Pour célébrer Lévi-Strauss au moment même de l’annonce de sa mort, j’ai joué à l’anthropologue (dans la série des billets de cours d’école). Il y a quelques jours, j’étais allé sur Tu viens, le site du livre éponyme de NKM et dans le forum associé à la question « Qui sont les crapauds fous ? », forum en cet instant encore vierge, j’avais simplement posté un lien vers mes articles sur le sujet. Aujourd’hui, je reçois une réponse du modérateur du site (pas de NKM en personne).

Cher Monsieur, pouvez-vous déposer votre texte « crapauds » sur le site www.tuviens.fr ? Nous ne pouvons le faire à votre place, faute d’avoir les droits nécessaires.

J’avoue que je n’y prête pas attention. Mais une minute plus tard un second mail arrive.

Nous sommes au regret de vous dire que votre contribution, parce qu’elle contrevient à la charte de notre site ou bien qu’elle ne répond pas à l’une des six questions posées, ne sera pas publiée sur le site www.tuviens.fr. Merci de ne pas répondre à cet email, votre réponse ne sera pas traitée.

Qu’est-ce que je fais alors ? Je m’empresse d’envoyer un mail.

Vous ouvrez un livre et vous refusez les liens ? Ça tient pas vraiment debout votre affaire. Vous voulez que nous publiions chez vous nos articles. Amusant. Mais un lien ça vaut un article non ?

Réponse du modérateur :

Cher Monsieur, vous nous avez donné un lien vers une page qui contient plusieurs articles. Voilà qui est vague. En outre, si vous déposez vous-même votre texte, vous en suivrez l’existence sur le site et serez prévenu des éventuels commentaires. Le début du dit texte, enfin, sera reproduit.

Je continue la partie :

Si j’ai mis un lien c’est justement parce qu’il y avait plusieurs textes déjà écrits depuis des mois. Et juste pour voir votre réaction. Moi aussi je fais une expérience, c’est mon travail d’écrivain de voir comment les gens utilisent le web. Et le refus d’un lien est riche d’enseignement. 😉

Le modérateur :

Vos textes écrits depuis des mois, cher Monsieur, ne manquent sans doute pas d’intérêt.

J’essaie de le piquer :

Mais vous répondez vraiment à tous les mails ? C’est sérieux cette histoire de livre collaboratif alors ?

Le modérateur :

Je crains que oui, cher Monsieur.

C’est trop beau :

Vous avez reçu beaucoup de textes ? Les gens jouent le jeu ? Ils y croient ? Tiens mon Google Alert vient de m’envoyer ce lien (encore un lien vous direz). Je suis pas vexé je suis pas le créateur de l’expression Crapaud fou, je l’ai juste un peu creusée.

Le modérateur :

Je vous invite à aller vous instruire de visu sur le site, cher Monsieur. Je veux bien vous aider à faire un billet distrayant, mais ceci expliquant cela, j’ai un peu de travail. Je vous encourage à lire l’ouvrage de nkm, qui est fort intéressant, puis à rédiger une contribution inédite.

Faisant le malin comme à mon habitude, j’avais envoyé un tweet que le modérateur avait bien évidemment vu puisque je l’avais adressé en alias à sa boss :

Pour m’amuser je suis en train de jouer avec le modérateur du blog du livre de @nK_m Si ça continue ça fera un billet amusant.

Je tente une dernière invective qui tombera à l’eau :

Mince vous suivez @nK_m. C’est peut-être vous aussi qui écrivez ses messages.

Je vais me garder de toutes analyses profondes sinon que les Cher Monsieur me font penser à un autre monde. Question d’être positif, je vais répondre aux six questions pour demain de NKM.

  1. Qui sont les prophètes ? L’avenir étant imprévisible il n’y a plus de prophète. Il n’y a que des gens qui expérimentent dans le concret.
  2. S’insurger : pourquoi et comment ? L’insurrection qui vient à manifestement laissé des traces. Je prêche depuis longtemps la guérilla globale, c’est-à-dire le refus de l’insurrection à proprement parler dans l’esprit de Hakim Bay. Ce que j’appelle les écureuils égoïstes (NKM doit mettre à tout-prix ce concept dans son prochain livre).
  3. Quel modèle de développement pour demain ? Auto-organisation réticulaire.
  4. Qui sont les crapauds fous ? Vous, moi, nous. Dans un monde fluide, nous ressemblons tous à des patineurs virtuoses.
  5. Vers une démocratie 2.0 ? À condition qu’elle soit non représentative et non directe.
  6. Quelle gouvernance internationale pour Internet ? La même que pour le reste du monde.