Thierry CROUZET

Les crapauds fous

Je ne peux plus penser à un autre titre pour mon prochain livre. J’avais tout d’abord songé à Boom, mais ce n’est pas un livre sur la crise / les crises, puis j’avais trouvé Le monde ne peut plus attendre, puis Les nouveaux Christophe Colomb, puis en lisant La théorie du crapaud fou appliquée à Internet, j’ai crié eurêka.

Comme nombre de pionniers des nouvelles technologies, de la nouvelle politique, du nouvel activisme, Christophe Colomb était un crapaud fou. Alors que tous ses contemporains cherchaient l’Inde et la Chine vers l’est, il la chercha vers l’ouest.

Le crapaud fou, c’est ce batracien déboussolé qui ne suit pas ses congénères lors de la migration reproductive. Il s’en va se perdre, souvent ne revient jamais à sa mare d’origine, ne trouve pas de conjoint, meurt... Mais quand tous ses congénères, dans leur migration stéréotypée, se heurtent à un obstacle et succombent, la survie de l’espèce ne tient qu’à quelques crapauds fous qui réussissent à trouver de nouveaux chemins vers de nouvelles mares.

Dans mon livre, je veux défendre l’idée que plus que jamais nous avons besoin de crapauds fous, qu’ils sont d’ailleurs si nombreux parmi nous, qu’au final il y a aujourd’hui en chacun de nous une part de crapaud fou. Quand toutes ces folies se connecteront nous entreront dans une nouvelle époque, une nouvelle civilisation.

Les caractéristiques des crapauds fous

  1. La nécessité. Il faut que quelque chose impose la migration. Le besoin de se reproduire chez les crapauds, le besoin de propager la parole de Dieu chez Christophe Colomb en un temps où l’Islam vient de faire tomber Constantinople, où la vieille Europe se persuade de l’imminence de la fin du monde.
  2. La folie. Chez nous, elle peut aussi devenir foi, confiance, espoir, certitude qu’il existe une autre possibilité, d’autres possibilités. Sans ces ingrédients, on reste sur les chemins balisés.
  3. La chance. Comme Christophe Colomb, il faut trouver une terre où il ne devait pas y en avoir. Nombre de crapauds fous se sont perdus avant Colomb.
  4. La carte. Sans doute instinctive chez les crapauds, elle devient géographique avec Christophe Colomb. Sans carte, le voyageur ne revient pas. Et même s’il revient, il ne peut pas objectiver sa découverte faute d’une représentation adéquate du monde. La carte est la condition nécessaire pour que la folie a priori devienne a posteriori un coup de génie.

C’est de tout cela que je veux parler dans mon livre, de crapauds fous, de leurs nouvelles cartes, de leurs nouvelles routes, de la civilisation qu’ils inventent, que nous inventons tous. La nouvelle carte, vous l’aurez deviné est celle des réseaux. Elle nous révèle une infinité de routes inédites.

Les écureuils fous

Un ami m’a suggéré cet autre titre pour mon livre. Les écureuils ont l’habitude d’enterrer les glands pour les manger plus tard et souvent ils ne les retrouvent pas. C’est de cette façon que les forêts de chênes se seraient propagées de l’Asie vers l’Europe.

Cette autre métaphore nous montre comme de petits gestes, anecdotiques, involontaires, peuvent eux aussi changer le monde lorsqu’ils s’accumulent. Il y a de cela dans les crapauds fous d’aujourd’hui, quelque chose de l’ordre de la symbiose entre les chênes et les écureuils. Les crapauds fous ne sont pas nécessairement connus, extraordinaires, ils peuvent être des hommes et des femmes comme vous et moi.

PS1 : Comme je l’avais fait pour Le cinquième pouvoir, je vais tenter de créer la chronologie de l’expression crapaud fou / crazy toad / mad toad que je compléterai au fil des trouvailles.

PS2 : En 2006, c’est Erick Jonquière qui m’avait soufflé l’idée du cinquième pouvoir dans un commentaire ici-même. Cette fois c’est sur twitter que La ligne m’a glissé insidieusement cette idée. Les temps changent et c’est le sujet du livre.

La Ligne @ 2009-04-02 10:22:44

Merci @lioneldujol pour l’info sur les crapauds fous (http://is.gd/p3p9), elle suit son chemin: http://is.gd/qg9d

Henri A @ 2009-04-02 11:46:23

"Les crapauds fous" ne sonne pas très bien en français, à mon avis.

Une idée : il doit bien existé des noms différents pour les différentes espèces de crapauds ?

Historiquement ce qu’a accomplie Christophe Colomb est un gros machin, mais pour les conséquences et la morale standard, c’est plutôt une calamité.

Je pense que tu prends cet exemple de façon neutre en te focalisant sur les changements, ok, mais bon...

swimmer21 @ 2009-04-02 13:00:26

Dans les entreprises, les crapauds fous s’appellent l’innovation par percée, breakthrough en français dans le texte. Tout le processus du breakthrough est documenté dans le management selon Shiba de Shoji Shiba

Thierry Crouzet @ 2009-04-02 13:36:20

@Henri Les noms des crapauds sont incompréhensibles. J’aime bien le côté dégoutant du crapaud. Avec les écureuils, c’est plus gentil. Les crapauds à mon avis ne cherche pas à faire du bien au gens mais à résoudre des crises. ça fait souvent mal, avant, pendant et le temps que les choses se stabilisent.

@Swimmer Je vais regarder ça... mais il ne s’agit pas nécessairement d’innovation... l’innovation spirituelle c’est quoi ?

Un ancien @ 2009-04-02 13:43:38

"mais pour les conséquences et la morale standard, c’est plutôt une calamité"

Eh oui. C’est tout le problème si l’on pose pour idéal : "changer le monde".

Mine de rien, le monde a un équilibre, qui ne correspond pas à rien. Quand on veut le bouleverser trop vite, ce sont souvent les calamités qui arrivent.

La nouveauté est d’ailleurs banale: chaque seconde, des milliards de mutations se produisent au hasard, contre les "normes" et les "programmes".

La pollution tend même à multiplier ces crapauds fous que sont les mutations génétiques non prévues.

L’adolescent rebelle est devenu une norme, dans la société post-68.

N’importe quel ado bobo du 16e en vient à mettre un t-shirt de Che Guevara et des bottes de rock star: tristement banal.

La nouveauté se crée en permanence. Ce qui est rare c’est la création de qualité, qui dure et porte des fruits, culturels entre autres.

La folie est devenue banale dans un monde où le narcissisme individuel a été poussé au-delà des réponses qu’il peut trouver à son accomplissement.

Notre époque n’est pas tellement en manque de gens qui prennent des chemins de traverse. On trouve énormément de pionniers.

Le bouillonnement créatif marche à plein, jamais le monde n’a connu autant de nouveautés créées à la minute.

On est davantage face au problème de la capacité du monde à absorber toutes ces nouveautés, qui s’empilent souvent avant d’être utilisées à bon escient.

A peine commence-t-on à créer un réseau sur Myspace, arrive Facebook, la nouveauté: il faut tout reconstruire.

A peine un réseau s’est-il construit sur Facebook, arrive Twitter, il faut tout reconstruire.

Qui ne voit que les gens ne cherchent plus la construction durable, mais la folie de la nouveauté pour la nouveauté ?

On est dans un monde de chiens fous qui courent après les nouveautés, sans jamais prendre le temps d’accomplir les potentialités d’un outil.

Parce que derrière tout cela il y a le nihilisme de l’époque: on cherche la nouveauté parce que la possession du réel nous renvoie à la mort.

On a sans cesse l’impression que le salut se trouve dans un nouveau à venir, au lieu de chercher la richesse cachée dans tout ce qui existe déjà.

La course vers la nouveauté ressemble à la course de Caïn pour échapper à l’oeil. On n’arrive pas à assumer le réel, alors on croit qu’il faut inventer un autre réel.

Une maladie psychologique transforme l’incapacité à s’assumer en faute reposant sur la structure du monde: au lieu de changer soi, on veut changer le monde. Narcissisme de fuite, maladie d’un monde d’adolescents.

Thierry Crouzet @ 2009-04-02 17:13:20

Faut pas oublier le mur qui est peut-être devant nous et qui risque aussi de créer pas mal des problèmes moraux, crapauds fous ou pas.

Il ne s’agit pas tant de changer le monde, objectif débile, que de changer des choses autour de soi pour mener une vie plus agréable, plus soutenable, plus respectueuse...

Christophe Colomb est parti parce que c’était inévitable. Je le crois en tout cas. On est bientôt 7 milliards, sans cataclysme, on sera 9 milliards... et on aura des problèmes moraux et pas que moraux, ça a déjà commencé... C’est pas de la faute des Christophe Colomb. Ces crapauds fous existent à cause même de la situation mondiale. C’est pas eux qui la provoquent mais plutôt qui finiront peut-être par ouvrir une porte de salut.

Un ancien @ 2009-04-02 17:34:43

"changer des choses autour de soi pour mener une vie plus soutenable"

On est d’accord, c’est bien là l’objectif. Mais justement je trouve la comparaison avec Colomb et les pionniers pas adaptée.

On n’a pas tellement besoin de partir dans des aventures, mais d’apprendre à ce que tous les désirs individuels puissent coexister avec un monde durable.

C’est plus un problème de bonne gestion, que d’esprit d’aventure fou-fou.

D’ailleurs, dans ce sens, la protection contre le dérèglement climatique est pour moi du même ordre que la protection contre le piratage:

dans les deux cas, on doit canaliser les désirs individuels visant à tout obtenir pour soi, afin qu’ils soient compatible avec un environnement durable:

  • ne pas consommer toute l’énergie, la laisser se renouveler, on n’est pas seul sur terre

  • ne pas pomper toute la création culturelle à l’oeil, lui laisser les moyens de se développer. On n’est pas seul, en tant que consommateur, a avoir le droit de tout et n’importe quoi.

Dans les deux cas on est face à une nécessité de restreindre les limites du désir individuel.

Restreindre l’esprit d’adolescence, devenir mature.

Colomb c’est l’inverse: c’est l’idée : on a besoin de consommer, le monde connu est saturé, alors on va chercher à étendre le monde pour consommer encore plus.

Colomb c’est au fond l’apologie de la course à la consommation, le gloutonisme, l’expansion, l’impérialisme permanent, le désir triomphant, sans limites.

On brûle les vaisseaux : "advienne que pourra !"

Pas sûr que ce soit l’image adéquate pour le développement durable.

Il y a une certaine contradiction entre l’idéal romantique et viril de Colomb, du pionnier, et ce dont nous avons besoin.

Pas sûr qu’on soit en attente de solutions terriblement neuves. On est juste face à un impératif: limiter nos désirs de consommation.

En somme on a davantage besoin d’un Jésus que d’un Colomb: quelqu’un qui porte un message changeant la conduite individuelle, plutôt qu’un aventurier cherchant une solution au bout du monde.

Et, désolé, mais je ne vois pas dans l’expansionnisme des réseaux une solution en soi à notre frénésie de consommation.

Les tuyaux sont déjà innombrables, les autoroutes aussi. C’est le message circulant qui pose encore problème: le modèle culturel en reste au désir individuel, et la somme des désirs individuels fait sauter les conditions de vie de l’ensemble.

On le voit avec Hadopi: aujourd’hui, les tuyaux servent surtout à l’expansion du modèle de consommation et de désir individuel, sans fin, sans limites:

"je suis libre de tout prendre, personne ne peut ni ne doit m’empêcher de prendre, prendre et prendre encore, tout ce que je veux".

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-02 17:39:07

Analyser quand on veut parler de crapauds fous c’est ne pas parler de crapauds fous. Tu devrais te mettre à la cuisine ou au bricolage.

C’est comme parler de liberté quand on fume (Quitterie Delmas), et parler de journalisme citoyen quand on tient une entreprise qui fait du profit à coup de pages publicitaires qui bouffent le journal (Revelli).

Vous devriez tous vous mettre à la pauvreté et à l’humilité, les deux choses qui vous manquent le plus pour comprendre le monde qui vous entoure et le monde d’aujourd’hui, pas celui du XIXème siècle où vous êtes scotchés.

Un ancien @ 2009-04-02 18:35:54

"pauvreté et humilité"

Demian provoque, mais il n’a pas tout à fait tort.

Pauvreté et humilité, les deux mamelles du développement durable.

Pour moi la clé c’est l’école stoïque : dire à l’homme que le vrai bonheur est simple et sans richesses matérielles inutiles.

Revaloriser la pauvreté. (Ce qui ne veut pas dire voler le travail d’un homme en le piratant... Ne pas forcer à la pauvreté, mais la valoriser.)

En valorisant la pauvreté, on bouscule l’échelle sociale: les derniers deviennent les premiers.

Pas faire croire qu’on va tous gagner 5000 euro par mois en créant une boite sur Internet...

Le développement durable, c’est pas étendre le solaire partout (installation très coûteuse énergétiquement).

C’est mettre deux pulls l’hiver au lieu de chauffer une pièce.

Malheureusement, le réflexe des gens du marketing, c’est toujours de chercher une solution qui passe par un nouvel objet: on va construire un nouveau réseau social, un nouveau machin, un nouveau truc... Des tas de conneries qui s’empilent et encrassent. Au lieu de mettre deux pulls l’hiver.

Est-ce que dire aux gens qu’il faut mettre deux pulls l’hiver c’est être pionnier ? Je ne pense pas.

La révolution ne passera pas forcément par des grandes figures novatrices et des slogans sexys, mais un peu de bon sens stoïque.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-02 19:04:14

Le vrai terme est "frugalité".

Un ancien @ 2009-04-02 19:16:40

“frugalité”

Oui. Très bien.

La frugalité est une notion qui n’est pas opposée à la volupté. La vraie volupté naît d’un jeu avec le manque et le désir, donc s’accompagne très bien de la frugalité.

Il faut un immense mouvement culturel valorisant la frugalité. Le monde changera ensuite de lui-même sans toucher à aucune structure de pouvoir au préalable.

Comme le christianisme a changé le monde sans s’attaquer à César. Son défaut restait de reposer, en tant que modèle culturel, sur une illusion (la croyance), qui n’a pas résisté au mouvement de la science.

Il faut un modèle culturel reposant à la fois sur la frugalité et sur la science : le stoïcisme teinté d’un épicurisme de la frugalité.

Iza @ 2009-04-02 19:24:16

"Il faut un immense mouvement culturel valorisant la frugalité"

tiens, vous allez vous faire des copains cette fois ci (je sais bien que ce n’est pas votre objectif). Je crois assez à la frugalité aussi. Mais aussi à la création de nouveaux usages. Je ne crois pas que les crapauds fous sautent d’un truc à l’autre pour consommer, mais pour explorer de nouveaux territoires. nouveaux territoires et frugalité ne sont pas forcément contradictoires. Le truc c’est qu’il faut chercher de nouvelles choses tout de même (la frugalité, ok mais la question du modele culturel, comment le développer, comment faire avancer ce point de vue et le bon sens qui va avec etc .... tout ça reste un vrai enjeu, un vrai truc à résoudre.)

beaucoup de consignes de bon sens (type : mettre deux pulls) se propagent avec les nouveaux outils. Ce n’est pas encore l’émeute, mais ce n’est pas négligeable.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-02 19:40:13

Tu peux faire des choses très cochonnes tout en étant très frugal.

Au fait, HADOPI est passé, vous allez vous suicider en masse alors ? parce qu’on vous a refusé votre jouet ?

Un ancien @ 2009-04-02 20:00:20

"se propagent avec les nouveaux outils"

Bien sûr. On a toutefois l’impression d’une fuite dans de perpétuels nouveaux outils, pour éviter de s’attaquer à l’essentiel: la baisse de consommation.

Il faut reconnaître une immense perte de temps, dans le fait de passer six mois sur un blog, puis sur myspace, puis de sauter sur facebook parce que c’est nouveau, et repasser six mois à construire un réseau, puis sauter sur twitter parce que c’est nouveau, et repasser six mois à faire des connections...

Avec régulièrement, la compréhension que ces connections ne débouchent pas sur tant de choses, donc elles sont remises à plat régulièrement, etc etc

On papillonne sur les outils, et on tourne en rond sur le fond.

A peine a-t-on maitrisé un outil, qu’on expérimente un nouveau, au lieu d’utiliser à fond sa maîtrise du premier outil...

L’invention de l’outil n’est rien, sans maîtrise de l’outil. En sautant perpétuellement d’un outil à l’autre on n’en maîtrise plus aucun.

Jésus a tout simplement parlé en utilisant la parole.

Il n’a pas inventé d’outil révolutionnaire, il a inventé une culture:

il a renversé la culture reposant sur la vengeance ("oeil pour oeil"), par une culture reposant sur l’amour. Il ne s’est pas perdu dans les tuyaux à chercher des techniques inédites.

Il n’a pas fait autrement que Socrate. On trouve la même technique chez Socrate et chez Jesus, la parole seule, avec le même prolongement par les disciples : les écrits de Platon et les évangélistes.

La force du Verbe plus que la force du tuyau. Si le Verbe est vide il tourne en rond dans le tuyau sans convaincre.

Et la force de l’exemple : Jesus et Socrate vivaient comme ils parlaient. Très important ! Idem pour Gandhi.

J’imagine un Jesus ou un Socrate, directeurs dans une agence de pub (au hasard), et gagnant plusieurs milliers d’euro par mois... Désolé, mais ça le fait pas.

Un message n’a pas de force sans exemple. La frugalité ne peut pas s’imposer, propagée par des marketeux qui vivent dans le monde de l’argent du matin au soir.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-02 20:13:57

Au Moyen Âge, les peintres représentaient Jésus crucifié avec des brègues (slips médiévaux). S’il avait été crucifié dans les années 60, les peintres l’auraient peint avec un slip kangourou. Aujourd’hui, ils le peindraient en avatar du net.

Un ancien @ 2009-04-02 20:43:04

Je ne crois pas que la révolution viendra des marketeux comme Quitterie etc.

Je crois qu’elle viendra quand, suite à la crise (financière ou climatique), des millions d’habitants des villes iront peupler les campagnes, en menant une vie frugale avec le minimum nécessaire, l’unum necessarium, + le réseau informatique et culturel qui manquait aux exilés du Larzac.

Vie frugale

  • accès à toute la culture du monde par Internet

  • déconnection de l’actualité idiote (news sur Rachida Dati etc)

= la formule d’un monde nouveau, pas centré sur l’argent ni la consommation ni l’actualité

Les bobos marketeux étant trop marqués par le goût de l’argent, ils n’auront pas l’aura pour provoquer le déclic conduisant à cette vie.

C’est la nécessité, suite à la crise, qui conduira des millions de chômeurs à agir ainsi.

L’autre possibilité, moins souhaitable, c’est des mouvements sociaux et des guerres civiles, si les chômeurs en restent sur le désir de consommation, au lieu de changer de modèle culturel pour rechercher la frugalité, la campagne et la culture.

Thierry Crouzet @ 2009-04-03 06:34:36

Comme le dit Iza, frugalité et crapaud fou ne sont pas incompatibles, au contraire même. On pourrait parler des crapauds frugaux. Dans un monde où consommer est la norme, réduire sa consommation est une folie (pour les tenant du marketing), une folie positive qui si, elle se répand, met le monde tel que nous le connaissons en danger.

Le crapaud fou explore juste une autre route, elle n’est pas forcément dans le toujours plus. Oui pour Colomb car ça route est géographique mais pas aujourd’hui où les routes nous mènent juste dans d’autres modes de vie, de relation aux autres. C’est pour ça que parler de Colomb est important pour bien montrer toute la différence de ce qui nous attend.

Et la folie de consommer les outils, de perdre du temps avec... c’est exactement comme avec la télé. Je fais sans doute parti de ceux qui en usent le moins. Je n’ai jamais passé plus de 5 minutes sur facebook. Mon réseau social il est avec les gens que je rencontre dans les cafés ou avec mes voisins. Et j’utilise twitter pour ce qui m’amuse, non pour jouer à celui qui a le plus de contacts.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 09:41:30

Toujours plus, ça fait pas moins de moins.

L’internet et les internautes aux pratiques violentes d’aujourd’hui ne sont pas l’avenir mais le passé. Voilà la vérité !

Un ancien @ 2009-04-03 11:42:15

Je crois juste qu’il y a un problème d’échelle, qui fait que c’est davantage la crise, une nécessité, qui induira de réels changements, que l’exemple de quelques pionniers bobos.

Les partisans du développement durable en sont encore à de micro-opérations : réduire un peu sa consommation, etc. dont l’impact est beaucoup trop lent et microscopique à l’échelle de la planète.

Et si le crapaud fou, plutôt qu’une personne, c’était la crise économique ?

Dans le tableau des mutations que tu fais dans ton livre, plutôt que de présenter quelques leaders à l’impact très réduit, je vois plutôt un tableau d’une évolution possible de la crise économique: retour à la terre et au potager, mais le réseau et l’informatique en +.

Mode autosubsistance sur le plan économique (dépenses de base : la terre et sa nourriture) + réseau social et culturel quasi gratuit par Internet.

Les freemen, en deux ans, n’ont pas développé leur réseau. Avant il y avait 150 blogs plutôt actifs, maintenant il y a moins de blogs, pour la plupart en sommeil. Ils se sont un peu éparpillés sur facebook ou twitter, mais pas de vraie dynamique.

On dit qu’il ne reste que dix ans pour changer la consommation au niveau mondial, pour le climat.

A l’inverse des freemen à faible dynamique, la crise, c’est d’un coup des millions de chômeurs aux USA: un impact énorme ultra-rapide. Une viralité très supérieure à toutes les techniques marketing.

La crise est le meilleur vecteur viral qui soit. Un crapaud fou colossal, qui bouleverse tout.

Que vont faire ces millions de chômeurs ? Accepter des boulots en ville dans les Mac Donald ? Ou retourner à la terre, se contenter de peu, être auto-subsistants, trouver leur satisfaction dans des réseaux culturels via Internet et une vie sociale moins bling bling ?

J’imagine des villages un peu à la José Ferré (en moins luxueux) poussant dans les campagnes : la terre et le net.

Je crois plus à l’exemple d’un José Ferré qu’aux mecs dans les boites de marketing au centre de Paris, qui continuent de nourrir le vieux système.

Thierry Crouzet @ 2009-04-03 12:03:40

Arrête d’être obsédé par les freemen... Quand ai-je parlé des freemen dans ce billet ou dans mes derniers billets... et même dans les anciens sauf pour dire que je rejoignais le réseau il y a trois ans de ça... C’est un truc de 2006 qui n’a pas survécu à 2006. D’ailleurs, je vire même ce logo qui n’a pas de sens. Les Freemen c’est bon pour mon triller. C’est là qu’ils sont, ils sont retournés dans la fiction.

Pour que ce que tu décris se produisent, il faut qu’un jour quelques personnes changent (c’est déjà fait) que de plus en plus changent (la crise induit ça) puis qu’un seuil soit dépassé et que le mouvement devienne de grande ampleur. On est bien d’accord, mais faut des graines et tu ne peux pas parler de l’ensemble sans parler des graines. Je maîtrise mal le holisme et je pense qu’on ne peut rendre compte de sa complexité qu’en multipliant les points de vus croisés, qu’en multipliant les histoires, en usant de métaphore aussi.

Dans ces histoires, il y aura des bobos parisiens, des paysans, des scientifiques, des entrepreneurs, des marginaux, des gens... Chacun ils avancent à leur façon et c’est de l’ensemble de ces façon qu’il peut émerger quelque chose.

Comme je ne crois pas que la consigne de moins consommer /consommer différemment viendra d’en haut, je ne vois rien d’autre à faire qu’à changer par le bas. Ce que je fais dans ma vie et que j’ai envie de raconter.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 12:29:07

Tout ce que je vois c’est le no impact du net. La loi HADOPI passe et rien, même pas de reportage en image dans les infos, quand les pirates bavardaient comme des milles de mille. C’est la preuve que la spécificité du net aujourd’hui c’est le discours fantasmatique. Le net te colle à ta chaise pour ne plus faire de la politique ni rien, le net est un espace vide sans personne ni rien ni discours non plus que de lecteurs.

Thierry Crouzet @ 2009-04-03 12:59:01

Au contraire, l’impact est énorme puisqu’ils sont obligés de passer des lois pour réduire cet impact, pour éviter qu’il les détruise... s’il n’y avait pas d’impact, il n’y aurait pas besoin de loi, surtout de loi inutile et inapplicable.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 14:29:07

Quand tu auras fini de romantiser les barbaries, tu pourras comprendre l’utilité des lois qui protègent ton bien et ta famille. Il y a même des hommes et des femmes qui se battent ailleurs pour que tu ne sois pas contraint de te battre dans ton jardin contre les Huniques de notre époque. C’est un luxe magnifique que nos lois protègent des gens qui les méprisent. C’est ça la démocratie et c’est bien.

C’est comme Quitterie qui fait l’apologie des canaux tout-libérés du net par où passe aussi la pédophilie, et sans qu’elle soit plus ou moins consciente de la trahison qu’elle entretient envers les neuves générations, et quand elle a elle-même des enfants.

Vous êtes des parleurs pris dans vos sophismes et rien de réel là-dedans.

Et je ne parle même pas de Revelli et Agoravox qui est le modèle même du discours du naufrage appliqué à sa propre diffusion sous l’eau.

Le net est creux de vos discours creux qui ne mènent nul part et qu’ils ne parviennent même pas à réunir assez de bien pour fournir la soupe populaire pour une seule soirée à Paris.

Il n’y a pas d’impact, car les lois se font de toutes les façons, car c’est la civilisation qui avance et ceux qui s’y opposent doivent sombrer dans l’oubli de l’histoire. Même la Chine s’effacera si elle ne s’ouvre pas aux Droits de l’Homme, comme le communisme s’est effacé et même en Chine, la suite ce sont les Droits et partout sur le net aussi...

Tu es contre la loi quand elle te dérange et pour quand elle t’arrange : le net c’est donc ni plus ni moins que la valeur d’un automibiliste isolé qui râle et qui fraude, pas plus...et tu appelles ça un impact, sur le pare-brise oui ! :-)

Si cette loi était vraiment inapplicable il ne fallait pas la craindre ou vous y opposer, puisqu’elle ne pouvait vous nuire. Encore une façon de frauder le discours avec vos désinformations.

J’en profite pour féliciter Madame Albanel qui a tenu comme il convient et qu’elle est une femme de très grande culture dont vous auriez beaucoup de mal à saisir toutes les conversations autour de l’art.

Henri A @ 2009-04-03 15:30:48

A l’artiste qui ne crée rien et qui est une pute :

Tu devrais te faire embaucher au Figaro.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 16:02:01

@ Henri A,

Parce que tu crois que t’es pas un vieux con ? Demande à tes gosses...:-)

Un ancien @ 2009-04-03 16:26:37

@ Henri A

Il crée tout de même: Demian West a peint la prophétesse des crapauds fous:

http://demianwest.blogspot.com/2008/10/quitterie-delmas-du-modem.html

Bon, il manque les bottes de rock star... (l’uniforme de toutes les filles aujourd’hui)

http://imagik.fr/uploads/33389

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 16:48:22

Elle voulait que je lui offre le portrait, mais comme elle diffuse des trucs genre Stallman "les artistes ne sont pas des créateurs", je pense qu’il lui faudrait quelques semaines de rééducation dans le camp de Tommy des Who.

Un ancien @ 2009-04-03 16:55:49

Je reçois un mail de TF1 qui nous lit !

TF1 est très intéressée par notre débat, et propose une solution à la crise, avec des crapauds fous:

"soignons la crise par..." :

A voir:

http://imagik.fr/uploads/33400

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 17:03:20

Je trouve Obama écrasé ou agacé par le punch de Sarko. Et Obama a flashé à mort sur Carla. Mais, ça le dépasse, ça se voit. Président des Etats-Unis c’est pas un truc pour vamp après les Kennedy.

Moi je regarde surtout TF Huns. C’est plus avec l’accent guttural que j’aime comme chez les Ecossais de Shakespeare.

Henri A @ 2009-04-03 17:24:16

Cépavré !

Il fait les ombres comme les gorets, en zig zag !

J’espère que cela n’a pas pris plus d’un quart d’heure à faire !

A l’ancien à qui je daigne reparler :

On a l’impression, quand tu parles de crise, que cela est venu de l’espace.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 17:41:13

@ Henri A,

Depuis que j’étais à l’école et la maternelle, il y avait des petits camarades si jaloux de mes talents qu’ils tentaient de détruire mes oeuvres subventionnées par l’école et mes instits qui me laissaient libre expression dans la classe. Il y avait toujours des fous de jalousie et ce sont les mêmes qui ont été rejetés par les filles, encore aujourd’hui. Les femmes aiment les mecs amples et bien dégagés devant eux. Cépatafot !

Oui ! la crise vient de l’espace pour trucider la Grande Araigne qu’est le web trou-du-web !

Nobody @ 2009-10-29 15:18:28

Nathalie Kosciusko-Morizet :

http://www.tuviens.fr/six-questions-pour-demain/qui-sont-les-crapauds-fous/

"Qui sont les crapauds fous ?

Qui sont, en France ou ailleurs, les « crapauds fous » du monde qui vient ? Qui sont celles ou ceux qui inventent des voies nouvelles et qui tracent, souvent en solitaire, des chemins que l’espèce pourra bientôt emprunter ? Dans les technologies et les industries nouvelles, dans les nouveaux services, qui sont les innovateurs en rupture, et pourquoi ce qu’ils découvrent aujourd’hui est-il l’avenir de notre communauté ?"

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