Thierry CROUZET
Evolution techno impression
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Impression de déjà vu : Anderson plagiaire ?

[…] every man is now able, at a little cost, to be learned, and it is a fortunate age which has acquired this gift from God. Once there was a great scarcity of books, when they were prepared at a great price and expense. But now there exists a large abundance of volumes, and this in every kind of literary subject, by means of which each and every person is now easily able to achieve competence in the knowledge of letters.

Devinette : qui a écrit ce texte ? Chris Anderson, le spécialiste de la rareté face à l’abondance ? Non. Il faut chercher plus loin, beaucoup plus loin, et remonter en 1492 quand Johannes Trithemius écrit De viris illustribus ordinis sancti Benedicti (Des hommes illustres dans l’ordre de saint Benoît). Mais bientôt il se plaignit des méfaits de l’imprimerie. Elle rendait selon lui fainéants les moines et il imposa à ceux de son abbaye de maintenir la tradition des scribes, dont il fera l’éloge dans De laude scriptorum manualium, livre qu’il fera néanmoins imprimer ! The Abbot Trithemius (1462-1516): the renaissance of monastic humanism

Pour moi, l’édition connaît sa quatrième phase. À chacune, un palier est franchi dans l’accroissement de l’abondance des textes. Je n’ai guère trouvé de statistiques sinon une courbe d’évolution du nombre de livres publiés entre 1800 et 2000.

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Charles Mougel @ 2009-09-03 16:29:53

Si ta courbe théorique est proche de la vérité, alors nous sommes en plein dans les équilibres ponctués (1).

Pendant une période assez longue, il n’existe rien de mieux, rien de plus efficace que [gravure/manuscrit/imprimé]. Le rythme de production se stabilise, ou alors il dépend d’autres facteurs que la méthode de (re)production, comme le style de l’auteur, la demande des lecteurs, etc...

Puis tout à coup, une innovation majeure vient bousculer ces équilibres. Au départ tout juste équivalent, voir légèrement en mode survie dans des micro-niches, la nouvelle mode va finalement prendre une part de plus en plus importante dans la répartition des usages, et même augmenter ceux-ci.

Car aujourd’hui, la gravure est toujours utilisée. Le manuscrit également. L’imprimerie va survivre à cette révolution numérique. Mais les rapports vont changer, jusqu’à la prochaine.

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quilibre_ponctu%C3%A9

Thierry Crouzet @ 2009-09-03 17:50:06

C’est en pensant aux équilibres ponctués que j’ai ainsi tracé la courbe. Ce serait logique qu’elle soit ainsi.

Charles Mougel @ 2009-09-03 18:17:16

ça va être coton pour trouver les données "exactes"...

Dans tous les cas, je m’interroge quand même sur les dates de l’explosion du nombre de livres. On retrouve l’influence de la Guerre mondiale, mais le début de la réelle explosion date de bien avant le numérique. Peut-être la machine à écrire ?

Ce graphique représente-t’il des données en France ?

Thierry Crouzet @ 2009-09-03 18:38:56

Faudrait avoir des estimations sur 2000 ans. J’ai rien trouvé.

Dans le Monde diplo "Aux tenants de la cohabitation numérique/papier, rappelons que, durant les trente années qui ont suivi l’apparition de l’imprimerie, la production de manuscrits s’est considérablement développée, jusqu’à saturation du marché puis basculement généralisé vers l’imprimé, le manuscrit devenant peu à peu objet de collection." Bien sûr pas de source, des adverses classique quand on improvise... du travail de bon journaliste ;-)

Arnaud @ 2009-09-03 20:40:12

Pour relativiser la courbe du nombre de livre publié / habitant sur la terre doit être bien moins "explosive".

Thierry Crouzet @ 2009-09-03 20:54:23

Je crois pas... croissance exponentielle dans les deux cas et sans doute un exposant supérieur pour le livre (intuition).

Raffa @ 2009-09-03 21:06:15

Pas oublier qu’il y a aussi plus d’humains, plus de citadins, plus de temps libre, plus de "d’alphabétisés" (donc plus de lecteurs), plus de lettrés (donc plus d’auteurs), moins de guerres, plus de "pouvoir d’achat"...

pi le développement de la société de consommation et de divertissement aussi...

pi le développement du statut et de la législation protégeant les auteurs ce qui permet à certains d’écrire beaucoup plus, les dynasties d’éditeurs qui ont un grand rôle aussi, le rôle de la "législation" (ex. en 1686 un édit Royal limite le nb de librairie à 36 !), la contrefaçon qui a obligé les imprimeurs à se protéger et à s’organiser (contrôle de la production), le développement de la liberté d’expression (et les retours réguliers de la censure), le développement des différents genres (ex. littérature et presse au XIX), le perfectionnement (machines) des papèteries et des imprimeries (ex c’est à partir du XIXs que les machines vont vraiment évoluer et devenir beaucoup plus rapide)...

Enfin bref cela risque d’être ardu ;) Il n’y a pas que la technique qui influence le nb de livres...

Ceci dit après relecture rapide de mes notes de cours sur l’histoire du livre et des bibliothèques je viens de pêcher ces chiffres concernant le 15ème siècle (explosion de l’imprimerie en Europe avec la multiplications des villes possédant UNE imprimerie et le développement des dynasties d’éditeurs) :

  • 35 000 impressions pour un tirage moyen de 500 exemplaires (le papier est très cher) pour tout le 15ème siècle vs 100 000 manuscrits copiés. Les manuscrits continuent en effet à être produits + bcp de manuscrits sont bien représentés et ne nécessitent pas d’être imprimés (pas de demande).

  • 70% en latin, 7% en italien, 6% en allemands, 5% en français.

  • Thèmes : religion 45% (financé par l’église), littérature 30%, droit 10%, science 10%

  • Je lis aussi 20 millions (?? me semble bcp) d’ouvrages imprimés en 150 ans mais mes notes ne sont pas claires (depuis inv. imprimerie ? ...) vs 3 millions pour 5 ans à notre époque (enfin à l’époque de la fin de mes études soit... fin des années 90... déjà :/ ). A prendre avec des pincettes pour le 20 millions (eu du mal à relire).

Voilà si ça peut t’être utile...

Edit. c’est quoi cet avatar "sale gueule" qu’on me colle d’office ? :p

Thierry Crouzet @ 2009-09-03 21:59:55

@Raffa super intéressant (j’ai plutôt 50 millions de livres...).

000 @ 2009-09-04 03:08:30

Henri A fait remarquer qu’il y a aussi une explosion d’émissions télévisées par rapport à ce qu’on trouvait au XVe siècle, et même au XVIe (à vérifier).

Plus tard encore, Bossuet boudait la première chaîne. On se demande ce qu’il faisait en buvant son coca-cola le soir...

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