Tel est le titre du livre que je n’ai plus le droit de ne pas écrire dans les semaines qui arrivent (et avec l’aide de chacun d’entre vous). Quand une ultra minorité toujours plus étroite s’accapare le pouvoir et les privilèges au détriment de la majorité, les membres de cette majorité doivent apprendre à résister tout en travaillant à la construction d’une nouvelle société.

Née de la volonté ardente des hommes et des femmes de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée. Ce combat ne prendra pas fin à la Libération. Il est en lui-même le germe de la société future, en développe les mécanismes les plus élémentaires et les plus féconds.

Après un bref rappel de la situation inégalitaire extrême que nous vivons aujourd’hui, j’ai dans l’idée d’établir une sorte de check-list des choses que nous devrions faire pour ne pas tomber entre les mains de nos bourreaux, tout en préparant la reconstruction.

Je commencerai par rappeler mon théorème la liberté, c’est le lien. Par bien montrer que de nombreuses lois, type Hadopi, n’ont d’autre but que de réduire la fluidification, que de tenter de réduire la complexité, que de redonner les moyens du contrôle à la minorité…

Finance : que faire du peu d’argent qui nous reste et comment donner à chacun le droit à la création monétaire (jeudi j’ai entendu ce cancre de Guy Millière déclamer que seules les banques centrales avaient le droit de créer de la monnaie – j’ai été le seul à réagir dans le petit auditoire). Depuis que nous savons qu’une minorité s’est arrogé le droit de créer de l’argent pendant que la majorité besogne, nous nous trouvons dans la même situation que les esclaves au temps de l’esclavage.

Internet : comment échapper à la volonté centralisatrice, comment rester fluide, quels outils développer de toute urgence. Nous disposons d’un merveilleux outil d’émancipation, mais quelques acteurs tentent de nous en priver insidieusement, sous prétexte de nous offrir des services gratuits (le 2.0 ne vous rappelle pas l’opium du peuple ?).

Information : comment ne pas subir l’endoctrinement constant professé par l’ultra minorité. Vous savez cette histoire de temps de cerveau disponible. Nous avons mieux à faire de nos neurones.

Alimentation et énergie : comment reconstruire ses sources d’approvisionnements et comment se rendre indépendant de la grande distribution.

Santé, éducation, culture, technologie… tout doit y passer, dans tous les domaines il faut créer des liens pour mieux résister et mieux reconstruire.

Il ne s’agit pas d’écrire un manuel de décroissance, mais, au contraire, un manuel pour passer de la société de la rareté (qui dit rareté dit contrôle) à la société de l’abondance. Il ne s’agit pas de se terrer, mais de savonner la planche sous les pieds de l’ultra minorité, la priver de ses moyens de contrôle (nous en avons encore les moyens – et nos armes sont subversives). Il s’agit de critiquer pour bâtir, de bâtir en critiquant…

La meilleure dénonciation est l’action positive. C’est une forme de non-violence quoique refuser d’entrer dans le jeu de l’ultra minorité, c’est se montrer violent avec elle autant qu’elle se montre violente avec nous.

Créer c’est résister, résister c’est créer.

Contrairement au Programme du Conseil National de la Résistance dont j’ai plus haut réécrit le premier paragraphe, ce texte ne se divisera pas en deux parties.

  1. Plan d’action immédiate.
  2. Mesures à appliquer dès la libération.

Il me semble que le plan d’action doit n’être que la mise en œuvre des principes capables d’animer une société plus harmonieuse. Si on use des armes de l’ennemi pour chasser l’ennemi, on reconstruit après son départ le système qu’il aurait lui-même bâti. Voilà pourquoi le mot révolution doit être banni. Il n’est pas question de couper quelques têtes et de revenir au point de départ. Nous devons imaginer une société capable d’assumer sa propre complexité.

Mon ambition serait de réécrire le programme de 1944. Nous disposons justement aujourd’hui des grandes idées pour repartir en avant contrairement à ce que suppose Jean-Luc Porquet. Il est temps de se mettre au travail et de cesser de pleurnicher.

PS : En août, je serai à Ouessant pour le festival du livre insulaire. Le concours de nouvelles organisé à cette occasion propose comme scénario « Le Gouverneur décida d’installer cinquante nouvelles familles sur une île de Bretagne. Un an après… » Je me suis alors dit que j’allais écrire vingt, trente nouvelles… plus peut-être où chaque fois les colons mettent en œuvre un système politique différent pour que chaque fois cela se termine mal. Manière ludique d’inventorier les possibilités et d’exprimer l’idée que le système idéal n’existe pas. Ces projets doivent aussi beaucoup à quelques longues conversations avec Ayerdhal notamment.