gigantesque.

Je n’attends rien du système. Je ne demande rien aux gens qui le dirigent. Toute la responsabilité repose sur les épaules des hommes libres. Quand ils deviennent assez nombreux à vivre autrement, le système change.

Il ne suffit pas de vouloir d’un autre monde, il faut d’abord le vivre, le construire et alors il est là, c’est tout.

Les révolutionnaires imaginent sur plan le monde à venir, ils cassent tout, puis cherchent à construire ce qu’ils ont dessiné. Ça ne marche jamais parce que la science de l’ingénieur n’a jamais été une science exacte.

Quand je parle de société en réseau, je ne parle jamais d’une société à construire mais d’une société qui est déjà là. Elle est déjà une brique essentielle du nouveau monde.

Je ne lance pas un appel à la révolution pour la construire. Je dis simplement « Regardez, nous y sommes déjà, des tonnes de gens vivent dedans. »

Et si notre monde est en crise c’est parce qu’en son sein un autre monde est né et ne cesse de se développer. Il n’est pas question de révolution mais d’évolution.