On ne présente plus l’hypothèse Gaïa de James Lovelock, qui assimile la terre à un organisme vivant autorégulé qui veille à son équilibre, éjectant si nécessaire les corps indésirables. Pourquoi le système solaire lui-même ne s’autorégulerait pas ? Pourquoi n’existerait-il pas des feedbacks à l’échelle des unités astronomiques ? Grâce aux rayonnements électromagnétiques et particulaires, les planètes interagiraient comme les cellules dans notre corps ?

Cette idée d’un scénario de science-fiction m’est venue en lisant un article au sujet de la crise que traverse notre soleil. Et si notre crise économique, et plus généralement notre crise planétaire, influait le soleil lui-même ?

Le soleil lui aussi est cyclothymique. Sur une période de 8 à 15 ans, il oscille entre forte activité et farniente. Justement, depuis trois ans, il tarde à se réveiller et les scientifiques s’arrachent les cheveux pour découvrir une explication.

Certains supposent que si le soleil baisse d’activité, le climat chez nous s’en ressent, conduisant par exemple à une mini-glaciation comme sous le règne de Louis XIV. On peut maintenant imaginer le phénomène inverse. S’il fait trop chaud chez nous, le soleil ne se sent pas dans l’obligation de se réveiller. J’avoue que je n’ai pas trouvé de travaux soutenant cette idée qui nous projetterait un pas plus loin dans les systèmes complexes.

N’oublions pas que la science de la renaissance, pour réussir à mathématiser l’univers, a négligé les imprécisions et souvent supposé indépendants les systèmes qu’elle étudiait. L’indépendance existe-t-elle dans la nature ? Si je vous influence, ne suis-je pas influencé en retour ? Un phénomène unidirectionnel est-il possible, un phénomène sans effet retour ? Une causalité A implique B ne se limite-t-elle pas au seul domaine de la logique ? À vouloir simplifier le monde pour le comprendre, nous sommes longtemps passés à côté de merveilles, comme l’auto-organisation, peut-être des phénomènes encore plus extraordinaires à l’échelle cosmique ne demandent qu’à être révélés.

Imaginez que notre activité influence le soleil. Il constate que nous surchauffons, il s’apaise pour lutter contre le réchauffement climatique et pourrait nous précipiter dans une sévère glaciation… d’autant amplifiée que nous-mêmes luttons contre le réchauffement, mais sur un rythme différent… Qu’arriverait-il si le soleil réagissait avec plus d’inertie que nous ? Beaucoup de questions amusantes pour un auteur de SF. Sans parler des autres planètes de notre système qui peuvent entrer dans la fête.

J’anticipe le mouvement mystique qui pourrait naître si l’hypothèse Ouranos gagnait en crédit. Je vois le début du roman : des réunions occultes à Karnak, Stonehenge, Cuzco… dans tous les lieux anciens dédiés au culte du soleil.

Je me vois écrire une telle histoire, mais pas nécessairement sous la forme d’un roman avec des personnages, plutôt comme un documentaire fictif. Un remake de l’hypothèse Gaïa où fiction et réalité se mêlent. Un docu-fiction qui illustrerait la théorie de la complexité, et qui développerait ses conséquences politiques.

PS : Quand j’ai eu l’idée de titrer ce billet L’hypothèse Ouranos, j’ai comme souvent lancé une requête sur le Web. Je suis tombé sur une intervention de 1990 de Raymond Burlotte intitulée Le ciel est un être vivant… L’hypothèse Ouranos, sans en trouver le texte. Peut-être faut-il parler d’hypothèse Râ !