Mercredi, je monte à Paris avec ma femme. On nous annonce trois heures de retard. Je manque le RDV qui justifie mon voyage. Super. Je reste calme, j’écris. Ma femme parle avec ses voisins comme à son habitude. Elle transforme le wagon en café, si bien que je ne peux plus écrire. On pose mon Vaio au-dessus de nos têtes jusqu’à l’arrivée, avec finalement juste une heure de retard, tout va pour le mieux. Isabelle parle toujours. On range nos affaires et on quitte notre wagon en dernier.
Trente minutes plus tard, à l’autre bout de Paris, on entre dans un café. Je veux regarder mes mails et poster mon texte. « Merde. Pas de Vaio. » Il est resté dans le train. Personne n’a pu le trouver. Isabelle fonce à la gare de Lyon. Elle va aux objets trouvés. Personne ne peut l’aider. Faut attendre que le PC soit trouvé. Elle a beau expliquer que nous savons où il se trouve, les préposés ne veulent rien entendre. Il suffit pourtant de regarder voiture 16 place 97. C’est simple. On n’a pas perdu le PC, on l’a juste oublié à un endroit précis.
Le lendemain, nous retournons à la gare, rien de plus. Les préposés nous disent qu’ils ne savent pas où est le train et qu’il peut rester dix jours en gare de triage. En gros, nous devons attendre que les gens qui font le ménage trouvent la machine. Je les vois mal rapporter gentiment le Vaio. J’ai fait une croix sur lui et tout ce qu’il contenait, c’est-à-dire l’ensemble de ce que j’ai pu écrire depuis 25 ans !
Bien sûr, je n’ai pas perdu grand-chose car mon portable est juste un clone de ma machine de bureau mais j’ai l’impression de me trouver soudain un peu nu. J’ai essayé de changer tous mes mots de passe ici ou là.
Mercredi soir, j’ai vu que quelqu’un tentait de se connecter à mon compte Gmail. Heureusement, j’avais déjà un nouveau password. Hasard ? C’est la première fois que je constate une telle intrusion. J’ai presque fini par me persuader que pas plutôt Isabelle passée aux objets trouvés, quelqu’un a reçu un coup de téléphone et a torpillé mon Vaio.
Je remercie la SNCF pour sa coopération et, comme cette entreprise a le monopole en France, je n’aurais guère le choix que de continuer à voyager avec elle à l’avenir. J’imagine l’état dans lequel je me serais trouvé si j’avais perdu plusieurs semaines de travail. Je crois que j’aurais lynché les deux préposés ou plus surement que je le leur aurais proposé un bakchich comme dans une république bananière.
Si par hasard, vous qui avez mon PC, lisez ce billet, n’hésitez pas à me contacter. On s’arrangera. Vous m’enverrez par mail le texte que j’ai écrit dans le train et les photos de mes enfants que j’ai perdues.