Trop rapide selon Nietzsche

Nous pensons trop rapidement et en cours de route, et en pleine marche, au milieu des affaires de toutes sortes, quand même il s’agirait des choses les plus graves ; nous avons besoin de peu de préparation, de peu de silence même : – cela se passe comme si nous portions dans la tête une machine perpétuellement en roulement, qui, même dans les conditions les moins favorables, ne cesse de tourner. Jadis on remarquait à l’air de chacun qu’il avait pour un instant besoin de réfléchir […] et on s’arrêtait ; oui, quand la pensée « venait » on restait des heures immobile dans la rue […]

Ainsi, dans le paragraphe 6 du Gai savoir, Nietzsche évoque avec une certaine nostalgie un autre temps plus lent. N’avez-vous pas l’impression que nous avons souvent la même sensation, comme si le temps accélérait sans cesse ? En fait, le temps s’écoule toujours à la même vitesse, mais le passé, en se décantant, ne conserve que les choses qui nous paraissent profondes et intemporelles. Notre époque, elle aussi, apparaîtra lente pour les suivantes.