Avec François Bon, Ayerdhal, Lorenzo Soccavo, Clément Monjou…, je serai à Ouessant, du 17 au 22, août pour refaire le monde au cours du douzième festival du livre insulaire dans le cadre de Numer’île. Si vous êtes dans le coin, sautez jusqu’au bout du monde pour discuter avec nous.
J’espère que nous ferons jaillir de nouvelles idées et que nous envisagerons ensemble de nouveaux projets. Je me rends compte que nous parlons trop de technologie. Nous donnons l’impression d’être des mécaniciens de la première heure.
Quand des blogueurs ou des journalistes écrivent sur mes ebooks, c’est pour telle ou telle particularité technique, par exemple l’écriture sur Twitter ou la publication simultanée en plusieurs langues. Il est rare que les lecteurs s’expriment. Il existe une bonne dizaine de sites spécialisés dans le livre électronique, mais ils ne parlent presque jamais des œuvres elles-mêmes. Conséquence : le plus souvent, je lis avec ma liseuse des textes déjà imprimés en papier. En ce moment, Makers de Cory Doctorow.
Comme les mondes du livre traditionnel et du livre électronique s’ignorent encore trop souvent, ce qui est étrange pour les auteurs qui ont un pied des deux côtés de la frontière, il est urgent de bâtir un écosystème numérique avec auteurs et éditeurs bien sûr, c’est en cours, mais aussi avec des critiques, des prescripteurs, des prix littéraires et des festivals comme Numer’île.
Il faut que les livres uniquement publiés en ligne soient critiqués, descendus, encensés, que nous ayons envie de les télécharger et de les lire séance tenante. Les auteurs peuvent s’auto-congratuler, mais d’autres acteurs doivent entrer dans le circuit, des lecteurs !
Aujourd’hui, ils n’existent pas, ou je ne les connais pas. J’imagine peut-être naïvement que si des éditeurs comme publie.net diffusent des textes, c’est aussi pour leurs qualités. Pour ma part, j’estime par exemple que J’ai eu l’idée, version étendue en préparation, vaut les textes que j’ai publiés sur papier. Je ne vois pas pourquoi on ne parlerait pas du texte lui-même.
Est-on publié électroniquement seulement après avoir essuyé le refus d’éditeurs traditionnels ? Pas nécessairement. Je n’ai jamais soumis J’ai eu l’idée à aucun éditeur papier. Tous les auteurs devraient même choisir un nouveau circuit. Éditer électroniquement, puis passer au papier après un petit succès d’estime. Inutile de gaspiller du papier et d’aller grossir le flot des invendus destinés au pilonnage.
Il existera toutefois sans doute de plus en plus des textes qui se prêteront de moins en moins à l’impression. La stratégie du cyborg a même fait exploser SmashWords lorsque mon éditeur italien a voulu y diffuser le texte. La double structure de notes, quelque chose de lourd sur papier, n’a pas été du goût de la du convertisseur ePub vers PDF et autres formats (ne pensons même pas au papier).
Nous avons du pain sur la planche. La révolution débutera peut-être à Ouessant en 2010.