Écriture virale nous propose une belle réflexion sur l’art d’écrire sur le Web. J’ai pris pour habitude de prendre à contre-pied chacun des conseils évoqués.

J’ai quatre principes :

  1. Je rêve de provoquer mille idées dans la tête de mon lecteur, de déclencher en lui une euphorie qui le détourne du texte et le plonge dans sa propre réflexion. Je n’apprécie que les textes qui ont cet effet sur moi, les autres m’endorment et me font cesser de lire.
  2. Je ne cherche jamais à prendre le lecteur par la main, mais me laisse aller d’idée en idée, presque aléatoirement, sans aucune préméditation… Si je savais avant d’écrire ce que j’allais écrire, je n’écrirais pas (par exemple, je n’avais pas prévu cette dernière phrase).
  3. J’espère que le lecteur ne sera pas d’accords avec moi et qu’il me critiquera, que nous pourrons un peu nous fritter… J’aime le débat et la provocation.
  4. Si mon lecteur ne se met à réfléchir qu’à la fin de mon texte, je suppose qu’il s’est royalement emmerdé tout au long de la lecture. Je déteste l’immersion totale à laquelle aspirent certains lecteurs. Lire, c’est vivre, pas s’oublier.

Capturer l’attention dès le début. J’essaie souvent de commencer par une belle provocation qui fait réfléchir. Merde, ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Mais plutôt promettre et mystifier… Non merci. Droit au but. Je plante mon poignard jusqu’à la garde.

Sur le Web, un texte de longueur idéale ferait environ 1 000 mots. Pas de chance. Mon texte le plus lu c’est dernières semaines en fait 3600 !

Voyons voir les autres conseils.

  1. Préférer les émotions à la neutralité… j’ai tendance à éviter ces deux étranges machins, avec une propension aux idées abstraites. Et je ne prends jamais le lecteur par la main (même si on m’a appris à le faire quand j’étais journaliste). Mon lecteur est assez grand pour se débrouiller seul.
  2. Le premier paragraphe devrait résumer le problème à résoudre. Mince. Quand je commence à écrire, j’ai bien une idée, mais je ne sais pas où elle me mènera. L’écriture est une aventure à partager, pas un moyen de communiquer.
  3. La cohérence des paragraphes. Je m’y efforce, au moins pour m’y retrouver moi-même. Mais veiller à maintenir le mystère, non… les déviations, les dérives et les impasses me passionnent.
  4. Créer l’attente à chaque paragraphe… J’attends de savoir ce que mon cerveau va trouver à dire au paragraphe suivant. Je me dis que si je ne sais pas ce que je vais écrire, j’ai plus de chances de surprendre que si je sais exactement où je vais en provoquant des effets.
  5. L’intrigue… J’ai trop aimé lire le nouveau roman pour m’attacher à cette béquille. Si peu de gens lisent, autant écrire à leur cerveau plutôt que de traiter les derniers lecteurs de textes longs comme des débiles.

Je suis mal parti dans la vie. Pas étonnant que je ne sois pas plus lu. Mais franchement, vous y croyez vous aux règles ? Je crois qu’il n’en existe qu’une : les règles n’existent pas. Malheur : ce nouveau texte fait tout juste 700 mots, il en manque 300. Personne ne s’en rendra compte, puisque personne ne le lira jusqu’au bout.